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23 / 09 / 2013 | 17 vues
Angelika Jayawardena / Membre
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« Coacher » n’est pas qu’aider à s’adapter à l’entreprise

J’ai lu avec intérêt l’article « Les coaches aident leur clientèle à s'adapter à l'entreprise alors qu'eux-mêmes ont tiré un trait sur le salariat », daté du 19 septembre sur Miroir Social.
Étant coach, je voudrais souligner qu’il existe une pluralité de situations professionnelles chez les coaches :
  • les coaches qui exercent à mi-temps et qui restent des salariés d’une entreprise,
  • les coaches internes aux entreprises,
  • les coaches qui diversifient leurs activités entre formations, conférences, conseils etc.,
  • les coaches qui restent salariés et qui le font bénévolement,
  • les coaches qui varient les offres de coaching, du coaching amoureux, coaching professionnel ou coaching de vie…

Si certains grands groupes ont mis en place des coaches internes (donc des salariés), les expériences restent encore rares et le fait d’être un « interne » peut parfois poser des questions d’éthique, de confiance et de confidentialité.

Les coaches quittent l’entreprise pour s’installer à leur compte, non pour éviter l’entreprise, mais parce qu’il existe peu de possibilités d’exercer ce rôle de coach interne permanent en étant salarié.

Cet article généralise l’action des coaches.

Les personnes, même adressées par leurs entreprises, traitent à l’occasion du coaching des problèmes personnels qui sont très liés à des problèmes professionnels et cela participe à un meilleur équilibre de vie. Il s’agit donc plutôt d’une action positive (moins de stress, moins de tension).

Dans la pratique, un coaching peut aboutir à une meilleure adaptation des salariés dans l’entreprise, mais non au sens « se fondre » dans l’entreprise, qui n’est qu’une possibilité parmi tant d’autres.  

Le coaching permet de faire des apprentissages et des prises de conscience. Tous ceux qui ont bénéficié d’un coaching pourront en témoigner : ils auront appris à comprendre et « décomplexifier » les problèmes, être davantage orientés vers la solution, mieux  communiquer, oser s’exprimer et parfois véritablement s’affirmer, s’affranchir de peurs « imaginaires », mieux collaborer, comprendre les points de vues des autres et les respecter, comprendre les différences de fonctionnement entre les personnes dans une même équipe et donc d’adapter son langage et le style de management. Ce ne sont que des exemples.

Parler « d’hypocrisie » ou de « limite à cette activité », semble justement limitant pour qualifier un métier qui est généralement exercé par passion, enthousiasme et pour beaucoup par vocation.

Par ailleurs, certains s’y essaient et reviennent dans les entreprises.  En effet, souvent l’activité  de coach  est  exercée en qualité d’indépendant, ce qui ne convient pas à tous. Il y aussi d’anciens dirigeants, managers qui estiment avoir « donné » à l’entreprise après avoir géré de grands projets, des grandes directions et des centaines de collaborateurs. Ils aspirent à un métier plus calme après s’être exercés à de lourdes responsabilités.
Il est vrai qu’un certain nombre de métiers se démocratisent et deviennent accessibles au plus grand nombre après que des lois aient vu le jour (RPS).

Le coaching était souvent originellement réservé aux dirigeants, aux cadres de haut niveau et, accessoirement aux « potentiels » qui prenaient des responsabilités pour les aider dans leur prise de poste. Peu à peu, le coaching s’est généralisé jusqu’à accompagner les personnes en difficulté dans leur poste.

Il ne s'agit pas de traiter la souffrance

Pour les coaches il ne s’agit pas tant de traiter la souffrance mais de permettre aux personnes de déterminer leurs objectifs professionnels ou de vie et de se mettre en  chemin pour y aller.

Si certains d’entre eux ont acquis une « âme thérapeutique » pour s’occuper de la souffrance au travail, c’est qu’ils ont réalisé que la souffrance n’est pas toujours liée aux conditions de travail. Il peut s’agir d’un passé (ou certaines blessures ne sont pas soignées) qui empêche de bien vivre leur travail (autrement dit, des situations douloureuses ou conflictuelles que les personnes recréent ou revalident dans le contexte professionnel). Ces personnes changent d’entreprise et retrouvent les mêmes problèmes.

Or, le coaching permet justement de rompre un système de croyances limitantes pour aider les personnes à se projeter dans le futur et ne plus être dans une répétition de problèmes.
Le coaching est une relation d’aide. Comme c’est le cas des psychologues, des médiateurs, des assistants sociaux etc.

La sensibilisation à des problèmes et leur résolution peut les avoir poussés à choisir cette voie.

En quoi avoir été aidé et aider les autres est-il une contradiction ?

L’article mentionne : « … qu'ils participent à trouver des solutions pour que les salariés s'adaptent alors qu'ils savent parfaitement que les causes sont dans les pratiques de management ».

Le coach ne participe pas à trouver une solution

Le coach ne participe pas à trouver une solution, c’est justement la spécificité de ce métier : il permet au « coaché » de trouver « sa » solution, qui lui convient en respectant ses valeurs profondes, pas les valeurs de l’entreprise ou du management. Il arrive que la décision d’un « coaché », soit de demander une formation puis de quitter l’entreprise car il a pris conscience que le métier ne lui convenait pas et qu’il a des « talents » plus appréciés dans d’autres entreprises ou lieux. D’autre décident de prendre des responsabilités managériales, pour faire différemment ou mieux, d’autres encore, pour s’affirmer et  imposer davantage leurs points de vue et favoriser des méthodes managériales différentes.

Le coach n’a pas pour vocation de pointer et de dénoncer les pratiques des organisations. Il ne serait pas dans son rôle, celui-ci étant celui des instances représentatives du personnel, des responsables syndicaux, par exemple.

  • Il serait d’ailleurs intéressant de comprendre pourquoi si peu d’IRP sont « coachés », alors que les DRH, les dirigeants et les managers le sont. De même, il serait intéressant de comprendre pourquoi les collaborateurs dans les entreprises ont de plus en plus de réflexes à consulter un médecin, un thérapeute ou un coach lorsqu’il a un problème au travail que les IRP parfois.

Le fonctionnement d’une organisation, s’il est toxique, n’est pas forcément à mettre en corrélation avec le fait que les coaches aident les personnes à être mieux dans leur milieu professionnel ou personnel.

S’agissant de l’absentéisme, il serait aussi intéressant de voir dans quelles entreprises l’absentéisme est le plus élevé : celle où il y a un recours aux coaches ou les autres ? Là encore, la corrélation serait loin d’être évidente.

Le coach permet les apprentissages contextualisés (approche systémique). En aucun cas, il ne fait de l’ingérence ou se substitue aux IRP et ce ne sont pas des formateurs (certains peuvent l’être sur d'autres sujets).

La posture du coach est la bienveillance, posture de base dans l’exercice de sa pratique. Le coach ne s’inscrit en aucun cas dans une perspective critique. Il n’est en aucun cas dans le jugement (ce n’est pas compatible avec son métier et il est formé pour acquérir cette posture, qui n’est pas naturelle). Il garde cependant un esprit critique et a une excellente connaissance de ce qui se passe dans les organisations. Il gagnerait en effet à être davantage entendu et avoir une parole dans le débat public.

En somme, un bon coach accompagne le « coaché » non à s’adapter mais à « devenir lui-même ». Cet accompagnement se traduit par exemple pour un « coaché » à rester dans l’entreprise et être plus à l'aise au quotidien, d’évoluer ou de la quitter pour réaliser un projet qui s’est révélé durant un coaching. Non de s’adapter systématiquement, qui peut être « une solution » parmi d’autres.

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