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13 / 05 / 2020 | 160 vues
Mathilde DESPAX / Membre
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Plan de formation : outil indispensable pour la réussite de la transition écologique des entreprises

Outre le fait de faire émerger de nouveaux marchés, la transition écologique modifie le fonctionnement historique de l’ensemble des secteurs d’activité. À l’image de la révolution déclenchée par l’arrivée du numérique dans les entreprises, la modification de la demande en produits et services plus responsables par les consommateurs, couplée aux nouvelles réglementations, imposent des changements drastiques de fonctionnement ou de production aux entreprises. Ces changements ne pourront être menés à bien sans la montée en compétences rapide des salariés sur ces nouveaux enjeux, tous secteurs confondus.
 

Ademe

Publié en juillet 2019, le dernier rapport d’activité de l’observatoire national des emplois et métiers de l’économie verte synthétise les nouvelles compétences que les professionnels devront acquérir dans certains secteurs d’activité.


Métiers des transports et de la logistique

« éco-conduite, optimisation des trajets et des ressources, taux de chargement des véhicules, nouvelle organisation de travail (intégration des chaînes en amont pour la prise en compte des conséquences environnementales), nouvelles compétences techniques mises en œuvre (par ex. : « contrôle technique des performances environnementales des véhicules) en lien avec le développement de nouvelles activités, de nouvelles technologies et de l’utilisation de nouveaux produits ».



Métiers de l'industrie

« Au-delà de connaissances spécifiques, ces professionnels doivent intégrer de nouvelles préoccupations dans leurs travaux, notamment sur un usage économe des ressources, la possibilité d'utiliser des matières premières secondaires (matières recyclées), de prévoir des assemblages permettant le recyclage voire la réparation etc ».
 

Métiers de la construction et du bâtiment et des travaux publics

« Demande forte des clients pour l’utilisation de matériaux écologiques, la prise en compte de la biodiversité en milieu urbain notamment... Ces nouvelles approches impliquent une expertise plus pointue pour les professionnels concernés, laquelle doit désormais intégrer certaines compétences d’autres corps de métiers (analyse en amont des conséquences environnementales, interventions concertées avec d’autres professionnels pour répondre à l’exigence de performances énergétiques, rôles d’interface de conseil et de sensibilisation des chefs de chantier...) ».
 

Métiers d'assistance à l'entreprise (par ex. achats)

« Les acheteurs sont des leviers essentiels pour répondre à un certain nombre d'enjeux environnementaux (réduction de l'empreinte carbone pour les entreprises et les organismes, achat de produits respectueux de l'environnement et de la santé des êtres humains). Ils doivent intégrer de nouvelles compétences liées à l'environnement (risques, labels d’éco-conception...) dans leur quotidien professionnel »
 

L'adaptation nécessaire des plans de formation

L’adaptation des plans de formation doit refléter l’évolution des modèles économiques, qui ne sont plus seulement affectés par l’arrivée du numérique mais également de celle de la demande de responsabilisation écologique. À ce titre, rappelons deux articles essentiels du code du travail.
 

Article L 6321-1 : « L'employeur assure l'adaptation des salariés à leur poste de travail. Il veille au maintien de leur capacité à occuper un emploi, au regard notamment de l'évolution des emplois, des technologies et des organisations ».

Article L 6313-1 : « Les actions de formation qui entrent dans le champ d'application des dispositions relatives à la formation professionnelle continue sont :

1° les actions de préformation et de préparation à la vie professionnelle ;

2° les actions d'adaptation et de développement des compétences des salariés ;

(…)

14° les actions de formation continue relatives au développement durable et à la transition énergétique ».


Rôle des IRP
 

En entreprise
 

Rôle des délégués syndicaux
 

  • Gestion des emplois et parcours professionnels (GPEC)
     

Dans les entreprises de 300 salariés et plus (et les entreprises de dimension communautaire comportant un établissement d’au moins 150 salariés en France), une négociation sur la GPEC et sur les grandes orientations de la formation professionnelle est obligatoire tous les trois ans (possibilité d’une périodicité différente, par accord d’entreprise).
 

  • Définition des abondements au CPF
     

La loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel du 5 septembre 2018 a modifié la possibilité de négocier les modalités d'alimentation du compte personnel de formation (CPF) en entreprise. Ainsi, un accord d'entreprise ou de groupe peut définir, parmi les actions de formation éligibles, celles pour lesquelles l'employeur s'engage à financer des abondements en droits complémentaires.
 

  • Encadrement de la politique de formation
     

Les délégués syndicaux peuvent prendre l'initiative de négocier sur la formation professionnelle, permettant ainsi d'expliquer la stratégie et la politique de formation afin d'adapter un certain nombre de mesures à la spécificité du secteur d’activité.

 

Rôle du comité social et économique
 

Le CSE est informé et consulté en matière de formation dans le cadre de deux consultations annuelles récurrentes : les orientations stratégiques de l’entreprise (orientation de la formation et développement des compétences) et la politique sociale de l’entreprise (évolution des emplois et des qualifications et actions de formation).
 

En vue de ces consultations, l’employeur met de nombreuses informations sur les formations en cours et prévues, notamment celles relatives à l’évolution des compétences en matière de développement durable et à la transition énergétique à la disposition des élus du CSE, dans la base de données économiques et sociales (BDES) (selon l'article L 6313-1 du code du travail).

 

Au niveau des branches professionnelles
 

La branche constitue le cadre privilégié de négociation sur la formation professionnelle. Plusieurs acteurs l’ont compris et l’on retrouve des engagements en faveur de l’évolution des compétences dans divers secteurs :
 

  • Fin 2017, La Fédération de la plasturgie et des composites et les organisations syndicales représentatives de la branche ont signé un accord-cadre national qui concerne la mise en œuvre d’un engagement de développement de l’emploi et des compétences dans leur secteur :

« L’accord répond à un enjeu crucial pour les entreprises, qui doivent adapter leurs organisations et leurs modes de production aux évolutions des marchés, à l’émergence de nouveaux produits plus respectueux de l’environnement et aux mutations industrielles… Cela impacte l’évolution des métiers, notamment en termes de numérique et de transition écologique », dit Florence Poivey, présidente de la Fédération de la plasturgie et des composites.

 

  • En avril 2019, c’est la filière automobile qui a signé son accord-cadre national d’engagement de développement de l’emploi et des compétences dans lequel on retrouve également l’importance d’anticipation des effets liés à la transition écologique.

« L’ensemble de la filière automobile fait face à des disruptions technologiques et sociétales fondamentales, induisant de réelles ruptures dans le modèle historique de la filière : conséquences de la transition écologique, véhicules autonomes et connectés, nouvelle motorisations (hybrides, électriques, à gaz et à hydrogène), nouveaux usages et solutions de mobilité. Dans la construction automobile, le développement de l’automatisation et de l’intégration numérique des processus de fabrication (usine du futur) fait également évoluer les métiers, leur répartition et les besoins de compétences en profondeur » (intégralité de l’accord à retrouver ici).

 

  • Les 19 branches professionnelles de l’Opcommerce l’ont également compris, en signant un accord-cadre national (ici) comprenant deux axes majeurs, début 2020 :

  1. aider les entreprises du commerce à la transition écologique les entreprises,

  2. et anticiper les métiers et les compétences nécessaires à venir.
     

La réussite de la transition écologique des entreprises est conditionnée à l'évolution efficace et anticipée des métiers impliqués. Tous les acteurs prenant part à la démarche doivent se mobiliser pour orienter les plans de formation des salariés vers ces nouvelles compétences. Représentants des intérêts des salariés, les IRP ont un rôle essentiel à jouer dans ce domaine.

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