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21 / 12 / 2011 | 46 vues
Amine Moussaoui / Membre
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« Quelle formation demain ? » : l'AFPA présente le premier livre blanc prospectif sur la formation professionnelle

La crise économique change radicalement tous les domaines, y compris celui de la formation professionnelle. Il existe peu de secteurs qui concentrent en eux-mêmes autant d’enjeux : économiques, sociaux, entrepreneuriaux, managériaux. La dimension « RSE » et les nouvelles technologies affectent aussi directement le secteur de la formation professionnelle qui constitue l’un des plus grands marchés économiques français (11 milliards d’euros de CA) et qui concerne les 27 millions de personnes en âge de travailler. 

C’est pourquoi, à l’occasion d’un colloque organisé au CESE (Conseil économique, social et environnemental) le 15 décembre, sous la présidence de Jacques Delors, l’AFPA a présenté le premier livre blanc prospectif de la formation professionnelle, réalisé à partir d’une méthodologie unique : des formateurs, des stagiaires, des salariés et demandeurs d’emploi, les régions par les CESER, des entreprises, des acteurs de la formation ont été écoutés et auditionnés pour imaginer la formation de demain. 

Pour Philippe Caïla, directeur général de l’AFPA, « cette démarche repose sur l’idée que rien de convaincant ne peut être dit sur le système français de formation professionnelle, qui ne parte des constats et du vécu des acteurs de terrain ». Enfin, des neuroscientifiques, paléoanthropologues, spécialistes des réseaux sociaux ou encore des designers de l’École Nationale Supérieure de Création Industrielle sont également venus nourrir de leurs expériences cette réflexion sur la formation de demain. Prospectif et novateur par sa méthodologie, ce livre blanc entend rappeler que la richesse d’un pays réside toute entière dans sa force productive et son niveau de qualification.  

« Un des grands enseignements de ce livre blanc est sans doute la convergence des propositions de tous les acteurs pour prôner plus de concertation, plus de lisibilité et plus d’accompagnement, afin de rendre à la formation professionnelle son rôle indispensable dans la construction des parcours et des trajectoires individuelles, pour que la formation apparaisse comme une évidence et devienne une « hygiène professionnelle » », poursuit Philippe Caïla.

Pas un rapport, ni un diagnostic, le livre blanc « Quelle formation demain ? », initié par l’AFPA, appelle à une tripe révolution économique, pédagogique et culturelle. « Au-delà des hausses de productivité (…), la formation a des effets bénéfiques sur la collectivité dans son ensemble », explique Marc Ferracci, économiste et chercheur au CREST, rapporteur du livre blanc. « C’est l’absence de formation qui peut être socialement coûteuse et non l’action de formation elle-même. La valeur sociale de la formation est d’autant plus élevée que les individus formés sont, à la base, peu employables ». Reconnaître cette valeur invite à considérer le droit à la formation sous un angle nouveau.   

Vers un statut de l’actif


Tout d’abord, il s’agirait d’aller vers « un statut de l’actif » qui garantirait un droit à la formation indépendant de la situation de l’individu et fondé sur des critères permettant d’accroître l’équité du système (le niveau de formation initiale ou l’âge, par exemple). Cela implique de substituer une logique de parcours à la logique de statuts qui prévaut aujourd’hui. Celle-ci aurait le mérite de favoriser la liberté et la responsabilité des travailleurs vis-à-vis de leur propre parcours professionnel. Encore faut-il que les employeurs investissent dans les compétences de base (ou transversales) de leurs salariés. Accroître leur capital d’employabilité s’avère nécessaire pour favoriser et sécuriser leurs parcours, qui supposent souvent des mobilités externes à l’entreprise ou au secteur dont ils sont issus. 

Une révolution pédagogique en phase avec les mutations du marché du travail


Chaque année, en moyenne, 20 % de l’emploi total sont détruits et créés dans l’OCDE. Ces constats témoignent de la nécessité de s’adapter à la recomposition continuelle de l’emploi. Les emplois créés constituent autant d’opportunités pour les salariés et les demandeurs d’emploi, sous réserve que leurs compétences s’adaptent. Si les emplois créés le sont au sein d’une même branche d’activité, il convient plutôt d’investir sur l’actualisation des compétences des formateurs au regard de l’évolution technologique des métiers ; si les emplois se créent dans d’autres branches, il vaudra mieux renouveler l’offre de formation en l’adaptant à l’émergence des métiers nouveaux. « En tout état de cause, dans un environnement changeant, c’est l’innovation pédagogique qui devrait permettre de distinguer les prestataires de formation les plus efficaces », avance Marc Ferracci. Internet interroge évidemment les potentialités des nouvelles technologies : un moyen efficace pour répondre au défi de la « personnalisation de masse » des formations.

Rémunérer les prestataires selon l’impact des formations

On ne saurait répondre aux défis de notre système de formation sans en changer le modèle économique. Dans cette perspective, il est proposé d’envisager le principe d’une part variable dans la rémunération des opérateurs de formation. Elle serait déterminée avec les acheteurs de formation, sur la base de critères fluctuant selon les publics.

  • La formation réussie de publics en difficulté devrait ainsi donner lieu à une rémunération majorée, car leur insertion présente une valeur sociale importante. 

L’ADN formation

La confiance manque aux individus lorsqu’ils envisagent l’avenir professionnel que leur ouvre la démarche de formation. Réformer la formation des adultes, c’est aussi restaurer cette confiance en une formation, synonyme de progrès social. D’où une proposition visant à mettre en place un droit universel à la formation professionnelle, inversement proportionnel au niveau de formation initiale, permettant aux individus de se construire un « capital d’employabilité ». En accord avec nombre de ses contributeurs, le livre blanc décrit la formation comme un projet de civilisation qui inscrirait la démarche de former et de se former dans l’ADN des salariés comme dans celui des entreprises.

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ADN des salariés ? Livre Blanc auquel ont contribué des neuroscientifiques, paléoanthropologues, spécialistes des réseaux sociaux ou encore des designers ????? Sans doute doute y est-il aussi question de programmation neurolinguistique... Fichtre ! Heureusement les auteurs n'ont fait qu'imaginer... Ce dont a besoin l'entreprise, c'est plutôt de concret. Pas d'imaginaire ni de dérives sectaires.