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28 / 06 / 2025 | 13 vues
Valentin Rodriguez / Membre
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IndustriALL European Trade Union : un avenir à construire

Le 4ème congrès du géant syndical européen s’est tenu du 3 au 5 juin à Budapest (Hongrie), rassemblant sous le slogan « L’union des travailleurs pour un futur industriALL » plus de 500 syndicats venus de toute l’Europe. Le secrétaire fédéral Paul Ribeiro y portait la parole de notre Fédération, membre fondateur et pilier de l’organisation. Etait également présent Yann Perotte, secrétaire fédéral FO Chimie.

Industriall

Dire que les temps sont durs pour les salariés de l’industrie européenne tient de l’euphémisme. Il ne se passe pas une semaine sans qu'une restructuration, une fermeture ou une rupture sociale soit annoncée en Europe, avec des milliers de pertes d'emplois pour résultat, l’évaporation des compétences et la fragilisation de chaînes de valeur entières, avec à la clé la mise en place d’un cercle vicieux le risque d’encore plus de pertes d’emplois...
 

Et l’embellie n’est pas pour tout de suite : 25% des entreprises industrielles européennes devraient subir une restructuration majeure dans les prochains mois, selon industriALL European Trade Union, qui tenait son 4ème congrès en Hongrie du 3 au 5 juin.


Représentant 7 millions de travailleurs à travers 196 syndicats affiliés dans 39 pays, industriALL a donc fait de la préservation et de la reconstruction de la base industrielle du continent la priorité de son prochain mandat.

 

Pour l’organisation syndicale européenne, le diagnostic est clair.

 

Les salariés du continent font face à une tempête qui a surgi sur deux fronts : d’une part, celui liée aux défis climatiques et technologiques, et de l’autre celui qui découle des tensions géopolitiques, des nouveaux rapports de force et de la guerre commerciale entre blocs dans laquelle l’Europe peine à trouver sa place.

 

Face au puissant lobbying des entreprises, qui ont dépensé près de 343 millions d'euros l’an dernier auprès des institutions européennes, les syndicats sont bien seuls à défendre les intérêts des salariés, et leur unité apparaît plus que jamais comme la condition de leur efficacité. Le constat est assez similaire à l’examen du contexte politique que subissent beaucoup de salariés, en butte à des gouvernements qui excellent à opter pour de mauvaises décisions, comme l'austérité, la déréglementation et le démantèlement des mécanismes de protection sociale au nom de la compétitivité européenne.

 

Pas de transition juste sans justice sociale

 

L’intervention à la tribune de Paul Ribeiro a d’ailleurs bien illustré la situation et les risques encourus par l’industrie européenne. Prenant appui sur la crise qui frappe la sidérurgie, le secrétaire fédéral a déclaré que « FO Métaux exige que plus une seule tonne d’acier sale, antisociale et anti-démocratique ne soit importée dans l’UE. Car cet acier est produit au mépris des droits sociaux, de l’environnement et de la démocratie. Nous disons stop à la fermeture programmée de nos dernières installations de hauts-fourneaux, en France et en Europe. Nous disons non à la disparition des compétences, des emplois, des territoires. »


Il a rappelé la revendication de notre organisation quant à un moratoire qui doit être mis en place immédiatement sur toute fermeture ou restructuration dans la sidérurgie européenne. « Il n’y aura pas de transition écologique sans sidérurgie européenne, ni de pacte vert sans pacte industriel, et pas de transition juste sans justice sociale » a-t-il martelé.

 

Alors que s’accélère la désindustrialisation de l’Europe et que la démocratie prend une trajectoire inquiétante, il a réaffirmé sa confiance dans l’action syndicale pour défendre l’industrie et les salariés, appelant à ne pas laisser détruire ce qui fait notre force : le travail, la compétence, la solidarité.

 

Un plan d’action

 

Aujourd’hui, les conséquences de ces politiques, la flambée des prix de l’énergie et l’instabilité mondiale fragilisent nos économies.


Alors que les inégalités se creusent et que monte l’insécurité sur le marché du travail, « seules des industries durables offrant des emplois de qualité peuvent garantir la prospérité pour tous » ont considéré les congressistes au moment de définir les grands axes du plan stratégique d’action 2025‑2029, au nombre de quatre, afin de parvenir à une « transition juste et maîtrisée ».

 

En premier lieu, il s’agit de défendre une politique industrielle européenne coordonnée, appuyée par des investissements ambitieux, respectant l’autonomie stratégique des pays tout en favorisant une cohésion régionale.

 

Ensuite, il est impératif de rendre toute sa force à la négociation collective, en particulier pour obtenir des avancées sur la question salariale et sur les conditions de travail.

 

Le troisième axe vise à promouvoir la solidarité et la paix en réaction aux crises mondiales par une réponse syndicale européenne intégrée mais aussi la lutte contre les effets des crises sur les droits sociaux, sans oublier la défense de la démocratie en cette période de radicalisation politique.

 

La tenue de ce congrès dans un pays où la démocratie et le syndicalisme sont devenus des espèces menacées, mais aussi la présence de la délégation ukrainienne, constituaient d’ailleurs des symboles qui n’ont échappé à personne.

 

Atteindre ces objectifs exigeants ne pourra se faire que par la mise en place d’un nouvel agenda syndical commun, qui constitue le quatrième et dernier axe du plan.

 

Face à la décrue des effectifs et aux délocalisations industrielles qui freine la relance du syndicalisme, inverser la tendance et rebondir est devenu une question de survie.

 

Hors de question de se contenter de représenter une minorité de salariés : il faut se battre pour organiser la majorité. Pour cela, il faut moderniser les structures et le discours, faire une plus grande place aux jeunes, mutualiser les savoir-faire, renforcer les alliances  et intensifier la coordination avec IndustriALL Global Union et d’autres fédérations pour peser davantage à l’échelle mondiale.

 

Le plan d’action et la résolution ont été complétés par plusieurs motions, qui ont portées sur des sujets aussi diversifiés que la situation à Gaza, la défense des droits et principes démocratiques fondamentaux, la solidarité avec les personnes LGBTI+ en Hongrie, l'urgence d'un plan d'action pour des emplois industriels de qualité et une réindustrialisation forte et ambitieuse ou les relations transatlantiques.

 

Pour mener à bien son programme de défense de l’industrie et de ses salariés, l’institution a renouvelé ses instances, réélisant Michael Vassiliadis comme président et Isabelle Barthès comme secrétaire générale adjointe, et confirmant Judith Kirton-Darling (qui avait succédé à Luc Triangle en février 2024) comme secrétaire général de l’organisation.


Ne cachant pas que les mois à venir seront décisifs pour les travailleurs européens, ils ont délivré un message clair à l’issue du congrès : « il est temps d'envoyer un signal plus fort et de constituer une contre-force plus puissante avec nos membres, nos militants, les syndicats des États membres et notre fédération européenne, industriALL Europe. » 

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