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06 / 10 / 2014 | 4 vues
Didier Cozin / Membre
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La formation deviendra-t-elle un jour simple et accessible en France ?

Le compte personnel de formation a-t-il du plomb dans l'aile avant même d'avoir vu le jour ?

À quelques semaines du lancement officiel de la réforme de la formation (janvier 2015) et alors que plus de 30 décrets de loi manquent toujours à l'appel pour le mettre en œuvre, des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent pour critiquer ce qui apparaît comme un nouveau coup d’épée dans l’eau : une réforme de la formation en trompe-l’œil qui engendrera toujours plus de lourdeurs et de complexités dans un univers qui en est perclus.

 

Le compte personnel de formation est censé remplacer avantageusement et simplement le droit individuel à la formation, neuf mois après le vote de la loi personne n’est capable de dire encore à quoi il ressemblera et surtout si jamais un jour une majorité de salariés pourra en bénéficier. Le titre ou le chèque formation permettrait de donner enfin aux salariés le pouvoir d'acheter leurs prestations de formation. Les obstacles principaux à la formation en France tiennent en sa complexité, aux intermédiaires qui s'interposent avant la formation et au peu d'efficacité de ses financements.

 

 

Depuis 1967, le ticket-restaurant a fait ses preuves et permis aux salariés de déjeuner en étant soutenu par leur employeur, pourquoi ne pas s'inspirer d'un tel système pour la formation en dotant chaque salarié d'un pouvoir d'achat de prestations de formation ?

 

L'idée n’est pas nouvelle et était déjà inscrite dans l'ANI de septembre 2003 mais elle n'a pas été reprise dans le texte de loi de mai 2004. Le chèque formation est sans doute une solution pour limiter les intermédiaires et sortir du parcours du combattant pour le stagiaire.

 

Il existe en France un procédé infaillible pour reporter aux calendes grecques l’application d’une mesure éducative, aussi généreuse soit-elle ; ce moyen consiste à créer un droit (ou aujourd’hui le compte de formation) et à le doter chichement et graduellement.

Si, en 1967, le « ticket-restaurant » avait été créé sur le modèle du CPF ou du DIF, que se serait-il passé depuis ?

 

Les pouvoirs publics auraient demandé aux entreprises de cotiser à hauteur de 5 % des sommes nécessaires pour restaurer leurs salariés. Ces sommes insuffisantes pour assurer la restauration de tous auraient été mutualisées afin qu’un organisme collecteur les redistribue suivant des critères très opaques. Les salariés auraient cumulé des titres restaurant pendant des années sans pouvoir les utiliser. Dix ou vingt ans après l’invention du titre restaurant les partenaires sociaux se seraient réunis et auraient décidé d’accorder un droit supérieur pour se restaurer, par exemple le droit de prendre 2 repas par jour mais avec des financements encore plus limités que précédemment.

Au final et après 45 années d'existence, personne ou presque n’aurait pu utiliser ces titres restaurant mais le droit formel de se restaurer aurait existé. Le titre formation serait peut-être trop simple et efficace pour être adopté.

 

Ce système a été « oublié » par la loi de mai 2004 (certes, on a mis la charrue mais on a oublié les bœufs) mais cette idée de chèque formation pourrait refaire surface quand on aura mesuré dans quelques mois l'échec (annoncé) du compte personnel de formation. Il est dès lors permis d'espérer qu'en 2020 ou 2025, il deviendra aussi facile et naturel de partir en formation que de déjeuner aujourd'hui entre collègues le midi dans un restaurant proche de son lieu de travail. 

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