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22 / 11 / 2011 | 10 vues
Denis Garnier / Membre
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Un jour de carence : le ministre du travail n'est pas celui de la santé

C’est une insulte au bon sens, à ce sens qui devrait présider toutes les décisions d’une République attentive à la bonne santé des siens [1].

Même si le gouvernement arrive à contraindre quelques salariés malades à rester au travail, il est reconnu qu'à long terme cette contrainte se libère par des arrêts plus longs. Déjà les fonctionnaires hospitaliers voient un abattement de 1/140ème par jour de maladie sur le montant de leur prime de service. Certains sont mêmes pénalisés deux fois puisqu'en plus de cet abattement, ils sont exclus du versement de la deuxième répartition que certaines directions réservent à ceux qui n'ont pas eu d'absence maladie ou peu d'absence, exclusion illégale et annulée sur plusieurs jugements. (Cour administrative d’Appel de Nantes, n° 00NT01966, du 30 mai 2003).

Jour de carence : c’est encourager les risques psychosociaux


Le collège d’experts, présidé par Michel Gollac, a remis son rapport sur les facteurs de risques psychosociaux au Ministre du Travail en avril 2011. Ce rapport décrit avec la précision d’un chirurgien tous les facteurs de risques psychosociaux, en commençant par le risque de temps de travail dans lequel le présentéisme est analysé.

Selon ce collège d’experts dans lequel ont travaillé notamment Philippe Askenazy, Philippe Davezies et Serge Volkoff, « le présentéisme désigne le fait de travailler alors qu’on aurait des raisons de santé pour être en arrêt maladie ».

Dans le rapport définitif remis au Ministre du Travail et de la Santé (!), nous pouvons mesurer le risque que ce jour de carence va provoquer.

Pour ces experts, le présentéisme est défini comme « une présence abusive sur le lieu de travail, menant à un état pathologique de surmenage ». Divers travaux ont exploré les causes et les conséquences du présentéisme.

Ils expliquent que « pour l’entreprise, il est à l’origine de pertes de productivité ». Pour eux, « le coût du présentéisme en termes de productivité perdue excède celui des soins médicaux des pathologies concernées ». Mais ce n’est pas tout car « dans les emplois stressants, le présentéisme augmente plus que l’absentéisme : un fort taux de présentéisme préfigure un fort taux d’absentéisme ».

Pour eux, le présentéisme est « un indicateur d’une mauvaise organisation du travail ».

Pour le secteur de l’hôpital, les choses semblent s’aggraver puisque les experts soulignent que « le présentéisme est plus fort dans les secteurs des soins, de la santé et de l’éducation, qui sont ceux où il y a eu de fortes compressions de personnel et où il est difficile de remplacer un salarié absent ».

Ils ajoutent aux observations primaires une autre dimension qui n’est pas à négliger. « Le présentéisme n’est pas seulement un indicateur d’une organisation dangereuse, il est un médiateur du risque : le travailleur en mauvaise santé qui est néanmoins présent au travail voit la difficulté de ce travail souvent accrue de ce fait, alors que par ailleurs son état de santé le rend plus fragile. Le présentéisme entraîne un accroissement du risque de maladies cardiovasculaires ».

C’est donc en toute connaissance de cause que le gouvernement encourage le présentéisme et donc les risques psychosociaux et donc les maladies cardiovasculaires.

Le fait que le Ministre du Travail soit aussi Ministre de la Santé présente un aspect qui serait comique s’il n’était pas grave.

Le Ministre du Travail et de la Santé ? Le mot travail vient du latin tripalium, qui signifie torture ! Le fait d'infliger des souffrances en toute connaissance de cause peut s'apparenter à de la torture.

Avec ce gouvernement, le mot « travail » retrouverait ses origines latines alors que les conquêtes syndicales conduisent progressivement à lui donner une valeur, une reconnaissance, l’utilité de l'homme intégré dans une société en marche, soucieuse de tous les siens.

Nous voulons développer le travail et réduire le chômage. Pendant ce temps, le gouvernement tue l'emploi et l'employé.
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