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11 / 06 / 2018 | 123 vues
Laurent Dupont / Membre
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Présidence du MEDEF : Olivier Klotz, fossoyeur du paritarisme ?

Adversaire acharné du paritarisme à la française, Olivier Klotz semble pourtant oublier que ce dernier peut être gage de succès.

Le paritarisme est l’un des thèmes centraux de la campagne pour la présidence du MEDEF et le modèle français, sur lequel s’appuie notamment le système de protection sociale, est sur la sellette. Voici du moins ce qu’affirme une partie des six candidats en lice pour la succession de Pierre Gattaz. « Le paritarisme, s’il n’est pas déjà mort, est à l’agonie », prophétise ainsi Geoffroy Roux de Bézieux. Même son de cloche du côté d’Olivier Klotz, qui prone « un MEDEF d’influence pro-business ».

Olivier Klotz veut en finir avec le paritarisme

Pour celui qui est aussi président du MEDEF Alsace et président délégué du MEDEF Grand-Est, la sortie du paritarisme de gestion fait même figure de mantra. « Je suis pour un MEDEF d’influence plutôt qu’un MEDEF de gestion », répète ainsi Olivier Klotz. « Sur les dix prochaines années, il nous faudra nous retirer progressivement de tous les organismes où l’on n’a plus de pouvoir de décision (notamment dans le domaine de la protection sociale) et privatiser ce qui devrait l’être, plutôt que de prendre le risque d’une étatisation à terme ».

En effet, Emmanuel Macron n’a jamais caché qu’il était insatisfait de la manière dont les partenaires sociaux utilisent le paritarisme. Si ces derniers se montrent peu efficaces, le Président de la République fait planer la menace d’une reprise en main du système par l’État. Si les critiques du modèle français de protection sociale sont fondées, le mode de gestion paritaire peut aussi être synonyme de succès.

Des réussites probantes

En témoignent les derniers résultats des groupes de protection sociale AG2R La Mondiale et Malakoff Médéric. Le premier affiche ainsi des résultats « historiques » pour l’année 2017, avec une collecte brute globale de 29 milliards d’euros et un résultat net de 361 millions d’euros. « Le groupe connaît un résultat en hausse de 13,2 %, permettant à ses fonds propres de dépasser les 6 milliards d’euros et de renforcer de 11 points son ratio de solvabilité 2 à 224 % », s’est ainsi félicité André Renaudin, directeur général d’AG2R La Mondiale.

En cours de rapprochement avec Humanis, le groupe de protection sociale Malakoff Médéric affiche, lui aussi, une bonne santé. Après une année de stabilité, le chiffre d’affaires est reparti à la hausse, passant la barre des 4 milliards d’euros de cotisations (en hausse de +6,8 %). Porté par la croissance de l’assurance complémentaire de santé (2,2 milliards d’euros, +12,4 %) et des assurances collectives (3,47 milliards d’euros, +7,8 %), le résultat net du groupe s’envole et passe de 7 à 61 millions d’euros. Les fonds propres de Malakoff Médéric progressent de 12 % pour atteindre un record de 5,5 milliards d’euros et ses ratios de solvabilité sont en hausse de 25 points.

Dès lors, une question se pose : Olivier Klotz a-t-il connaissance de cette réalité tout en souhaitant à tout prix mettre le paritarisme au rebu ou bien n’a-t-il pas suffisamment étudié le sujet pour se rendre compte que le paritarisme possède des avantages qui sont indéniables ? Les deux possibilités sont inquiétantes, notamment parce qu’Olivier Klotz se présente comme candidat à un poste qui demande des qualités de rigueur et d’exhaustivité et que le MEDEF baigne depuis toujours dans le paritarisme.

Le paritarisme n’est pas parfait et nécessite quelques ajustements. Néanmoins, prôner sa mise à mort dénote d’une vision qui n’est pas en phase avec les enjeux du moment. À l’heure où les conflits sociaux se multiplient, mettre à la tête du MEDEF un individu qui rejette le système de négociation en vigueur ne participera pas à apaiser les tensions, bien au contraire.
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