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19 / 07 / 2012 | 1 vue
Sylvain Thibon / Membre
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Le 24 juillet : une nouvelle date anniversaire pour Canal+ ?

Le 24 juillet 2012 pourrait être une nouvelle date fondatrice pour le groupe Canal+ ou peut-être destructrice…

La décision en revient à l’autorité de la concurrence qui va décider de l’avenir du groupe, de notre avenir. C’est en effet à cette date que l’autorité de la concurrence devrait rendre son avis sur la fusion avec TPS, réalisé il y a 5 ans ! Une première mondiale.

Si le scénario catastrophe de la séparation des activités de distribution et d’édition semble s’éloigner, d’autres scénarios (révélés par la presse) pourraient se révéler potentiellement dangereux pour l’avenir du groupe, pour ses 4 500 salariés et pour les milliers d’autres emplois qui vivent par et pour Canal+ en France, dans les départements d’Outre-mer et dans quelques pays à l’étranger.

Depuis des mois, notre syndicat s’inquiète des conséquences sociales de décisions qui pourraient remettre en question l’équilibre économique du groupe Canal+. Ce groupe qui a été au bord de la faillite en 2003 devrait donc plier le genou et faire acte de contrition.

Les enjeux sont pourtant énormes.

Pourraient être bousculés toute une industrie culturelle, une industrie de la création, un soutien indéfectible aux acteurs de « l’entertainment » à la française.

Que l’on ne s’y trompe pas. Si Canal+ n’a pas respecté à la lettre (selon l'autorité de la concurrence), quelques-uns des 59 engagements imposés après la fusion avec TPS en 2007, faudrait-il que le groupe soit puni au point de risquer de remettre en question sa pérennité et son équilibre économique ?

Mais que la mémoire est courte

Car qui se souvient par exemple des engagements du groupe Bouygues lors de la privatisation de TF1 en 1987 ? Du spectacle vivant aux heures de grande écoute, un engagement pour développer la culture à l’antenne, une volonté de favoriser la réflexion intellectuelle, le savoir, l’information, le divertissement… Le tout défendu par un Bernard Tapie flamboyant… Tout cela reste visible sur le site de l’INA, des archives qui offrent au regard et à la mémoire quelques moments savoureux de l’expression des acheteurs du TF1 de l’époque devant la CNCL, l’ancêtre du CSA.

Avez-vous vu un jour à 20h30 un spectacle de Beckett, une pièce de Molière, un concert du Philarmonique de Berlin ? Non jamais. Le mensonge pour préempter la première chaîne publique de l’époque, un cadeau inestimable au groupe Bouygues, le tout avalisé par le gouvernement de l’époque et son ministre de la Culture, le grand François Léotard qui avait alors choisi comme repreneur « le mieux-disant culturel ».

Depuis, Patrick Le lay s’est exprimé pour dire sa vérité : « à Tf1, ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible... Pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages ».

TF1 n’a pas respecté le cahier des charges présenté devant le législateur et les autorités en charge de la régulation du secteur à l’époque. Pour autant, a-t-on un jour admonesté le groupe Bouygues ? Jamais.

Il y aurait donc en France deux poids et deux mesures, selon que l’on construit des immeuble (parfois pour le compte de l’État) ou que l’on soit spécialisé dans le développement d’un grand groupe audiovisuel en mesure d’affronter les défis d’aujourd’hui et de demain pour le rayonnement culturel et la défense d’intérêts patrimoniaux essentiels.

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