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13 / 12 / 2017 | 6 vues
Denis Garnier / Membre
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La santé au travail ne relève pas du service de santé au travail ?

Par Denis Garnier et Max Masse
Nous avons lu avec grand intérêt un entretien du Docteur Hugues Leloix, médecin coordinateur du groupe PSA, entretien mené par les Éditions Législatives. Ce médecin du travail affirme que « la santé au travail ne relève pas du service de santé au travail ». Cette affirmation peut prendre un caractère péremptoire si l’on s’arrête au seul titre de l’article. Notre analyse adoucit en quelque sorte ce caractère et nous a offert une nouvelle occasion de débattre.

Denis garnier > Que dit ce médecin du travail ?

« Concernant la prévention chez les personnes en situation de travail, on engage chaque salarié à exprimer les difficultés qu'il peut avoir dans la réalisation de son travail et d'être très attentif aux modifications de son ressenti. Si d'habitude il fait un geste et que brutalement il a des difficultés à le faire, on lui demande d'en parler à son responsable au plus vite afin de traiter le problème avant de ressentir une douleur et de devoir consulter. L’objectif est d’agir le plus en amont et le plus rapidement possible pour éviter la survenue de TMS ».

C’est effectivement essentiel dans une démarche de prévention dont l’efficacité ne peut reposer que sur l’expression des salariés qui sont confrontés à une difficulté. Mais ici, l’expression du salarié en difficulté s’adresse directement à son responsable, son cadre de proximité, son N+1, dit-on par ailleurs. D’où la question des éditions législatives : « Le salarié ne transmet donc pas ces gênes à son manager, lors de la visite médicale ? ».

Réponse du médecin du travail :

« Oui, au manager. Je suis convaincu que la santé au travail ne relève pas du service de santé au travail. Nous sommes conseillers de l'entreprise et des salariés mais si c'est le médecin qui est seul responsable de la santé, cela ne peut pas marcher ».

Le titre est donc un peu trompeur. En fait, « la santé au travail ne relève pas du seul service de santé au travail ».

Max Masse > Le manager une notion floue

Le terme générique de « manager » concerne tout le monde et personne.

En fait de manager, pour PSA, il faut comprendre toute la chaîne de décision actionnaire / dirigeant / encadrement supérieur et chaîne descendante des autres niveaux d’encadrement alors que dans une TPE, cette chaîne est considérablement réduite.

Denis Garnier > L’engagement du manager est essentiel mais ne suffit pas.

En tout état de cause, si l’engagement du « manager » est essentiel, il ne suffira pas à traiter toutes les situations.

La réponse collective paraît incontournable et c’est d’ailleurs ce que présente ce médecin du travail dans la suite de son propos.

« Dans chaque établissement, existe une structure virtuelle qui réunit le secrétaire du CHSCT, le médecin du travail, l'assistante sociale et le DRH du site. On convient de s'appeler si on prend connaissance d'une situation critique. Ce réseau de vigilance nous permet de ne quasiment pas passer à côté de ces situations. Nous sommes maintenant très sensibles à la façon dont on peut aider les managers à être plus pertinents ».

L’organisation de ce réseau de vigilance au cœur de laquelle se retrouvent le secrétaire du CHSCT, le médecin du travail, l'assistante sociale et le DRH est très pertinente. Ce réseau interagit de manière informelle au quotidien, au plus vite et au plus près du travail. Il prend en compte le signalement du salarié et appuie le responsable qui est trop souvent isolé dans ce type de situation. C’est un gage de réussite pour améliorer, la qualité du travail, de la vie au travail, des conditions de travail et donc les performances de l’entreprise.

Max Masse > L’idée d’un réseau de vigilance est séduisante

Oui, l’idée d’un réseau de vigilance et d’une équipe virtuelle qui interagissent au quotidien de manière informelle est très séduisante. C’est à la fois :
  • un espace de communication sur les mots et les maux du travail ;
  • un enjeu d’action et de construction individuelle et collective de connaissances, de compétences et de partage d’expériences du travail réel ;
  • une source de professionnalité pour chaque personne et de professionnalisation pour le collectif de travail.
La notion, en quelque sorte, de devoir d’alerte au premier moment d’une difficulté (au moment où le travail se fait) me plaît tout autant. Elle illustre le partage de responsabilités entre les parties prenantes chacun pour ce qui les concerne :
  • les uns signalent les situations et s’engagent pour en tirer le plus grand bénéfice à la fois pour leur santé et pour le travail ;
  • les autres peuvent se donner les moyens d’agir rapidement et de réguler (plus ils tardent et plus ils montrent qu’ils se désengagent ?).

Denis Garnier > Le passé comme ressource d’avenir

Ainsi, « la santé au travail ne relève pas du seul service de santé au travail » ?

Le groupe PSA a su tirer un enseignement des erreurs du passé. Que ces éléments de réponse puissent inspirer la chaîne de décision, de l’employeur à l’encadrement supérieur et aux autres niveaux d’encadrement.

Un signalement, une écoute, une réponse, peut-être des éléments de la recette du bien-être au travail ?

 

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