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14 / 10 / 2013 | 2 vues
Sylvain Thibon / Membre
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Ré-enchanter, re-dynamiser, re-socialiser Canal+

C’est l’automne mais à Canal+, l’automne est déjà là, installé depuis de longs mois dans l’attente d’une renaissance qui tarde à venir… Les feuilles tombent, les salariés partent, remerciés ou tout simplement démotivés. Un climat de fin de règne qui pèse sur l'activité et le moral des troupes.
 
Des salariés parfois déboussolés, des intermittents inquiets, des patrons d'activités qui rament, des responsables qui deviennent chefs, des directeurs qui se transforment en responsables le temps d’un été « à l’insu de leur plein gré »… Ça plane pour moi dans un univers qui se transforme pourtant à la vitesse de la lumière, nécessite des ajustements permanents, impose une stratégie claire et partagée, des décisions incontestées, une organisation au cordeau…
 
En fait, c’est tout l’inverse. Depuis sept ans, les compétences sont remerciées et les expériences managériales font de Canal+ un véritable laboratoire social où l’on retrouve des financiers patrons d'activités opérationnels, des marketeurs au commerce, des stratèges à l’édition, des directeurs des achats à la relation client… Bref, un véritable bocal à expériences qu’il serait bon de figer pour le mettre en étagères. Un bon sujet d’étude pour de futurs chercheurs en organisation et en management tellement amusant de ce siècle commençant. Canal+, un cas d’école révélateur des incohérences de notre époque, d’un grand questionnement généralisé où le n’importe quoi côtoie allègrement le génial. Mais au final, chacun cherche son chat et surtout son avenir : bref, du sens.
 
Côté distribution, c’est fait. Ces dernières années, ce secteur a payé au prix fort son écot dans la déstructuration d’un secteur ou comment rendre une organisation plus faible en quelques années. C’est maintenant au tour de l’édition d’entrer dans la valse et, bien sûr, de la technique. Le départ du grand patron de ce secteur, Jo Guégan, ne constitue pas en soi un événement mais plutôt une clarification
 
Malheureusement, il ne suffit pas de venir d’Harvard ou de sortir de Polytechnique pour engager l'entreprise sur la voie du progrès. Il n’est d'ailleurs pas sûr, au vu des résultats, que ces cocons républicains soient du meilleur tonneau pour apporter la créativité indispensable, l’audace et l’engagement, valeurs cardinales du moment…
 
Car, depuis dix ans, combien de salariés ont grimpé les échelons pour occuper des postes à responsabilité ? Très peu. L’exception. Les autres, la majorité silencieuse, ont été remerciés. On a préféré renouveler : du sang neuf, des têtes bien faites, des intelligences décapantes en haut de l’échelle ; pour le reste, un minimum de BAC+5 et du geek, svp.
 
Aujourd’hui, il faut y ajouter la pincée d’internationalisme, du genre « vous avez un parent américain ou australien ?  Bravo, signez ici ! ». Résultat finalement décevant, ambiance plombée, caricature du management, un contre-modèle qui pourtant perdure mais dans la douleur...
 
Au final, bien du désarroi y compris pour ces patrons qui rêvaient de l’entreprise et de ses attraits. Mais Canal+ n’est pas Sony.
 
  • Pourtant, Canal va renaître culturellement et va retrouver sa niaque car cette entreprise conserve dans ses fondements toute la vitalité, l’intelligence, les capacités à se dépasser.
Pour cela, il faut un électrochoc, du changement, une autre méthode. Une méthode basée sur la confiance, une méthode où le discours rejoint l’action opérationnelle, une méthode où le salarié redevient un partenaire et non une charge sur une ligne budgétaire dont le trait doit s’amincir d’année en année.
 
Canal+ va fêter ses 30 ans l’an prochain : 30 ans, c’est l’âge de raison, c’est aussi et encore l’âge de toutes les audaces. Pas de ces audaces galvaudées, écrites et aussitôt balayées, servant de vernis pour une communication éculée. Non, une véritable révolution culturelle pour nous remettre sur le chemin de l’engagement, de la croyance, du partage, du respect… Cette entreprise le mérite.

Canal+ possède les ressorts pour se réveiller, affronter cette concurrence déloyale du Qatar, même si ceux-là sont favorisés par de nouveaux partenariats d'entreprises d'État, pour relever les défis technologiques, pour s’internationaliser avec succès… Mais pour cela, il faut un cap clair et partagé, des moussaillons en pleine forme à la manœuvre, il faut des chefs de bords bien positionnés, une vigie pour voir loin, une communication ouverte, débridée, simple et de vérité. Bref, un bon électrochoc.

C’est dans la difficulté que l’on se révèle. Pour relever le moral des troupes, la fête n’y suffira pas. Nous avions des propositions à formuler car entre déprime et volontarisme, notre choix est sans faille, allons-y au service de cette belle aventure mais dans le respect et la clarté.
 
Côté histoire, regardons ailleurs comment certains s'en sortent. Lorsque le grand couturier Courrège réembauche ses anciennes mains, aujourd’hui en retraite, pour former de nouvelles et jeunes compétences et relocaliser des emplois partis en Chine, lorsqu’Apple faisait revenir son ancien patron pour sauver un navire à la dérive, avec à l'arrivée de belles réussites.
 
Plutôt que de jeter le bébé avec l’eau du bain nous ferions bien de regarder dans le rétroviseur et de lancer quelques bouées en direction de ceux qui ont bâti, construit, les succès passés pour mieux préparer notre avenir.
 
Celui-ci ne se trouve pas seulement dans les grandes entreprises du luxe ou chez nos concurrents. Nous avons en interne de quoi faire fructifier un terreau novateur et génial. Il suffit de poser quelques tuteurs, d'arroser à bon escient et les couloirs pourraient à nouveau bruisser de bonnes nouvelles.
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