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28 / 03 / 2019 | 418 vues
Jean Paul Philidet / Abonné
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Disparition du comptable public : valse des procédés fallacieux

« Abject » est le premier mot qui vient à l’esprit à la lecture de la lettre que nous nous sommes procurée avant signature et qui a été reçue par les directeurs locaux des finances publiques le 18 mars.
 

Face au peu d’enthousiasme des ordonnateurs envers les agences comptables (et on les comprend), la DGFiP, sous le timbre des ministres, franchit un pallier et se vautre dans le plus vieux métier du monde pour séduire les élus.
 

Le groupe de travail du 28 janvier dernier nous avait déjà révélé le cynisme de notre administration, prête à lâcher le secteur public local et les principes qui s’y rattachent, le tout par pur dogmatisme et souci d’économies budgétaires. Mais là, on touche le fond !
 

Avant le plat de résistance constitué par la deuxième page de ce courrier, le syndicat vous laisse juger de la première, laquelle laisse penser aux élus que le comptable local ne faisait pas correctement son travail.
 

À aucun moment les ministres ne daignent accorder un satisfecit au travail effectué par les services de la DGFiP. Pire, ils insinuent que l’intégration totale de la structure comptable au sein des services de l’ordonnateur amènera une plus-value conséquente.
 

Ils osent surtout affirmer que la séparation ordonnateur-comptable ne sera pas remise en cause. Pour nous, si qualité rime à l'avenir avec visa a posteriori, pressions de l’ordonnateur sur son agent comptable rétribué et sous ses ordres, il est évident que la séparation ordonnateur-comptable ne sera plus tenable.
 

Pour deux trésoreries achetées, la troisième gratuite
 

Le comble de la bassesse a été atteint en deuxième page du courrier, où la DGFiP use d’arguments de vente dignes d’un VRP en pré-retraite et se laisse aller au slogan « pour deux trésoreries achetées, la troisième gratuite ».


Morceaux choisis et nos commentaires

 

  • Mise à disposition gratuite des applications, des équipements informatiques des agents amenés à rejoindre l’agence comptable et même de l’immeuble domanial où l’agence comptable pourrait se trouver.

La DGFiP oublie de préciser que dans trois ans, HELIOS (ou tout autre système d’information mis en concurrence) sera payant, ainsi que le loyer de l’immeuble. Pitoyable tentative d’amadouer l’élu.
 

  • « Tout ou une partie des agents de la DGFiP (…) pourront d'office être placés en position de détachement »...

La DGFiP est fière de montrer aux élus qu’elle gère ses agents à la baguette en les mutant d’office.

 

  • « La collectivité a donc la garantie de pouvoir faire fonctionner l’agence si elle le souhaite avec les collaborateurs actuels du poste comptable ».

Tout est dans le « si elle le souhaite ». Aucune obligation de prendre les agents du poste puisqu’ils seront désignés « au libre choix du directeur local » (F. Tanguy, chef des RH, GT du 28 janvier 2019).

 

  • « S’il est issu de la DGFiP, (la rémunération totale de l’agent comptable choisi par la collectivité) sera prise en charge par cette dernière pour moitié, à condition que la délégation prenne effet au 1er janvier 2020 ».

Réduction de 50 % pour un achat d’agent comptable avant le 31 mars 2019 ou le comptable public rabaissé au rang d’un pack de lessive dans l’hypermarché du coin ! Le mépris est patent : le comptable public est soldé avec le lourd sous-entendu qu’il serait trop payé. Le futur RIFSEEP s’en occupera de toute façon…

 

  • « L’ensemble des coûts supplémentaires liés à la nouvelle agence a pour vocation d'être retraité dans le cadre des contrats prévus par l’article 29 de la loi de programmation des finances publiques 2018-2022 ».

La DGFIP va jusqu’à neutraliser l'éventuelle dérive des dépenses de fonctionnement induites par l’agence comptable dans le cadre de ces contrats engageant les 322 plus grandes collectivités. Tout est bon dans le cochon !

 

La DGFiP use de procédés fallacieux pour promouvoir son projet. Nous devons expliquer aux élus en quoi cette expérimentation qui porte la disparition du comptable public en germe leur est néfaste. C’est pourquoi notre syndicat exige le retrait pur et simple de ce projet, plan de destruction de la DGFiP élaboré conjointement par le directeur général et le ministre.

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