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31 / 03 / 2020 | 377 vues
albert papadacci / Membre
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Korian : escalade d'engagement pour une soumission librement consentie

Témoignage d'un salarié de Korian :


« Je suis en arrêt depuis le 23 mars et très affaibli (en attendant le résultat du test covid-19). J'avais été fixé ASD au cinquième étage les 19 et 20 mars 2020 (tous les collègues étaient en arrêt de travail dans cette équipe), nos seules protections étant un masque chirurgical pour toute la journée, des gants et des tabliers en plastique !
 

Quelques sur blouses sont arrivées vendredi 20 mars au soir, en nombre limité pour l'équipe du cinquième (dotation du week-end, samedi-dimanche et lundi matin).
 

Ce soir, lundi 30 mars, les moyens pour protéger nos vies et celles de nos résidents sont toujours insuffisants ! Le masque chirurgical sur la journée semble toujours être la norme ! J'avais cru comprendre que des masques chirurgicaux seraient distribués dès la semaine dernière dans nos établissements (avec une dotation supplémentaire pour les établissements comprenant des gens atteints covid-19 ou soupçonnés de l'avoir contracté). Qu'en est-il des masques FFP2 (« bec de canard ») ?

Nous sommes en colère ! Nous ne sommes pas des héros mais dans le cadre de cette pandémie du covid-19. Des sacrifiés car nous ne sommes pas protégés !

Combien faudra-t-il de victimes pour toutes les mesures de protection soient prises ?

Si toutes les mesures de protection avaient été prises dans nos établissements, tous les salariés aujourd'hui en arrêt de travail seraient encore opérationnels. Ceux qui le sont encore sont en danger et souffrent grandement.
 

Des tests de covid-19 doivent être systématiquement effectués auprès de nos résidents et de tous les salariés.
 

Il en va de la vie de nos résidents et de la vie de tous les salariés et de leurs proches (certains collègues ont contaminé leurs proches et leurs enfants) !
 

Même des moyens d'hygiène ou d'entretien n'ont pas été mis à la disposition des salariés (notamment pour prendre des douches) ».


Protégez nos aînés, voilà ce que disait notre président il y a quelques jours. Voilà ce qu'il se passe aujourd’hui.
 

Les salariés n’ont pas de masque et vont de chambre en chambre sans protection ni pour eux ni pour les résidents. Nos résidents ne sont ni testés ni hospitalisés : voilà les recommandations ! Il faut établir des priorités.


Le personnel des EHPAD ne peut se rendre complice de ce genre de procédures. Nous ne voulons pas laisser mourir nos aînés dans leur chambre, seuls, sans leurs familles et sans faire le maximum pour leur santé. Notre métier est de prendre soins de nos résidents et de les accompagner vers leur fin de vie, certainement pas d’y mettre fin par souci d’économie !


Après nous avoir méprisés pendant plusieurs années, nous avoir gazés lorsque nous demandions de meilleures conditions de travail, on nous demande de nous rendre complices d’un « laisser mourir nos résidents ». Cela s’appelle de la non-assistance à personnes en danger et nous dénoncerons chaque cas !

 

Direction collégiale
 

Tous les jours, nous sommes à l'écoute de nos collègues désemparés, devant affronter des directives changeantes et incohérentes. Cette période ne serait-elle pas plus propice à instaurer une direction collégiale, en l'absence de supérieurs hiérarchiques (dans certains établissements, représentant chaque corps de métier au sein de notre établissement ? Où chacun opère dans son domaine de compétences, avec des responsabilités partagées, mettant la légitimité de la délégation en valeur ? Au lieu de déléguer le pouvoir à un petit groupe de personnes dont le métier n’est pas le soin et laisser ces gens sans connaissance du métier d'autrui interférer. En cette période anxiogène, d'insécurité et délétère, l'autoritarisme de certains (qui ne pensent qu'à profiter de la situation, en prenant les autres comme marche-pied à leur propre ascension) est affligeant, là où il faudrait de la pédagogie, de l'empathie et beaucoup d’humanisme.


Le seul souhait serait qu'après ce malheureux épisode qui succède à la grippe et à la gastro et qui laisse tout le personnel sur les rotules, nous n'oublierons pas de remercier toutes « ces petites mains de l'ombre » et tous ces autres corps de métier qui se sont dévoués afin de penser au bien-être d'autrui en toute abnégation. Que la pyramide des valeurs soit inversée, que toute cette chaîne humaine soit remerciée à sa juste valeur et que, pour une fois, se pérennise la reconnaissance de leur « sacrifice ».

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