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07 / 03 / 2023 | 133 vues
Jérôme Aubé / Membre
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La MNH lève le voile sur l’état de santé des soignantes en milieu hospitalier

En cette journée internationale pour les droits des femmes, la Mutuelle Nationale des Hospitaliers (MNH) publie une étude exclusive réalisée par Odoxa pour lever le voile sur l’état de santé des soignantes en milieu hospitalier. Un focus a également été mené auprès des Françaises afin de réaliser une analyse comparative entre les différentes catégories de population étudiées.

 

La MNH propose des solutions concrètes pour répondre aux différentes problématiques mises en exergue dans cette étude.

 

Des hospitaliers plus sujets à des problèmes de santé que l’ensemble de la population

 

Les hospitaliers se sentent en moins bonne santé que l’ensemble des Français, 26% déclarent être en mauvaise ou médiocre santé contre 14% dans l’ensemble de la population française. Au cours des deux derniers mois, 62% des hospitaliers ont été affectés par un problème de santé contre 38% chez les Français.

 

La santé des hospitalières affectées par leurs conditions de travail

 

L’étude révèle que les conditions de travail sont le principal facteur de la mauvaise santé des hospitalières. A peine plus d’une hospitalière sur 2 (51%) se dit globalement satisfaite de son travail, quand 73% des Français et des Françaises le sont.

 

Et pour cause, selon l’étude :

 

  • 8 hospitalières sur 10 déclarent que leur travail génère un stress très important (soit près de 30 points supérieurs à l’ensemble des actifs en emploi (48%) 
  • 73% des hospitalières déclarent que leur travail implique une pénibilité physique importante sur l’état de santé (soit 30 points de plus que l’ensemble des actifs en emploi)
  • 65% des hospitalières travaillent le week-end ou la nuit (soit 5 points de plus que les hospitaliers et 31 points de plus que les actifs en emploi)
  • Presque 3 hospitalières sur 10 (28%) travaillent souvent plus de 12 heures d’affilée (soit 10 points de plus que l’ensemble des femmes actives en emploi).

 

Une charge mentale plus forte chez les hospitalières

 

Aux difficiles conditions de travail s’ajoutent une charge mentale plus forte. Comparativement aux hommes (5%), 10 fois plus de femmes (48%) déclarent s’occuper des tâches ménagères à la maison. On observe le même phénomène chez les hospitalières (45% versus 2% pour leur conjoint). Or, il est avéré que la charge mentale, lorsqu’elle est trop importante, peut avoir des conséquences sur la santé et présenter des risques tels que les troubles du sommeil et de l’attention, et dans les cas les plus graves, épuisement ou burn out.

 

Fort de ce constat, la MNH et son groupe ont proposé en 2023 deux mesures phares aux décideurs publics pour agir sur la santé des soignantes :

 

  • Faire de la santé des hospitalières une priorité́ de l’action publique en y associant le Secrétariat d’État à l’Égalité́ entre les Femmes et les Hommes et les délégations parlementaires aux droits des femmes, sous l’égide du Haut-Commissaire à la santé des hospitaliers ;
  • Intégrer spécifiquement la santé des hospitalières dans les plans d’Egalité femmes – hommes des établissements hospitaliers.

 

Des propositions qui viennent compléter des dispositifs d’amélioration des conditions de travail comme les crèches à horaires décalés qui visent à faciliter l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle des soignantes et des soignants. Dernière en date, la crèche de Créteil ouverte le 3 octobre dernier afin de permettre à l’établissement de santé publique de gagner en attractivité.

 

Lever le tabou du cancer et développer la sensibilisation

 

L’étude sur la santé des femmes et des soignantes soulève le problème du recours au vaccin contre les Papillomavirus (HPV) qui est encore largement ignoré : 14% des Françaises ont été vaccinées et seulement 1% des hospitalières.  L’avenir semble plus favorable car 45% des Français et 66% des hospitaliers comptent bien faire vacciner leurs filles âgées de 11 à 18 ans. Il faudra toutefois les convaincre de faire aussi vacciner leurs garçons (taux en baisse par rapport aux filles de 23 points chez les Français et 26 points chez les hospitaliers).

 

Plus globalement, la question du cancer dans le milieu de l’entreprise reste un tabou de société et c’est le cas aussi pour les professionnels de l’hôpital. Manque d’accompagnement des employés malades ou peur de perdre son poste, les pistes d’actions pour agir au sein de l’entreprise sont nombreuses.

 

Sans attendre une confirmation du phénomène, la MNH a anticipé en expérimentant des dispositifs tels que :

 

  • La mise en place d’un accompagnement des femmes atteintes d’un cancer et bénéficiaires de l’action sociale la MNH ;
  • Le soutien à des projets associatifs (Jeune & Rose) et à la recherche par le biais de la Fondation MNH.

 

Pour aller encore plus loin, le groupe a décidé de s’engager à promouvoir des campagnes de dépistage des cancers féminins (utérus et sein) à l’aide de dispositifs novateurs « d’aller-vers » et à initier des campagnes de sensibilisation à la vaccination HPV.

 

Lutter contre la violence à l’hôpital

 

Enfin, l’étude révèle que les soignantes sont deux fois plus nombreuses que l’ensemble de la population active à subir des incivilités et des violences physiques ou verbales au travail (82% pour les soignantes contre 41% pour les femmes actives en emploi). L’étude montre l’ampleur du phénomène auquel sont exposées les professionnelles de santé à l’hôpital : 74% des hospitalières déclarent avoir subi des violences de la part de leurs patients dont 37% souvent. Reflet du manque d’information global de la société aux violences sexistes et sexuelles (VSS), la MNH a pris la résolution de mettre en place une démarche de sensibilisation et de formation des hospitaliers pour lutter contre la banalisation des VSS et permettre de mieux les identifier.

 

Méthodologie

L’enquête a été réalisée par Odoxa pour la MNH avec la Chaire Santé de SciencesPo, les 16 et 17 février 2023 auprès d’un échantillon de 1 004 individus représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus et d’un échantillon de 927 professionnels de santé exerçant en milieu hospitalier.

 

Pour plus d'infos:

- l'intégralité de l'étude : ICI

 

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