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10 / 02 / 2011 | 2104 vues
Brigitte Aiache / Membre
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La philosophie : un art de vivre

Nos sociétés modernes et contemporaines connaissent aujourd’hui un effondrement des valeurs auxquelles elles croyaient, une destruction de modèles référents qui ont participé à notre construction. Face à un monde en pleine évolution, l’homme peut éprouver un sentiment d’angoisse, une perte de la faculté de penser au point que l’émotion, le sentiment, prennent le pas sur la raison.

Comment réinvestir sa vie de sens, comment se réapproprier son devenir ? En d’autres termes comment mieux vivre ?

Socrate, en pratiquant l’art de la maïeutique, nous a appris à travailler sur la cohérence du raisonnement, il nous a fait prendre conscience que le questionnement est le point de départ de la pensée.

  • La philosophie nous offre des outils qui nous font prendre conscience qu'’il n’y a pas un sens à une chose, mais une infinité d’interprétations pour une même situation.
  • Ainsi, la philosophie s’impose comme un art de vivre, de mieux vivre.

La philosophie n’est pas réservée « aux penseurs de profession », pour reprendre ici les mots de Kant, mais à chacun d’entre nous. En s’interrogeant sur les questions fondamentales et inhérentes à la condition humaine, la philosophie est concrète. Elle ne peut être réduite à une discipline purement académique.

  • Philosopher, c’est s’interroger, questionner, déconstruire, mettre en forme, sans jamais s’enfermer dans des réponses trop claires, trop nettes, trop définies.


Penser, c’est s’arrêter, « risquer » de prendre le temps dans un monde où le rythme s’accélère toujours plus. De plus, s’arrêter ne signifie pas « ne plus agir », mais « mieux agir ». Prendre le recul nécessaire devant une situation ou un événement, afin de l’analyser, amène à remettre en question notre relation entre la pensée et l’action.

L’action doit être précédée de la pensée, sinon elle risque de se réduire, par l’habitude, à un acte mécanique.

Kant ne nous a-t-il pas appris qu'exercer sa faculté de penser, c’est accéder à sa propre liberté et à se réapproprier son devenir, c’est sortir d’un « état de minorité », c’est-à-dire renoncer à tout déterminisme, afin de s’élever à un « état de majorité », c’est-à-dire réaliser sa liberté ?

En comprenant que la liberté est au cœur de l’existence humaine, l’homme pourra gérer sa relation à l’autre, sa relation à l’entreprise, se positionner au sein du monde, faire du monde son  « habitat », au sens où Hannah Arendt l’a défini, et mettre du sens dans sa vie.

Le travail est au centre de nos sociétés modernes. D’un rôle structurant pour l’identité sociale par le passé,  il est identifié aujourd’hui comme un potentiel facteur de souffrance.

Cependant, la question du travail ne cache-t-elle pas la question du sens ?
L’homme au sein de l’entreprise doit se sentir utile à la production des richesses, il doit entrer dans un projet, qui par son travail, est constitutif de la société. La notion de travail s’associe à celle d’intégration. Le travail structure la société en y faisant participer ses membres de manière active.

Cependant, lorsque l’individu dissocie la notion de travail de celle d’utilité, il se réduit à une entité anonyme au sein de l’entreprise, il éprouve le sentiment d’être interchangeable, d’être instrumentalisé. Il perd alors toute estime de soi, toute reconnaissance et constitue un problème pour l’entreprise


La philosophie est-elle en mesure d’apporter des solutions aussi bien aux salariés qu'’à l’entreprise ?


La philosophie nous fait prendre conscience que si la logique de l’économique est incontournable, le travail ne doit pas pour autant être pris dans un sens démiurgique.

La dialectique hégélienne du maître et de l’esclave nous invite à penser que dans nos sociétés modernes, la rémunération est reconnaissance du travail, au sens où le travail produit des richesses et le salaire mesure le travail. C’est par la reconnaissance de son travail que l’homme, à l’image de l’esclave hégélien, réalise sa liberté.

Cependant le travail est effectué grâce à un savoir-faire, à des compétences. Or, en réduisant l’homme à son activité, on ne tient pas compte de sa personnalité. Ainsi la fonction n’est plus définie par un savoir-faire et une personnalité et c’est la fonction elle-même et sa rémunération, qui définissent l’homme. Cette mésinterprétation de la notion de travail évacue également toute épaisseur ontologique d’un homme sans activité professionnelle.

  • Philosopher, c’est comprendre que la société établit un cercle invisible de la pensée où la notion de travail, comme bien d’autres concepts, sont déformés.


C’est en s’excluant de ce cercle invisible de la pensée que surgit la question du sens.

La philosophie n’a pas la vocation d’apporter une réponse universelle à la question du sens de la vie, de sa vie ; il n’y a pas de « recette » à la question du bonheur ou du « comment mieux vivre ».

En revanche, nous dirons que seule la réflexion philosophique permet à chacun de trouver ses réponses aux questions qui l’animent.

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