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26 / 12 / 2023 | 182 vues
Alain ANDRE / Abonné
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Et si on causait… du rachat de GE Steam Power par EDF ? Un projet à la rentabilité incertaine dans un contexte géopolitique explosif

La reprise des turbines Arabelle par EDF est digne d’une série Netflix : suspens, trahison, naïveté, espionnage, le tout sur fond de conflit russo-ukrainien et de sanctions américaines à venir… EDF va encore devoir payer les pots cassés.

L’Élysée à la manœuvre…

Pour bien comprendre les tenants et aboutissants de l’affaire, revenons en 2021. Jean-Bernard Levy, PDG d’EDF, affirmait alors que posséder son propre fabricant de turbines pour un marchand de centrales nucléaires, c’était se priver de concurrents pour notre parc comme Siemens ou Mitsubishi.
 

Position d’autant plus compréhensible que la dette d’EDF commençait déjà à peser lourdement sur les comptes de l’entreprise…
 

L’Élysée « gêné aux entournures » sur le dossier GE Steam Power…

D’abord, parce que la tête de l’Élysée fut, en 2014- 2015, un des artisans de la cession des activités nucléaires d’Alstom à General Electric. Cession qui fit l’objet d’enquêtes journalistiques fouillées dans Le Monde, Médiapart ou Marianne et qui fut également l’objet d’une commission d’enquête parlementaire qui a conclu à « un contournement de la procédure de contrôle des investissements étrangers » ou un possible « pacte de corruption »

 

Notre organisation syndicale a alerté sur tous les risques financiers, économiques, industriels et sociaux

 

Mais – ô surprise - la direction d’EDF revenait, moins d’un an après, devant les représentants du personnel pour affirmer qu’intégrer l’activité de fabrication de turbines était désormais stratégique et incontournable pour atteindre nos objectifs Cap 2030 !

L’Élysée avait réussi finalement à convaincre l’entreprise du bien fondé stratégique de l’acquisition.

 

Les quelques points positifs de ce projet
 

Notre fédération considère que le retour sous pavillon français de la fabrication de turbines Arabelle est un enjeu de souveraineté nationale. Par ailleurs, cela permet de garder les emplois de GE Steam Power, de maintenir les compétences techniques en France et de sécuriser un fournisseur qui ne fera pas défaut, ce qui est une bonne chose.


Pour autant, le gouvernement a le don de mettre EDF dans une situation financière impossible. L’entreprise est dans l’obligation de racheter GE Steam Power dans un contexte géopolitique et financier défavorable. Ce qui expliquerait d’ailleurs pourquoi il n’y a aucun autre acheteur potentiel…

 

1,2 milliard dans une acquisition plus que risquée…

 

Dès 2022, notre fédération  a alerté sur tous les risques financiers, économiques, industriels et sociaux du dossier qui étaient multiples et laissaient présager un « arrimage » au Groupe EDF des plus complexe. Mais, nos alertes ont été ignorées pour se lancer dans une fuite en avant tandis que la guerre en Ukraine s’intensifiait…


Nous avons réitéré nos alertes en mars 2023 en remettant en question la rentabilité du projet, son prix de vente excessif, les parades juridiques insuffisantes au regard de tous les risques financiers encourus et – déjà – nous questionnions la direction d’EDF sur les possibles sanctions américaines

 

Le rachat de GEAST pose problème. D’abord, en matière de valorisation. L’entreprise, compte tenu du nouveau contexte géopolitique, ne vaut plus le même prix »

 

Le journal « Marianne » précise dans son article du 4 décembre 2023 « le risque est qu’en vertu de l’extraterritorialité du droit américain, toute opération commerciale avec Rosatom (entreprise russe) fasse l’objet d’une procédure qui débouche sur un procès aux États-Unis, avec une condamnation à la clé » dans le cadre des mesures de rétorsion contre la Russie en raison de son invasion en Ukraine. Malgré tout, EDF au pied du mur par l’exécutif, n’a plus d’autres choix que de continuer cette opération

 

Un « NO GO » momentané même si EDF reste « très confiant » sur le closing du projet

 

Tout est prêt en interne pour « l’arrimage » de GE Steam Power, devenue « Arabelles Solutions » au Groupe EDF au 1er décembre.

Pourtant, dans le même article de « Marianne » il nous est dit que « Dès lors, le rachat de GEAST pose problème.

D’abord, en matière de valorisation.

L’entreprise, compte tenu du nouveau contexte géopolitique, ne vaut plus le même prix.

 

Certes, il semblerait que l’on soit à la recherche d’un compromis par lequel les autorités américaines fermeraient les yeux sur l’exportation des huit turbines Arabelle de Rosatom en commande et que les sanctions ne s’appliqueraient que pour de nouveaux contrats. Mais peut-on faire confiance aux Américains qui sont passés maîtres dans l’art de ne pas tenir leurs engagements. Ce que l’administration Biden peut signer aujourd’hui, une autre administration, dans un an, peut le défaire. »

 

L’autorisation américaine nous fait toujours défaut ce qui suspend momentanément la clôture de l’affaire. Mais la direction d’EDF se dit très confiante sur un dénouement rapide du dossier…

 

La question à ce jour est de savoir si EDF va renégocier le prix et prendre la décision de risquer des sanctions financières qui compromettraient totalement la rentabilité d’un projet déjà très complexe et risqué.

Encore une fois, il semblerait que les enjeux politiques prennent le pas sur les enjeux industriels et financiers…

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