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05 / 11 / 2020 | 239 vues
Christine Fourage / Abonné
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Modèles vivants : bilan du premier confinement et inquiétudes au commencement du second

Bilan au niveau des rémunérations et du chômage partiel. Les employeurs publics sont les moins vertueux (enseignement supérieur, Éducation nationale et collectivités territoriales) (...)

 

Sur la rémunération

 

De nombreux employeurs n’ont pas honoré les séances de pose des modèles planifiées puis annulées sans contrepartie durant le confinement, de mars à juin. En début de confinement (mars 2020), de rares écoles d'art et ateliers se sont engagés à rémunérer les séances des modèles annulées jusqu’à juin.


En Île-de-France, les écoles ECV, LISAA, Atelier de Sèvres, Strate collège, Georges Méliès, ENSBA, ABA de la DAC, CIFACOM etc, certaines associations (Artistes du Chesnay, Académie Meudon, centre d’art de la Garenne Colombe et, en province, à Valenciennes (École Rubika) ou à Nantes (École de Design) ont rémunérés les modèles.


Certaines structures octroyant un quota d’heures mensuelles aux modèles (ENSBA Paris) ou des stages en juillet (ABA de la DAC) ont trouvé d'autres solutions. D’autres encore ont reporté les séances en mai/juin ou en septembre.


Pourtant, certains employeurs ont fait la sourde oreille, notamment les structures relevant directement de la fonction publique (lycées publics) et des collectivités territoriales (DASCO et DAE de la Ville de Paris, mairies d’Île-de-France) ou indirectement par les associations qu’elles financent via des centres culturels. Au mépris de toutes convenances, ces employeurs ont opposé le silence aux demandes des modèles ou arguer du fait qu’aucun contrat de travail ne les liant au modèle les heures programmées n’étaient pas dues.


Cet argument est d’autant plus sordide que l’usage dans ce secteur d’activités (qu’il convient de dénoncer) veut que le contrat de travail soit signé une fois la prestation réalisée.
 

Rappelons quand même que les inscriptions et les budgets étaient en cours au moment du début du confinement. L’argument financier ne saurait prospérer !
 

C’est pourquoi, à la rentrée 2020, les modèles vivants ont de nouveau demandé la rétribution des heures programmées et annulées sans contrepartie durant le confinement aux employeurs (qui ne les ont pas pris en compte).


Après quatre mois sans emploi, suivis de deux mois d’été où ils n’ont pas travaillé, les modèles sont dans une situation critique alors qu'un nouveau confinement se met en place.

 

  • De nouvelles annulations sont à prévoir


    Le couvre-feu et le deuxième confinement sont synonymes d’annulation de pose. Les modèles n’ont aucune garantie de conserver leur rémunération ou leur emploi pour les séances de pose dans le cadre associatif (ateliers) programmés, par exemple le soir.


    C’est déjà le cas avec Paris Ateliers qui annule ses cours sans prévoir de rémunération pour les modèles, à l’instar de ce qu'il s’est passé lors du premier confinement. D’autres établissements d’enseignement (comme l’Institut Sainte-Geneviève Paris VI) embrayent le pas.

 

Sur le chômage partiel
 

À la précarité du multi-emploi que les modèles vivants subissent, s'ajoute la précarité des contrats de travail (CDD d’usage dans le privé et vacations dans le public). De telle sorte que, dans de nombreuses situations, la très grande fragmentation de la relation contractuelle empêche les modèles d’avoir des droits au titre de l’indemnisation du chômage partiel, quand ils ne sont tout simplement pas « oubliés » par certains employeurs qui ne les déclarent pas éligibles à l’activité partielle. C’est le fait du prince qui prime et les modèles travaillant toute l’année et depuis de nombreuses années pour les mêmes employeurs, dont la prestation est décrite dans les programmes pédagogiques, sont soumis au bon vouloir de directions amnésiques. Là encore, les employeurs publics sont les moins vertueux (enseignement supérieur, Éducation nationale et collectivités territoriales)
 

Zones de non-droit
 

Au mépris du respect de la dignité des salariés et de leurs obligations contractuelles et déontologiques, des employeurs imposent l’e-video aux modèles vivants, sans possibilité de s'y opposer. L’acceptation de poser face à une caméra devient un mode de recrutement préalable, parfois même un chantage à l’emploi. C’est par exemple le cas à Penninghen, la Grande chaumière ou encore Intuit Lab.
 

Faut-il rappeler que l’activité de modèle vivant n’a aucun intérêt ni aucun sens lorsqu’il s’exerce derrière un écran, en télétravail. La profession nécessite de poser en présentiel pour protéger l’image de chacun : les modèles ne sont ni des objets ni de la main d’œuvre numérique, quelles que soient les modalités de la pose, nus ou costumés.
 

Leur image captée par des caméras ne peut être fixée et ré-exploitée sans cadre légal sans protection de leur personne et de leur intimité, quand bien même cela se produirait dans un cadre professionnel.
 

Pour sortir de l’ornière, il faut un statut du modèle vivant qui assure la sécurité de l’emploi, des conditions de travail dignes et qui permette de s’extraire de la précarité de « permittent »
 

Les demandes des modèles vivants ont été relayées par le SNPEFP- CGT, la FERC- CGT. Le député André Chassaigne est intervenu auprès du Ministre de la Culture Franck Riester pour attirer son attention sur la situation que vivent ces professionnels. À ce jour, Roselyne Bachelot qui lui a succédé n’a pas répondu à ses sollicitations.

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