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24 / 04 / 2014 | 7 vues
Sylvain Thibon / Membre
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Le 1er juillet, 180 jours de carence...

Avec l’accord signé le 22 mars 2014 par les syndicats CFDT, FO et CFTC, les droits des cadres et notamment des seniors vont encore souffrir.

Le couperet va tomber le 1er juillet. À partir de cette date, les salariés qui quitteront leur entreprise après une rupture conventionnelle ou un licenciement subiront un délai de carence de 180 jours, au lieu de 75 jours aujourd'hui.

Le délai de carence est la période située entre la rupture définitive du contrat de travail et le moment où l'on perçoit sa première indemnité de chômage. Seuls les licenciements économiques échapperont à ce nouveau dispositif et continueront de bénéficier d'un délai de 75 jours.

Issu d'un accord signé le 22 mars dernier par les syndicats CFDT, CFTC et FO, il dégrade la situation des futurs chômeurs qui seront tous pénalisés et parmi eux, les cadres et les agents de maîtrise notamment.

L’indemnité perçue au titre de la rupture du contrat de travail ne permettra plus à ces salariés de se constituer un matelas de sécurité en attendant de retrouver un emploi. Avec cette disposition, cette indemnité perd tout son sens premier, c'est-à-dire avant tout le dédommagement du préjudice subi par le salarié qui est licencié.

Le fait de porter le délai de carence à 180 jours avant de pouvoir toucher une allocation chômage est inacceptable. Cela revient à réaliser des économies sur le dos des salariés licenciés et particulièrement sur la population des seniors qui, souvent après une rupture de contrat, se retrouvent dans l'impossibilité de se repositionner sur un marché du travail qui leur est fermé.

L’indemnisation de la rupture du contrat est censée compenser un préjudice, pas suppléer les carences de l'assurance chômage. C'est pourquoi notre syndicat a dénoncé cette iniquité, ces petits arrangements conclus rapidement dans la nuit du 21 au 22 mars.

L'accord signé le 22 mars va générer quelques économies mais ne va en aucun cas résoudre les difficultés de l'UNEDIC. Il ne constitue en rien la réforme qui doit être engagée pour le redressement des comptes du régime de l'assurance chômage.

Ce n'est pas raisonnable car une autre réforme va également diminuer l'allocation des personnes ayant un salaire de plus de 2 042 € par mois.

Les cadres fortement mis à contribution

Les cadres dont le régime génère 39 % des recettes de l'assurance chômage et 18 % des dépenses seront à nouveau fortement mis à contribution par cet accord. Cette mesure va permettre de racler quelques centaines de millions mais avec pour contrepartie un coût social généré par le malaise grandissant et le ras-le-bol des cadres. 

Le calcul comptable est simple : les cadres licenciés retrouvant plus rapidement un emploi que les autres salariés et l'allongement du délai de carence vont faire qu'un grand nombre d'entre eux ne touchera pas d'allocations chômage avant le terme des 180 jours...

Dans le contexte actuel du marché de l'emploi, pénaliser ainsi les cadres et les agents de maîtrise (notamment les seniors) est injuste et contre-productif. Imaginer que cela pourrait accélérer les processus de repositionnement professionnel est illusoire. 

Le véritable effet de cette mesure « provisoire » sera de plonger nombre de salariés dans une insécurité financière et sociale plus grave. C'est pourquoi nous considérons qu'elle constitue une mauvaise mesure parce qu’elle ne résout rien sur le fond du dossier de l'assurance chômage, tout en participant à l'aggravation de la situation de salariés touchés par la perte de leur emploi.
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