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04 / 06 / 2009 | 2 vues
Jacky Lesueur / Abonné
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Audiovisuel public : poursuite de la grève à RFI

L’épreuve de force se poursuit à Radio France Internationale (RFI). La grève illimitée est entrée lundi dans sa quatrième semaine. À l’appel des principaux syndicats (FO, SNJ, CGT), le mouvement des personnels vise à obtenir le retrait pur et simple d’un plan «infondé» qui ne prévoit pas moins de 206 surpressions de postes, dont une centaine de journalistes, soit un cinquième des effectifs, ainsi que la fermeture de plusieurs rédactions en langues étrangères.

«Plutôt que d’ouvrir de vraies discussions avec les syndicats à l’origine de la mobilisation, la direction de la station a choisi de mépriser le mouvement, en diffusant beaucoup moins souvent que d’ordinaire les messages d’annonce de la grève à l'antenne sous le curieux prétexte de problèmes techniques, quitte à laisser dans l’ignorance les millions d’auditeurs, ensuite en fustigeant un mouvement "minoritaire", enfin en décidant de discuter avec deux organisations, la CFDT et la CGC) qui préfèrent accompagner le plan social», résume Patrice Chevalier, délégué syndical FO, dont l’organisation dirige le CE.

Depuis le 12 mai dernier, les salariés ont fait le choix d’une grève tournante pour être le plus efficace en perturbant les programmes. Pour autant, souligne les syndicats, cela ne veut pas dire que la mobilisation est minoritaire, le mode d’action est soutenu par la majorité des salariés qui abonde chaque jour le fonds de grève.

Malgré une décision de justice qui a suspendu le 12 mai la procédure pour défaut d’information et consultation du CE, la direction n’a toujours pas fourni tous les documents nécessaires à l’appréciation du plan social par les représentants des salariés. Il manque notamment ceux relatifs à la mise en place de la holding Audiovisuel Extérieur de la France (AEF) devant officiellement chapeauter RFI, France 24 et TV5 Monde à partir du 5 juin.

«Après la dernière réunion du CE, nous ne savons toujours pas quelle sera la répartition du budget dans l'AEF entre les différentes entités. Nous sommes dans le flou total quant à notre avenir, étant donné que nos dirigeants refusent toujours de nous fournir les termes du contrat d'objectif et de moyens (COM) négocié entre l'AEF et l'Etat», souligne Patrice Chevalier .
 
Le refus de communiquer ces informations conforte chaque jour un peu plus les syndicats dans l’idée que le plan social est lié aux éventuelles synergies de personnel attendues par le président de la holding, Alain de Pouzilhac, et non aux difficultés financières ou encore à la prétendue faible audience avancées par la direction. «Le but de l’opération est de redimensionner les effectifs de l’AEF en faisant porter l’effort à RFI (46 millions d’auditeurs réguliers) plutôt qu’à la chaîne de télé France 24 (950.000 spectateurs) Cherchez l’erreur !», fulmine FO.

Pour l’heure, c’est le dialogue de sourd entre les deux parties. Quoi qu’il arrive, l’intersyndicale (FO, SNJ, CGT) a prévenu qu’elle n'accepterait aucun licenciement sec. Mais, pour la directrice déléguée de RFI, Geneviève Goetzinger, «on ne peut pas s'engager à ce qu'il y ait zéro licenciement contraint car il n'est pas sûr qu'on trouve 206 candidats au départ». En attendant, un communiqué de la direction a annoncé vendredi soir, qu’elle avait négocié, avec la CFDT et la CGC, un projet d’accord qui «sera soumis, avant signature, au Comité d’Entreprise du 9 juin».

  • Pour sortir de l’impasse, l’intersyndicale a demandé à l’Elysée la nomination d’un médiateur. En vain. La seule intervention publique de l’exécutif sur le sujet est celle du secrétaire d’Etat à l’Emploi, Laurent Wauquiez, qui a promis dimanche de veiller, notamment à ce que les journalistes de RFI puissent «rebondir» dans des secteurs «où il y a des «débouchés» comme «l'événementiel» ou «les agences de conseil en stratégie». Les intéressés apprécieront.
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