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06 / 02 / 2020 | 151 vues
Karen Gournay / Abonné
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Mise en place du CSE : premiers constats, nos craintes se confirment...

À peine quelques semaines après la disparition définitive des CE, DP et CHSCT au profit des CSE, notre confédération s’alarme de nouveau.


Le 1er janvier, toutes les entreprises tenues de mettre un CSE en place auraient dû procéder à des élections. Or, à ce jour, beaucoup d‘entre elles ne bénéficient plus de représentation du personnel. Comment, dans ces conditions, garantir la défense des intérêts des salariés ? Comment espérer maintenir un véritable dialogue social ?
 

Le comité d’évaluation des ordonnances (piloté par France Stratégie) a mis en place un groupe de travail visant à mesurer la qualité du dialogue social dans notre pays. Or, force est de constater que cette première entorse ne permet pas de garantir cette « qualité »…

Au contraire, les remontées de nos structures et de nos représentants de terrain confirment les craintes exprimées par notre organisation syndicale lors de la mise en place des CSE : de nombreux signes témoignent d’une dégradation générale de ce dialogue social, y compris au sein des entreprises qui ayant mis leur CSE en place en temps et en heure.
 

  • En effet, nos élus sont confrontés à des ordres du jour à rallonge qui entraînent une discussion souvent trop rapide sur certains sujets. Les réclamations auparavant présentées par les délégués du personnel ont du mal à trouver leur place dans les réunions, notamment parce que la loi a omis d’en déterminer les modalités dans les entreprises d’au moins 50 salariés.
  • On constate également des difficultés, pour certains élus, à efficacement exercer leur mandat, d’abord en raison de l’élargissement de leurs attributions mais également de la réduction du nombre d’élus, sans compensation en termes de moyens.
  • En outre, dans bien des entreprises, auparavant découpées en établissements distincts et ayant fait le choix de centraliser leur CSE, les élus se retrouvent éloignés du terrain, ce qui rend l’exercice de leur mandat plus difficile. Le refus de permettre aux suppléants de participer aux réunions du CSE n’a d’ailleurs fait qu’accroître ces difficultés.
     

Nos inquiétudes se portent également sur la protection de la santé et la sécurité au travail. Nous n’avons eu de cesse de rappeler nos craintes liées à la disparition des CHSCT et les premiers mois de fonctionnement des CSE ne nous ont pas rassurés sur ce point.
 

La pratique montre clairement que les anciens CHSCT n’ont pas été remplacés par les commissions de SSCT, ni en quantité puisque les CSSCT ne sont obligatoires qu’à partir de 300 salariés (contre 50 pour les CHSCT), ni en qualité (les CSSCT n’ayant pas la personnalité morale, donc pas de budget, ni la possibilité de recourir à un expert). On constate même une régression en termes de formation à la santé, à la sécurité et aux conditions de travail puisque dans Le CSE en 117 questions-réponses, récemment publié par le Ministère du Travail, les élus CSE ont vu disparaître leur droit à cette formation spécifique, au bénéfice des seuls membres de la CSSCT, s’il en existait une.
 

Forte de la motivation et de l’investissement de ses militants, notre organisation syndicale souhaite que le comité d’évaluation des ordonnances fasse état de ce constat sans langue de bois.

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