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11 / 07 / 2011 | 286 vues
Eric Demonfort / Membre
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Hélios à Bercy : retour sur 10 ans d'un projet informatique révolutionnaire

Helios, le nouveau progiciel de gestion des comptabilités des collectivités locales au sein de la DGFIP (Direction générale des finances publiques) de Bercy, concerne 2 069 postes comptables, 13 368 utilisateurs et 123 112 «budgets collectivités».

La gestation et le déploiement d’Hélios se sont étalés chacun sur cinq ans. Il aura donc fallu près de dix ans pour parvenir à réaliser ce projet ambitieux et complexe.

  • Le passage à Hélios supposait préalablement la mise à niveau dans la pratique des outils bureautiques et la diffusion d’un substrat informatique que beaucoup d’utilisateurs ne possédaient pas. En ce sens, bien au-delà d’une adaptation technique, le projet Hélios constitue une véritable révolution culturelle du réseau.


L’Association des comptables publics avait approuvé la démarche et certains de ses membres s’étaient fortement impliqués dans le projet. Elle exprimait cependant des réserves sur l’intérêt d’avoir la même application pour gérer la ville de Paris et un village de cent âmes.

En octobre 2006, elle avait marqué son mécontentement à l’occasion de son assemblée générale face aux difficultés rencontrées par les premiers postes utilisateurs. Ils perdaient pied, les comptables étaient exaspérés par les pertes de temps dues aux innombrables anomalies et au manque de fiabilité. Au milieu du gué, c’est le regretté Alain Foucret qui a pris les rênes de la mission Hélios. Sa première décision, fondatrice et salvatrice, a été de mettre l’utilisateur au premier rang des priorités, ce que demandait l’ACP. Après une période de stabilisation et de fiabilisation de l’application, il a été possible de reprendre le développement des fonctionnalités et d’engager une amélioration de l’ergonomie tant décriée.

Après un tour d’horizon des nouveautés apportées par l’application, j’examinerai les conséquences d’Hélios sur le fonctionnement quotidien des trésoreries et de leurs interlocuteurs que sont les ordonnateurs et les services centralisateurs.

  • Contrairement à l’affirmation initiale, trop souvent avancée avant le déploiement d’Hélios, l’outil n’est pas neutre. Ses principes de fonctionnement sont fortement structurants, tant en matière organisationnelle que de gestion du personnel.
La preuve en est, la DGFiP a dû diffuser fin 2010 un « guide de l’organisation et du pilotage d’une trésorerie en secteur public local » pour tirer le meilleur parti des potentiels d’Hélios et de Delphes (application de pilotage du réseau de la DGFiP).

 

Les apports d’Hélios

Ambitieux par son universalité : le nouveau progiciel est destiné à remplacer les multiples applications développées depuis le début des années 1970, pour les plus anciennes. Leur conception était dépassée sur l’aspect ergonomique et insuffisante au regard des nouvelles exigences de qualité et de fiabilité.

Du point de vue de la sécurité physique et comptable, d’abord. Certaines applications étaient gérées au niveau des trésoreries et les procédures de sauvegardes présentaient des failles importantes. Les multiples ruptures dans l’enchaînement des tâches autorisaient des pratiques ignorant certaines règles de sécurité et parfois la réglementation.

Sous l’angle de la fiabilité et de l’homogénéité des procédures comptables, ensuite. Les comptes pouvaient enregistrer des opérations sans vérification de cohérence ou de respect des textes. Il était facile de transgresser les règles d’emploi des comptes de tiers et les schémas d’écritures prévus par les instructions comptables. Ce manque d’homogénéité était naturellement préjudiciable à une analyse et à la comparaison des comptes à l’échelle régionale ou nationale. L’ambition du projet était de garantir une juste utilisation des comptes et des schémas comptables en les automatisant et en érigeant de nombreux garde-fous interdisant la violation des instructions. L’objectif d’homogénéité visait aussi à fournir aux ordonnateurs un service minimal commun.

Les applicatifs bureautiques « maison » développés ici et là pour pallier les insuffisances des anciennes applications comptables sont, pour la plupart, devenus inutiles. Ils constituaient souvent une fragilité dans la maîtrise des risques.

La complexité découle de la volonté d’envisager dans une même application la variété considérable des postes comptables (mixtes, ruraux à nombreux budgets, urbains spécialisés, et toutes les situations intermédiaires), par la nature et les compétences des collectivités gérées, par leur mode de gestion et les situations rencontrées.

  • La principale nouveauté pour l’utilisateur fut la navigation dans un environnement de type « web » qui ne connaît que la souris comme vecteur. Cette nouveauté qui semble aujourd’hui anecdotique n’en fut pas moins perturbatrice pour nombre d’utilisateurs habitués aux menus arborescents numériques ou alphabétiques. De plus, ils durent assimiler de nouveaux éléments de langage que je doterai de guillemets dans les développements qui suivent (« bannette », « corrélation », « consolidation », « référentiel »…).

Une base documentaire en ligne très complète est immédiatement accessible par l’utilisateur. Elle est constituée d’un guide et de fiches pratiques envisageant chaque opération sous les aspects réglementaires, techniques et de maîtrise des risques. Un tableau « note de version » actualisé précise les nouveautés ou difficultés de chaque nouvelle version.

Enfin, un onglet « favoris » permet à chaque utilisateur de paramétrer les raccourcis vers les menus qu’il utilise le plus fréquemment pour gagner en rapidité d’accès.

Les fonctionnalités couvrent presque tous les « métiers » du secteur public local et sont entièrement intégrées. Parmi les principales fonctionnalités on retiendra les suivantes...

L’onglet « métier » donne accès aux différents modules de gestion par thèmes : budget, cession-opposition, comptabilité, compte de gestion, dépense, émargement, emprunts, hébergés, immobilisations, marché, recette, recouvrement et régie. Chacun d’eux est ensuite subdivisé entre plusieurs fonctions de gestion et de consultation.

L’onglet « référentiel » ouvre sur le module de gestion des « tiers », des conventions passées par chaque collectivité et des nomenclatures comptables. Le référentiel tiers est l’élément central d’Hélios. D’une part il est alimenté par tous les autres modules d’Hélios et, d’autre part, il leur sert de base d’information car toutes les opérations sont rattachées à un « tiers ». Ces derniers sont, par exemple, les débiteurs, les créanciers, les interlocuteurs des collectivités, les huissiers ou les régisseurs. Chacun est identifié de manière précise et normalisée. Des messages d’anomalies plus ou moins contraignants obligent l’opérateur à respecter des règles de complétude et de cohérence des informations.

L’onglet « paramétrage » est constitué de onze sous-menus, ce qui traduit bien la complexité de réglage. Tous les domaines d’activité doivent être adaptés aux caractéristiques du poste et des collectivités gérées. Le chef de poste peut y programmer le plan de contrôle hiérarchisé de la dépense, les règles de gestion des flux de l’ordonnateur, affecter les agents en groupes de travail.


Perturbation des habitudes de travail

Hélios introduit de nouveaux principes qui ont fortement perturbé les habitudes de travail des postes comptables.

Le premier élément perturbateur tient au fait que l’utilisateur ne passe plus d’opérations en débits et crédits mais gère des occurrences. En fonction des situations sélectionnées dans des menus déroulants, c’est « le moteur de comptabilisation » qui détermine les comptes utilisés et leur sens. Les schémas comptables automatisés laissent donc peu d’initiative à l’agent qui peut avoir l’impression de perdre la maîtrise de ses opérations. Dans un premier temps le fait de ne plus choisir directement les comptes produit souvent des surprises. Il s’avère donc nécessaire de vérifier fréquemment la traduction comptable donnée par l’application au choix opéré par une consultation des comptes a posteriori.

La notion de typage des pièces est également nouvelle. Elle consiste à apporter une subdivision par familles d’opérations pour une même catégorie de pièces. Ainsi l’application distingue les mandats typés « ordinaire », « payé avant mandatement », « opération d’ordre budgétaire », « opération d’ordre mixte », « rattachement » etc. Ces subtilités sont néanmoins importantes parce qu’elles déterminent des schémas comptables spécifiques. La difficulté provient du fait qu’elles sont souvent ignorées ou mal maîtrisées des services ordonnateurs. Les flux informatiques qu’ils génèrent étant erronés, Hélios impose de les rectifier, opération inconnue dans les applications précédentes et donc considérée comme pesante.

  • À terme, il est à craindre que l’automatisation conduise à une perte du sens comptable des agents ne traitant que des opérations de base. En revanche, les utilisateurs dotés des profils « comptable » ou « expert comptabilité » doivent disposer d’une solide formation comptable doublée d’une grande connaissance technique leur permettant de dénouer la complexité des situations liées au typage des pièces et à la gestion des émargements qui n’existaient pas toujours dans les anciennes applications.

La gestion des « tiers » est centralisée en un module unique alimenté par tous les autres (dépense, recette, hébergés, marchés, poursuites). Il est possible de créer de nouveaux « tiers », de les fusionner (« consolidation ») et de les certifier (« sécurisation ») de manière à en limiter le nombre et obtenir un compte unique. Cette démarche, permanente dans toutes les applications de la DGFiP, est particulièrement difficile à mettre en œuvre dans le secteur public local en raison de la multitude de collectivités, voire de services à l’intérieur d’une même collectivité. La diversité des objectifs, des modes de gestion, des outils informatiques, des organisations confluent vers un seul réceptacle : Hélios. Sans une démarche de rationalisation des bases de tiers chez l’ordonnateur, le poste est voué à un travail de Sisyphe. Il faut sans cesse procéder à des « consolidations » très contraignantes et souvent jugées d’une efficacité limitée dans le domaine de la dépense. Si on peut facilement comprendre l’intérêt de regrouper l’ensemble des dettes d’un débiteur sous un même compte pour en faciliter la lisibilité et l’efficacité des poursuites, ces considérations ne jouent pas en matière de paiement. Quant à l’intérêt d’avoir une base propre, il est souvent considéré à tort comme secondaire par rapport aux objectifs immédiats de prise en charge, de recouvrement et de paiement rapide.


Nouvelle organisation du travail


Le passage à Hélios a été dans de nombreux postes l’occasion d’une réflexion générale sur l’organisation des chaînes de travail.

Hélios a été conçu autour du protocole d’échange standard, le PES. Pour assurer la continuité des échanges dans l’attente de la mise à jour des systèmes ordonnateurs, l'exploitation des protocoles antérieurs a été maintenue, ce qui a compliqué les tâches d’exploitation par les techniciens et de gestion par comptable.

  • La spécialisation des agents par domaine est vite apparue nécessaire en raison de la complexité et de la variété des opérations. Chaque agent ou cellule spécialisée en recettes, dépenses ou comptabilité peut plus facilement appréhender toutes les subtilités de son domaine de compétence. Cette évidence se heurte malheureusement au nombre d’agents affectés au secteur public local dans le poste. Plus il est faible, plus les agents doivent assimiler un nombre important de procédures. C’est pourquoi il est préférable d’éviter la gestion par portefeuilles consistant à confier l’ensemble de la gestion d’un groupe de collectivités à une seule personne. Ce type d’organisation conduit, en effet, à n’avoir que des généralistes qui atteindront plus difficilement le niveau d’expertise propre à dénouer les opérations complexes.

La définition de profils de compétences et de groupes de travail est destinée à sécuriser les opérations. La séparation des tâches étant le premier principe du contrôle interne, aucun agent ne peut traiter une chaîne complète d’opérations : celui qui a contrôlé le mandat ou qui a rectifié les références bancaires du tiers ne peut le mettre en paiement. De même, celui qui constate un excédent de versement ne pourra le rembourser.

Cette décomposition des tâches contraint à revoir l’organisation des chaînes de travail et parfois tout simplement à prendre conscience des risques non anticipés dans l’organisation précédente.

Le principe est cependant parfois difficile à mettre en œuvre. D’une part, nombre d’opérations sont à la croisée de divers profils ; d’autre part, il faut bien constater qu’une marge d’improvisation est nécessaire pour faire face aux absences inopinées, même lorsque les chaînes de remplacement sont bien anticipées dans l’organigramme. Il faut également permettre une mobilité interne pour parer ponctuellement à des surcharges sectorielles. Parfois, c’est la configuration des locaux qui se prête mal au découpage selon les « métiers » d’Hélios. Or, la modification de profils n’est pas immédiate (prise en compte par l’application après plusieurs jours). Parfois, le chef de poste doit gérer les frustrations d’agents qui ont l’impression d’être déqualifiés ou de subir un manque de confiance. Enfin, la procédure de modification est lourde. Très rapidement on constate qu’appliquer ce principe, séduisant en théorie, à des postes de petite ou moyenne importance conduit à leur blocage. Que dire, alors, des postes dans lesquels une seule personne est affectée au secteur public local ?

  • De nouveaux « métiers » sont apparus : le premier, gestionnaire des flux, consiste à s’assurer de l’arrivée et de la concordance des documents « papier » avec les données informatiques transmises par les ordonnateurs. Il doit aussi veiller à apurer le stock, corriger les anomalies de flux détectées et relancer les services de l’ordonnateur lorsque les documents papier tardent à arriver.

Le second consiste à gérer le référentiel de la base des « tiers » dont nous avons déjà vu l’importance. Il faut éviter la prolifération des doublons et s’assurer de la fiabilité des données en procédant régulièrement à la fusion des « tiers » correspondant à une même personne (« consolidation ») et à sa certification (« sécurisation ») pour tendre vers la constitution du compte unique. Ce travail, ingrat, mais nécessaire, facilitera le passage au protocole d’échange standard version 2, plus communément dénommé « PES v2 ». Dans l’immédiat il permet de gagner en temps et en efficacité dans les poursuites. Tous les postes n’ont pas encore mesuré l’importance de ce travail en amont pour fluidifier les travaux d’encaissement, de relances, de poursuites…

Ces deux nouveaux métiers ne sont vraisemblablement pas reconnus dans la charge de travail des postes à leur juste valeur.

Le système des éditions repose sur la distinction entre les « éditions locales » et les « éditions centrales».

Les « éditions locales » peuvent être consultées et, si besoin, imprimées dans le poste. Elles ne sont toutefois pas toutes immédiatement disponibles, ce qui nécessite une anticipation des besoins. Un travail de priorisation a heureusement permis de hiérarchiser certaines éditions pour distinguer celles qui ne devaient souffrir d’aucune attente de celles qui peuvent être différées de quelques dizaines de minutes à quelques heures.

Les « éditions centrales », sont imprimées par un centre national d’édition, puis transmises en masse au poste ou adressées directement aux débiteurs (lettres de rappel et commandements uniquement). Ce système permet de rationaliser la gestion des moyens d’impression. Il pose cependant des difficultés de rapidité de traitement, notamment dans le domaine du recouvrement. Ainsi une opposition à tiers détenteur demandée au jour J pourra dans certains cas ne parvenir dans le poste qu’à J+15. La possibilité d’édition en mode local permettrait de pallier cet inconvénient.

C’est vraisemblablement dans le domaine de la dépense que la refonte des méthodes a été la plus profonde.

Outre le système du « prévisa » que nous verrons plus tard et qui vaut tant en dépense qu’en recette, l’apport d’Hélios a consisté principalement en une intégration de l’ensemble de la chaîne de la dépense. Alors que les opérations de visa, de prise en charge et de paiement, de suivi des marchés, des emprunts et de l’actif étaient précédemment scindées dans de multiples applications ou suivies manuellement, désormais elles s’enchaînent dans Hélios.

Le module contrôle hiérarchisé de la dépense constitue une aide indéniable à la sélection des mandats à vérifier de manière approfondie. Son paramétrage est relativement simple grâce à une vaste gamme de critères, de seuils et de modes de visa et permet au comptable d’organiser le travail de son équipe. Désormais obligatoire pour les collectivités dépassant un certain seuil de dépenses, ce module permet de gagner en efficacité conformément à l’esprit de ses initiateurs (viser moins mais viser mieux). Il pâtit cependant de l’absence d’un marquage en série des mandats du résultat de leur visa. L’ergonomie doit encore progresser pour limiter le nombre de « clics » et améliorer l’accès rapide aux mandats sélectionnés par l’application.

Le module inventaire, permet d’assurer une stricte cohérence des « fiches » d’immobilisations avec les comptes d’actif. Grâce à l’effort réalisé pour mettre à niveau les états d’actifs avant le passage à Hélios et à la création automatique par Hélios des fiches lors de la prise en charge des mandats, on peut affirmer que l’application a fortement contribué à la démarche de fiabilisation et d’exhaustivité du haut de bilan. Il faut cependant noter la lourdeur du module qui conduit encore de nombreux postes gérant de grosses collectivités à ne pas l’utiliser totalement.

La gestion des emprunts bénéficiait déjà d’une application (OPALE) qui, bien que perfectible, apportait un confort de travail certain et des traitements intéressant pour une analyse de la dette. On peut dès lors s’interroger sur l’intérêt de tenir dans Hélios un état de la dette qui fait double emploi et n’apporte aucune plus-value. Le réseau attend maintenant qu’une décision soit enfin prise, soit pour améliorer le module intégré d’Hélios, soit pour créer une passerelle avec OPALE.

La gestion des ordres de paiement est quelque peu déroutante de prime abord. En effet, c’est la mise en paiement de la dépense qui entraîne sa création et donc son existence. Contrairement à toute logique et toute la culture précédente qui ne permettaient de payer un ordre de paiement qu’après signature du comptable, désormais celui-ci est mis devant le fait accompli puisqu’il signe, simplement pour régularisation, une dépense déjà payée.

Il est à regretter que, faute d’un module intégré dans Hélios, il soit encore nécessaire de maintenir des logiciels annexes pour suivi des « valeurs inactives »(comptabilité des tickets des régies, titres, dépôts des hébergés etc …).

Hélios comporte des apports appréciables pour le pilotage mais ce dernier reste perfectible

Hélios est un outil offrant une grande latitude de paramétrage par le chef de poste et une meilleure connaissance de la situation du poste. Les contrôles garantissent un meilleur respect des instructions. Cependant le pilotage et certains contrôles internes sont difficiles à mettre en œuvre.

Tout d’abord, nous l’avons déjà vu, la définition de « profils d’utilisateurs » est une sécurité, à condition toutefois de faire coïncider l’organisation du poste avec les « métiers » définis par Hélios. Ensuite, le chef de poste peut, soit se fier aux paramétrages nationaux par défaut, soit paramétrer chaque domaine de compétence au niveau du poste ou de chaque collectivité en fonction de ses spécificités. Il définit, par exemple, le rythme d’envoi des lettres de rappel et des commandements et établit le calendrier des poursuites.

Hélios a apporté une nette amélioration dans la connaissance de la situation du poste grâce à la « bannette » qui récapitule l’ensemble des opérations en instance : bordereaux de titres, rôles, bordereaux de mandats, documents budgétaires, encaissements transmis par les centres d’encaissement et par les organismes tiers payants etc…

Les contrôles de « prévisa » détectent des anomalies dont l’importance est graduée (de «non bloquantes » à « bloquantes non forçables »). Elles garantissent au chef de poste que les agents respectent les schémas comptables en fonction du paramétrage du type des pièces et de la nature des opérations. Les alertes générées automatiquement en fonction des caractéristiques des pièces attirent l’attention des utilisateurs sur les risques ou anomalies avérés. Le système est certes intéressant et constitue une aide appréciable mais il porte souvent sur des aspects formels et s’avère très contraignant. Il ralentit la productivité car il oblige à consulter tous les messages, parfois injustifiés. L’abondance de messages complique parfois l’exploitation d’anomalies importantes tel qu’un dépassement de crédits engageant la responsabilité personnelle et pécuniaire du comptable. Il conviendrait par conséquent de prioriser les observations de manière à ce qu’une alerte significative ne soit pas noyée dans de nombreux messages insignifiants, non pertinents ou sibyllins.

Des contrôles comptables automatisés (CCA) lancés à la demande sont une aide appréciable pour le comptable. En quelques minutes, il peut visualiser les erreurs détectées par un balayage intégral des comptes, travail qui s’avérait autrefois long et périlleux. Les contrôles budgétaires sont générés systématiquement après prises en charge de décisions budgétaires. Le caractère abscons de certains messages et leur nombre rendent cependant leur exploitation délicate. De plus, pour les postes gérant de très nombreux budgets, l’exploitation des CCA, qui relève de l’expertise et qui repose souvent sur le chef de poste, devient très prenante.

Le module intégré du contrôle hiérarchisé de la dépense (C.H.D.) est facile à paramétrer et relativement simple d’utilisation, même si les utilisateurs se plaignent du nombre de « clics » de souris à opérer. Certes, l’ergonomie est perfectible, mais les restitutions statistiques sont rapides. Elles permettent d’informer chaque ordonnateur sur la qualité du mandatement (taux et nature d’erreurs). Les utilisateurs regrettent que la possibilité de faire des transactions identiques en masse n’ait pas été prévue.

Des extractions de données facilitent le travail de management du comptable. Elles peuvent être traitées avec les outils bureautiques traditionnels (Excel, Word) ou spécialement conçus (Xémélios, Trieste). Il est possible de retraiter les exports, de les totaliser, de les mettre en forme selon les critères souhaités pour les exploiter ou les communiquer à l’ordonnateur. A titre d’exemple, le comptable peut examiner ses états de restes à recouvrer pour définir sa politique de poursuites, détecter les dossiers à enjeu ou en sommeil, lancer des actions spécifiques, etc…

Le travail de centralisation nécessaire au pilotage, aux contrôles internes de second niveau et à l’animation par la direction locale a également été allégé. En effet, le service Secteur Public Local peut suivre directement l’évolution des comptes de gestion sur chiffres, consulter à tout moment les balances des comptes, vérifier la situation des régies, l’évolution de la qualité et de l’homogénéité comptable (TVA, hébergés, inventaire, cohérence des états de développement des soldes avec les soldes comptables), etc. Cela évite les retards et les relances, toujours mal vécues. La visibilité sur le stock d’opérations en « bannette », les taux de recouvrement et les délais de règlement devrait également permettre aux directions locales de juger plus objectivement la situation des postes et d’affecter les renforts de manière plus efficace.

Enfin, l’information des ordonnateurs est facilitée. Ces derniers peuvent être habilités par le comptable à la consultation des opérations d’encaissement et de paiement, des titres et mandats, des situations de débiteurs, des comptes et de la situation instantanée de trésorerie. Certains en demandent déjà plus : pourvoir lancer des éditions, consulter le module des hébergés...


De réelles difficultés de pilotage persistent pour le comptable

Tout d’abord l’outil Delphes dont les données sont extraites d’Hélios est très perfectible. Les données sont encore trop peu nombreuses et remontées avec un décalage de près d’un mois. Son utilisation est également jugée peu ergonomique et non intuitive.

En matière de recouvrement, le paramétrage du « moteur » des poursuites s’avère très délicat, faute d’une formation suffisante. De plus, il est difficile de visualiser la situation des restes à recouvrer, et donc de définir les priorités. Les outils Trieste et Xemelios sont certes intéressants mais ce ne sont que des outils d’analyse, ils ne permettent pas d’engager automatiquement des actions et manquent de performance (nombre de lignes de restes insuffisant).

Les contrôles internes s’avèrent difficiles à mettre en œuvre. Les contrôles internes ne peuvent naturellement être envisagés de la même manière selon la taille et le type de trésorerie. Dans les grandes unités la traçabilité des opérations sensibles et les recherches d’historisation sont fastidieuses, aléatoires et souvent insuffisantes. Ainsi, il n’est pas possible de connaître la personne ayant comptabilisé une opération sensible, forcé une anomalie signalée, modifié un paramètre ou les caractéristiques d’un tiers (RIB notamment).

Le système des alertes dont la conception était intéressante a été désactivé en raison de son manque de fiabilité. Il devra être réactivé au plus vite.

Enfin, le grief le plus fréquent porte sur l’organisation du recouvrement dans les plus gros postes. Le « moteur de poursuites » permet bien de paramétrer et d’enchaîner les relances et commandements mais au-delà Hélios ne permet pas d’obtenir des simulations sur le volume des actions à entreprendre. Les outils annexes développés pour pallier cet inconvénient sont utiles mais présentent l’inconvénient majeur de ne pas générer automatiquement les actions qui s’imposent.


Conclusion

  • Les utilisateurs, souvent perturbés par l’ergonomie et la conception de l’application, reconnaissent au bout de plusieurs mois d’adaptation, le confort global d’utilisation et ses apports dans les « métiers ».
En raison de l’évolutivité de l’application, le besoin de formation et de perfectionnement à tous les niveaux reste fort. Le soutien des tuteurs de proximité s’avère indispensable non seulement pour approfondir les modules complexes (recouvrement), mais aussi pour aider les comptables dans le pilotage de leur unité et à la mise en œuvre des paramétrages et des contrôles internes. D’autre part, leur compétence sera indispensable dans le déploiement du protocole d’échange standard entre les ordonnateurs et le comptable (PES v2) ainsi que la dématérialisation des pièces justificatives que celui-ci autorise. Cette démarche rend nécessaire le soutien de spécialistes dans l’analyse des flux ordonnateurs et dans la gestion des tiers.

Les difficultés très lourdes demeurent à ce jour en matière de recouvrement.

Il faut d’urgence simplifier le traitement des rôles dont la gestion est rendue complexe par la réglementation (domaine de l’eau et l’assainissement notamment). Les redevables ne comprennent pas recevoir plusieurs relances pour une même facture et les agents perdent une énergie considérable en opérations de gestion lourdes et à l’utilité douteuse.

Enfin le recouvrement contentieux est encore très lourd et son pilotage très délicat pour les grosses unités.
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