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26 / 01 / 2012
Sylvain Thibon / Membre
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L’attaque d'Al-Jazira sur les droits sportifs va déstabiliser la chaîne de production audiovisuelle

La ligue de football est entrée en négociation exclusive avec Al-Jazira. Canal+ en est exclue. Il s’agit des droits relatifs à la retransmission de matches payables à la séance, diffusés aujourd'hui sur Foot+

La chaîne du Qatar serait prête à débourser 240 millions d'euros pour acheter ces droits. Selon un président de club, « le foot a trop besoin d’argent…».

En s’attaquant aux droits sportifs, c’est toute la chaîne de production audiovisuelle qui pourrait être rapidement déstabilisée.

Canal+ en subit aujourd’hui les conséquences, mais TF1 et sa chaîne Eurosport, M6 ou France Télévision vont aussi subir de plein fouet l’arrivée de cet investisseur irrationnel comme le surnomme B. Meheut.

Quel silence assourdissant de la part nos élites politiques, culturelles, sociales sur ce phénomène. Car en agissant ainsi, le Qatar risque de fragiliser tout un édifice aux intérêts économiques et culturels croisés, patiemment construit depuis un quart de siècle.

Canal+, c’est 4 300 salariés en interne, des milliers qui travaillent pour nous dans d’autres sociétés en France, c’est peut-être 15 000 familles françaises qui, peu ou prou, vivent grâce à Canal+ et à ses filiales.

Les salariés et les cadres de l’entreprise, notre syndicat, inquiets de ces évolutions, s’étonnent du manque de réactions des élites politiques et culturelles.

La seule intervention ministérielle a été celle du Ministre des Sports David Douillet. Qu’a dit cet ancien consultant et salarié de Canal+ ? « Que le Qatar était le bienvenu et que ces investissements permettraient à nos clubs de maintenir leurs investissements… » (sic).

Veut-on décimer ce secteur en favorisant des investissements de court terme ?

  • À l’heure où le débat sur la réindustrialision refait surface, il serait donc sans dommage de laisser partir des entreprises de services, des entreprises indispensables à la survie d’une partie de notre industrie culturelle ?


Il y a quelques années, le gouvernement avait légiféré pour le contrôle des capitaux de certaines entreprises françaises dites « stratégiques ». Il fallait protéger la France de l’invasion de capitaux internationaux, inconnus ou risqués.

Aujourd’hui, l’audiovisuel français ne constituerait-il pas un enjeu économique, social et surtout culturel majeur ? Ce secteur ne devrait-il pas faire l’objet de mesures de protections contre des prédateurs aux poches bourrés de pétrodollars, capables d’avaler leurs proies à n’importe quel prix ?

Ce qui se joue, c'est bien l'avenir de certaines entreprises audiovisuelles françaises, c'est l'investissement dans le cinéma et le soutien de la filière.

C'est aussi une certaine idée de la place des médias en France et donc du jeu démocratique. L'irrationnel dans cette affaire masque des enjeux et des intérêts particuliers que chacun devine ou perçoit. Doit-on jouer aux dés (fussent-ils en or massif) les intérêts de l'audiovisuel et de la création française ?

Des soutiens, des réponses, des actions...

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