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25 / 06 / 2025 | 28 vues
Jacky Lesueur / Abonné
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Centre Inffo : 50 ans d’histoire liquidés, 75 salariés sacrifiés ?

Dans un communiqué, les élu.e.s du CSE de Centre Inffo considèrent que les salariés n’ont pas à payer le prix de l’abandon de l’État, aboutissement d’un pilotage à la dérive


Le Comité social et économique (CSE), représentant les 75 salariés de l’association Centre Inffo, refuse qu’ils soient les victimes expiatoires d’un désengagement brutal de l’Etat, ultime conséquence d’années d’errance stratégique et de gouvernance défaillante.


À l’orée de son cinquantième anniversaire, Centre Inffo vit très probablement ses derniers mois.

 

La tutelle de l’association, le ministère du travail, a tranché : la subvention publique, qui constituait la moitié des ressources de l’association, cessera en 2026.

 

La disparition de l’opérateur public de l’information sur la formation professionnelle semble désormais actée.

 


Depuis des années, les élus du personnel n’ont eu de cesse d’alerter les directions générales successives, le Conseil d’administration et la tutelle de l’association, sur les
risques pesant pour la pérennité de la structure en l’absence de projet d’évolution, dans un contexte de désengagement progressif de l’Etat : stratégie à long terme absente, outils
techniques laissés à l’abandon, dialogue social en ruine…

 

Tout ceci évidemment produisant une dégradation continue de la situation économique de Centre Inffo.

Courriers, interventions, avis négatifs de l’ensemble des élus : rien n’y a fait.

Le ronronnement institutionnel a perduré, sur l’air du « tout va très bien, Madame la marquise ».

 


Avant dernier épisode de cette déliquescence à bas bruit : le recours à une escouade de consultants grassement rémunérés, chargés de donner l’illusion d’un plan avec des
diapositives aussi vaines que léchées, alors même qu’aucune transformation concrète n’était engagée par l’actuelle direction, en place depuis plus de deux ans et demi !

 


Dernier épisode de cette bérézina, de moins en moins feutrée : la démission avec effet immédiat du dernier président, Louis-Charles Viossat, haut fonctionnaire de l’IGAS – tout
comme l’est l’actuelle directrice. Et pourtant, Centre Inffo a tenu.  Grâce à l’engagement sans faille de ses équipes.


Dans ce contexte d’abandon institutionnel, ce sont les salariés qui ont maintenu les publications, animé les réseaux français et européens, organisé les événements, assuré la
veille documentaire, l’expertise juridique, la formation et l’accompagnement des acteurs de l’écosystème de la formation professionnelle et de l’apprentissage.


Ce sont eux qui ont permis à Centre Inffo de rester, jusqu’à aujourd’hui, un pôle de référence reconnu par ces acteurs pour sa rigueur, son expertise, sa capacité à animer le débat public et accompagner les politiques publiques menées.


Le professionnalisme des équipes, leurs compétences et leur éthique auront ainsi constitué l’ultime rempart pour que Centre Inffo reste jusqu’à aujourd’hui debout et pleinement engagé au service de ses partenaires et clients.


Aujourd’hui, le compte à rebours est enclenché


Le CSE a exercé son droit d’alerte économique. La commissaire aux comptes a déclenché une procédure d’alerte. La menace d’une liquidation pure et simple de l’association se
rapproche. La disparition redoutée de Centre Inffo constituerait un immense gâchis : humain, sectoriel, institutionnel.


Elle priverait les acteurs de la formation professionnelle et de l’apprentissage d’un outil de référence, à la fois espace de débat, lieu d’expertise et outil de pédagogie, dont les activités sont déployées dans le cadre d’une mission de service public.


Elle fragiliserait un champ de politique publique et d’activités marqué par la pluralité des décideurs et des financeurs, la complexité et la volatilité des règles, ainsi que le
foisonnement des acteurs et organismes de formation.


Ce risque de gâchis ne doit pas se doubler d’une violence sociale indigne de près de cinquante ans d’histoire et d’investissement collectif au service du développement de la
formation professionnelle continue en France.


Le CSE exige que l’État et la gouvernance assument leurs responsabilités Depuis 1976, Centre Inffo est un opérateur public, piloté, financé, et géré de fait par l’État,
soumis à un plafond d’emplois défini par celui-ci. C’est donc à l’État qu’il revient de garantir des conditions dignes pour les 75 salariés dans le cas d’une fermeture.


Le CSE demande aux deux ministres qui ont officialisé l’annonce de l’abandon de la subvention par l’Etat en 2026, Madame Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé,
des Solidarités et des Familles, et à Madame Astrid Panosyan-Bouvet, ministre chargée du Travail et de l’Emploi, de s’engager formellement à :
 

 

  • mettre en place des mesures d’accompagnement, formation et reclassement pour chaque salarié ;
  • garantir le respect des droits sociaux acquis par les salariés, et financer un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) ou les indemnités de licenciement dues en cas de fermeture ;
  • nommer une nouvelle équipe - à commencer par la présidence - composée de profils compétents et capables d’assurer le pilotage de cette phase.


Les élu.e.s exigent un traitement digne pour les salariés de Centre Inffo. Ils appellent  chacun à prendre enfin ses responsabilités, à commencer l’Etat.!!!

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