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19 / 05 / 2011 | 6 vues
Denis Garnier / Membre
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Absentéisme : record battu, tous les jours, 94 000 agents hospitaliers performants sont malades

Ce sont désormais 24,1 jours de maladie qui sont décomptés par an et par agent dans la fonction publique hospitalière. C’est un record historique et le plus étonnant c’est que cela va se poursuivre.

Si l’on transpose les résultats de cette note de conjoncture de Dexia Sofcap aux 900 000 agents hospitaliers que comptent les hôpitaux français, alors ce sont plus de 94 000 agents qui sont malades tous les jours. Nouveau record à battre...

Les absences pour raison de santé sont en hausse constante depuis 2007 :

  • agents arrêtés : + 4 %
  • nombre d’arrêts : + 6 %
  • durée des arrêts : + 8 %
  • la gravité de la maladie ordinaire augmente fortement : + 17 %.

En 2010, les accidents du travail (service + trajet + maladie professionnelle) touchent plus d’agents (+ 10 %), plus souvent (+ 26 %) et durent plus longtemps (+ 18 %)  par rapport à 2007.

L’analyse de Dexia Sofcah et ses recommandations

Selon l’analyse de Dexia Sofcah, quelques éléments peuvent expliquer ces phénomènes d’absence.

  • Les métiers hospitaliers à dominante soignante sont exposés à des conditions de travail souvent contraignantes (travail de nuit, horaires décalés, rapport à la souffrance et aux familles…).
  • Le secteur hospitalier connaît des mutations institutionnelles et organisationnelles majeures (tarification à l’activité, plan de retour à l’équilibre.

L’échec d’une politique


Le Ministère de la Santé et le gouvernement sont responsables de ces résultats qui ne cessent de se dégrader. La politique de restructuration, de balkanisation des hôpitaux, de fermeture de service, de redéploiement d’agents, d’horaires contraints, de remise en cause d’accords locaux, de non-respect des temps de repos, de modifications de planning intempestives etc., met le personnel à genoux. Usé, fatigué, démotivé les hospitaliers n’en peuvent plus de bâcler le travail pour être performants, de ne plus pouvoir sourire à un patient sans un reproche. En effet, le sourire n’est pas compté dans la T2A ! Il n’est pas « facturable». Les cadres commencent à réagir à cette maltraitance institutionnelle. Ce n’est qu’un début.

Les plans de retour à l’équilibre, véritables plans sociaux avec les milliers de suppressions d’emplois, ne font qu’aggraver une situation déjà préoccupante.

  • FO propose un nouveau contrat d’objectif pour le gouvernement : Faire baisser l’absentéisme de 10 % et ce sont 9 400 emplois de plus chaque jour dans les services.

Méprise sur la performance


Ce ne  sont pas les recommandations de l’agence nationale d’aide à la Pperformance (ANAP) sur la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) qui vont permettre d’inverser cette tendance. Les termes employés pour « la ressource humaine » sont signifiants : « utiliser des outils pragmatiques pour accompagner chaque agent dans son développement professionnel », « développer son employabilité » etc.

Le collectif de travail n’existe plus. Le travailleur doit être isolé. Il doit démontrer chaque jour sa performance individuelle.

Les exploitants des ressources humaines se trompent. Il faut changer le logiciel.

Le travailleur est performant. Il aspire à travailler en équipe dans un collectif de travail qui le reconnaît, qui l’apprécie et qui peut l’aider. C’est ainsi que collectivement, il peut obtenir ce que les exploitants appellent la performance. Pour eux, ce n’est que l’organisation d’une armée de clones obéissants aux multiples référentiels vidant le travail de sa richesse productive.

La performance, c’est de redonner aux hospitaliers l’envie de l’être.

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Intervenant en RPS dans les hôpitaux, je n'avais pas d'idée sur les taux d'absentéisme. 

Quel gâchis humain et financier ! Et comme vous le dites , avec les réformes en cours ce n'est pas prêt de s'arrêter.

 

Ne sait-on changer que par crises et ruptures ?