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08 / 10 / 2015 | 12 vues
Social Nec Mergitur / Membre
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Anne Hidalgo crée l’union syndicale : un événement rarissime à la mairie de Paris

Les observateurs de l’actualité sociale parisienne n’en ont pas cru leurs yeux. Toutes les organisations syndicales sans exception (CGT, CFDT, CFTC, FO, UNSA, UCP, UNSA et SUD) ont signé un communiqué commun. Mieux, elles ont décidé de boycotter un comité technique central pourtant présidé par Anne Hidalgo en personne qui n’en est pas non plus revenue. Un événement rarissime tant les divisions syndicales sont habituellement nombreuses dans la capitale.

Il faut dire que les revendications ont pour une fois fait l’unanimité : un taux de promotion de 100 % pour tous les corps des fonctionnaires territoriaux parisiens. Car, contrairement à une idée répandue dans le grand public, les promotions dans la fonction publique ne sont pas automatiques. Dans le cas précis, c’est la mairie de Paris qui décide un peu arbitrairement du nombre d’avancement. « Rappelons que la valeur du point d'indice de la fonction publique est bloquée depuis 2010, il s'agit du seul levier dont dispose notre employeur (la Ville de Paris) pour augmenter la rémunération de ses agents », on déclaré les syndicats dans un communiqué. « Nous ne pouvons donc pas accepter les ratios promus/promouvables, pour la période 2016/2018 que l'administration veut nous imposer, sans réagir », a conclu, pas très fluctuat pour Anne Hidalgo et son équipe, l’intersyndicale parisienne.

Face à cette fronde inédite, la maire de Paris a pris la plume pour envoyer un communiqué explicatif à l’ensemble des cinquante mille agents de la collectivité parisienne. Là aussi, une première. Mais c’est pour aussitôt rejeter toutes les fautes sur les syndicats : « J’ai fait part de mon profond respect pour ce que représentent les organisations syndicales. Nos points de vue divergent, à ce stade, sur les discussions engagées concernant les taux de promotions pour les trois années à venir. La collectivité a fait une proposition positive avec une augmentation des promotions que les organisations syndicales refusent pour l’instant de discuter ». Les ingrats !                             

Est ensuite venu le tour du gouvernement d’en prendre pour son grade : « Dans un contexte national difficile, j’ai également rappelé que notre collectivité était l’une des seules à toujours créer de l’emploi public malgré la diminution constante de la participation de l’État au budget de la Ville. En effet, entre 2008 et 2017, Paris aura perçu 800 millions d’euros en moins de dotations de l’État alors que, sur la même période, notre contribution au titre des péréquations aura augmenté d’environ 400 millions d’euros ». Quand Anne Hidalgo fronde contre François Hollande, ça donne une déclaration on ne peut plus mergitur.

De leur côté, les syndicats ont renvoyé la balle à la frondeuse « Nous rappelons fermement que c’est la maire de Paris et elle seule, qui a la main sur les ratios de promotion. L’actuel gouvernement, quoi que l’on en pense, n’a aucune compétence réglementaire sur ce sujet ». Et toc pour l’ancienne inspectrice du travail.

En plus de ce camouflet syndical, la municipalité parisienne n'a pu échapper à un mouvement social de grande ampleur car la CGT, faisant un peu cavalier seul, avait décidé de longue date (donc bien avant la constitution de cette intersyndicale miraculeuse) de déposer un préavis de grève pour dénoncer la politique de la mairie. Résultat, les grévistes ont réussi à bloquer, outre une mairie d'arrondissement, quatre centres de retraitement des déchets, empêchant ainsi les services de ramassage des ordures de vider leurs camions. D'ailleurs, les poubelles pleines sont restées sur les trottoirs dans la moitié des arrondissements parisiens.

À l’Hôtel de Ville, qui a compté jusqu'à 58 % de grévistes chez les éboueurs, on a vite mesuré l’ampleur du mouvement. « Les syndicats ont été reçus à la mi-journée par l’adjoint aux ressources humaines, le directeur de la propreté et celui des ressources humaines qui va de nouveau les rencontrer mercredi puis vendredi », a déclaré la mairie au journal Le Parisien.

Pour rajouter un peu de sel sur les plaies, l’opposition à Anne Hidalgo, par la voix du groupe Les Républicains au Conseil de Paris, a jugé dans un communiqué que cette grève « témoigne de la rupture profonde entre la maire de Paris et son personnel ouvrier ». Comme dirait Lacan, un vrai coup de pied de l'âne ! Quand aux syndicats, c'est plutôt de pied ferme qu'ils attendent les propositions municipales.

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