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07 / 03 / 2023 | 72 vues
Jacky Lesueur / Abonné
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« Notre inscription en tant que syndicat nous octroie une légitimité incontestable » - Hélène Guillet, Syndicat National des Directeurs Généraux des Collectivités Territoriales

Entretien avec Hélène Guillet, nouvelle Présidente Nationale du Syndicat National des Directeurs Généraux des Collectivités Territoriales ( SNDGCT).
 

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Hélène Guillet, Présidente Nationale du Syndicat National des Directeurs Généraux des Collectivités Territoriales / Crédit photo Anne-Charlotte Compan

 

Pouvez-vous nous présenter le SNDGCT ?

 

Le Syndicat National des Directeurs Généraux des Collectivités Territoriales existe depuis 1948 et nous sommes devenus, au fil des ans, les représentants des directions générales, DGS et DGA territoriaux. Cette organisation professionnelle compte près de 4000 adhérents femmes et hommes répartis sur le territoire national. Autant de profils qui symbolisent la diversité des territoires et de nos fonctions : de secrétaires de mairie à dirigeants de grandes collectivités, en communes, intercommunalités, établissements publics… Nos adhérents représentent un puissant réseau professionnel et un solide maillage de proximité au plus près des réalités de l’action publique locale, au travers des 22 unions régionales et des 90 sections départementales.

 

Notre raison d’être, c’est la défense des intérêts de nos adhérents et plus largement des agents publics dans l’exercice de leurs délicates fonctions auprès des élus. Nous œuvrons pour la promotion et le développement d’une action publique moderne, vertueuse et inclusive avec l’ensemble des équipes de travail.

 

Notre inscription en tant que syndicat nous octroie une légitimité incontestable. Notre posture est celle d’une organisation professionnelle non partisane qui travaille en étroit lien avec l’ensemble des parties prenantes de l’action publique : gouvernement, administrations centrales, associations de territoriaux et d’élus, partenaires privés et publics, etc. Nous sommes reconnus et régulièrement auditionnés par les différents organes nationaux, conseil d’Etat, cabinets, parlementaires…Nous produisons également un très grand nombre de réflexions et de documents sur tous les sujets d’action publique, de société et à enjeux, auxquels nous sommes confrontés au quotidien, en tant que directions générales.

 

Le service public et la décentralisation sont nos moteurs. Aujourd’hui, en plus de nos problématiques professionnelles classiques, nous sommes confrontés à des défis territoriaux vertigineux. Nous avons fait le choix de la coopération et des collectifs de travail et de production. Nous avons aussi fait le choix de contribuer aux mises en synergie et d’agir avec détermination, humilité et lucidité.

 

Quel rôle doivent tenir les directions générales face aux considérables défis territoriaux ? 

 

Les directions générales portent une responsabilité singulière : comprendre et traduire la commande politique, élaborer les stratégies correspondantes, impulser les mises en œuvre, souvent aussi agir directement.  Elles sont également les garantes d’une action du quotidien pragmatique et respectueuse des finalités du service public : bien commun, équité, responsabilité sociétale au sens large.

 

Pour cela elles doivent intervenir avec souplesse, finesse et une grande détermination. Nos membres font de l’assemblage humain, technique et financier. Sur tous les territoires, quels que soient les collectivités et les établissements publics, les DGS et les DGA servent de réceptacles aux complexités, et font face à de nombreuses sources de tensions. Impossible de s’en sortir seul : s’ajoutent donc à cela la nécessité d’un leadership approprié, une capacité de pilotage stratégique et managérial et, point crucial, une étroite coopération avec les élus, au premier rang desquels maire ou présidence.

Le métier est complexe, difficile et passionnant.

 

Vous avez été récemment élue à l’unanimité à la Présidence Nationale, quels seront les piliers de votre feuille de route pour le mandat 2022/2025 ?

 

Mon projet « Agir pour l’avenir » s’articule autour de trois axes majeurs, et une méthode centrée sur la coopération et les collectifs de production.

 

Le premier consiste en la réaffirmation des fondements du syndicat : la promotion, la valorisation et la défense de nos métiers.  Notre mobilisation sans relâche autour de la reconnaissance de nos champs de responsabilité, et l’accompagnement et le soutien des collègues DGS et DGA, restent deux priorités. Cela suppose d’être au fait des préoccupations de terrain, des besoins de nos 4 000 adhérents et des attentes de nos futurs membres. C’est la raison pour laquelle je serai très présente dans les régions tout au long de cette année 2023.

 

La deuxième orientation concerne nos capacités contributives et d’influence sur tous les sujets à enjeux et les chantiers ouverts par le gouvernement : attractivité de la fonction publique territoriale, égalité, rémunérations, retraites, sobriété énergétique, au cœur de l’actualité, mais aussi diversité, qualité de vie et conditions de travail, place des agents au sein des gouvernances, transitions et responsabilité sociétale…Nous avons des points de vue élargis de spécialistes de l’action publique et du management territorial à faire valoir. Nous sommes mobilisés pour contribuer activement sur tous nos champs de compétences.

 

Enfin, la troisième orientation concerne l’élargissement de nos coopérations. Je souhaite que nous soyons à l’impulsion de nouvelles mises en synergies et en réseau, de partenariats étroits, de passerelles publiques privées, et de co-productions avec toutes celles et ceux pour qui une action publique humaniste et performante a du sens.

 

On vous voit régulièrement prendre la parole sur la nécessité et l’urgence de revaloriser les métiers de direction générale dans les collectivités territoriales. Comment peut-on les rendre plus attractifs ?

 

En premier lieu parlons responsabilités, fonctions, sens de ce métier et reconnaissance, car comment attirer alors même que ces fonctions restent inconnues, ignorées parfois même.

 

Parlons aussi relation équilibrée avec le ou la cheffe de l’exécutif politique, dans le plus grand respect des légitimités réciproques : politiques et démocratiques, bien évidemment incontestée des élus, stratégique et managériale pour les directions générales. Je pense que chacune et chacun doit pouvoir occuper pleinement sa place et jouer son rôle dans une organisation sans lutte stérile de pouvoirs ou de leadership. Et cela vaut pour cet indispensable équilibre entre autorité territoriale et DG, gage de réussite et de succès de la mise en œuvre des politiques publiques. Parlons également rémunération et conditions d’emploi, trajectoire professionnelle.

 

Ce qui est vrai pour les fonctions de direction générale est avéré pour l’ensemble des métiers territoriaux, avec des décrochages constatés au fil des ans notamment qui contribuent fortement à ce désintérêt pour les métiers territoriaux et ces grandes difficultés de recrutement auxquelles sont confrontés les employeurs publics.

 

Notre approche est globale et nos contributions et propositions embrassent l’ensemble des questions d’attractivité de la fonction publique : par exemple, revalorisation des grilles, mesures offensives sur les champs de l’égalité professionnelle, intégration des primes tout ou partie pour le calcul des retraites, interventions offensives en matière de conditions de travail.

 

Nous pensons également que nous devons nous intéresser davantage aux motivations des jeunes générations à nous rejoindre et de développer des dispositifs leur permettant de nous connaître : services civiques, actuellement peu répandus dans la fonction publique territoriale, introduire la possibilité des contrats de professionnalisation etc.  Toutes les voies qui permettront aux jeunes de découvrir les opportunités de carrière dans la fonction publique, notamment territoriale, doivent être empruntées. Toutes celles qui contribueront à fidéliser nos équipes méritent d’être mises en œuvre ainsi que toutes les mesures qui faciliteront le maintien dans l’emploi public dans de bonnes conditions. Sans agents publics, c’est le service du quotidien qui est mis en péril, ni plus, ni moins.

 

Au SNDGCT nous ne voulons pas nous contenter de réfléchir et constater, nous agissons, en tant que dirigeant territorial. 

 

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