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16 / 01 / 2018 | 1 vue
Didier Cozin / Membre
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Formation professionnelle, 100 ans de certitudes à interroger

On le constate années après années, réformes après réformes, plans de formation après plans de formation, la formation n'est pas en France (et de loin) une priorité, elle sert d'abord de faire-valoir au monde politique et de variable d'ajustement sociale 

1) les politiques et les syndicats n'ont guère de compétences pédagogiques

 Il est assez navrant de constater que depuis 1971 ceux qui réforment la formation (le Parlement, les syndicats, le Ministère du travail) n'ont pas les compétences (ni souvent appétence) pédagogiques pour ce faire, ne sont pas des praticiens de la formation. Ils sont pour la plupart des technocrates qui ne savent qu'imaginer et bâtir des usines à gaz terriblement complexes et parfaitement inutiles (nous pensons à ces ridicules compteurs formation (CPA, CPF) que le ministère du travail s'évertue encore en 2018 à sur-vendre alors que les salariés ne sont même pas 2 % à pouvoir les utiliser)

2) la formation tout au long de la vie a un coût social, politique et financier que personne ne souhaite assumer

Si comme le prédisait l'UE dès 1995 (livre blanc sur la formation) puis comme la stratégie de Lisbonne de mars 2000 le réclamait, la formation, la culture et l'éducation deviennent les moteurs et les carburants de la société de la connaissance alors il nous en tirer toutes les conséquences au niveau de l'éducation et de la formation

- remettre en cause d'une école publique qui devrait à la fois être mise en concurrence par des écoles alternatives mais aussi totalement décentralisée et libérée de ses entraves fonctionnelles
- dédier des budgets bien plus importants aux apprentissages tout au long de la vie des 30 millions d'actifs que compte notre pays (et qui ne peuvent se contenter du 1% symbolique actuel)
- responsabiliser tout le corps social sur ses apprentissages : les salariés qui ne peuvent prétendre à une importante protection sociale sans être capables de consacrer du temps (le temps de la RTT) et de l'argent à leur propre formation. Les employeurs qui ne peuvent se contenter d'une fallacieuse mutualisation des budgets formation qui couvre à peine 5% des besoins en termes financiers
- repositionner la puissance publique qui ne peut plus ni tout contrôler ni tout encadrer dans une économie de la connaissance à la fois nerveuse, rapide et concurrentielle (le vote actuel des lois et des réformes prend des mois ou des années et entraîne le pays procrastiner et avoir toujours une guerre de retard)

3) Pour transformer (et non réformer) la formation il va falloir beaucoup de courage, de lucidité et de persévérance 

Quand on entreprend des grands  travaux (chez soi ou dans l'espace public) les usagers éprouvent souvent une forte gêne (on modifie leurs habitudes, on déplace leurs répères, on perturbe leurs routines). En formation il en est de même : un adulte n'apprend pas pour se conforter dans ses idées, se lover dans des certitudes mais pour se remettre en question, s'interroger sur ses pratiques  et se projeter dans son avenir au travail (forcément différent du connu et éprouvé).

La formation est cet outil premier du changement, de la prévention et de la projection dans l'avenir délaissé encore en France

Si le système social et professionnel entrave les mobilités, retient les promotions professionnelles ou sociales ou assigne les travailleurs dans des cases immuables, dans ce cas la formation (mais aussi le travail) deviennent vains, un exercice quotidien et répétitif qui ne permet pas d'apprendre, de progresser, de développer ses compétences et appétences. 
Changer avec et grace à la formation c'est prendre le risque de bouleverser ses habitudes, remettre en cause ses pratiques sociales ou professionnelles...tout le contraire d'un modèle social français actuel préclus de certitudes (nous arions le meilleur modèle social) et d'idéologie (la richesse serait créée par le social et non l'inverse).

Changer la formation c'est aussi changer le travail

 Si nous prétendons continuer à jouer un rôle économique et social autre que celui de figurant (des consommateurs hébétés et passifs dans un pays sur-endettés) il va nous falloir remettre en cause 100 ans de certitudes sociales et professionnelles. Les pouvoirs publics n'ont sans doute pas le pouvoir de changer la société par décret mais ils peuvent responsabiliser tous les adultes au travail 

 

  

  

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