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12 / 06 / 2023 | 373 vues
Rodolphe Helderlé / Journaliste
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GEPP

Mobilité, formation : comment négocier une GEPP qui inspire confiance aux salariés

VAE, co-financement du CPF, entretien professionnel, congé de mobilité...: un accord GEPP ne doit pas ressembler à un catalogue de dispositions légales. Voilà qui explique pourquoi beaucoup de ces accords ne sont pas opérationnels.  Le 12 mai, Syndex a donné à voir une autre approche du sens que pouvait avoir un accord GEPP dans le cadre d'un direct organisé en partenariat avec Miroir Social.


 

Pour avoir du sens, une GEPP doit être ciblée.  Elle ne peut pas être générale au risque de ne relever que de l'affichage.  "Il y a nécessité d’identifier les enjeux économiques et sociaux sur la base d’un diagnostic pour parvenir à un consensus sur les intérêts respectifs des salariés et des directions", souligne Samuel Pasquier, consultant chez Syndex. 


Tant chez Enercon que chez Ouest France, les accords GEPP accompagnés par le cabinet n’ont concerné qu'une partie des activités et donc des salariés. Ceux de l'installation chez le fabriquant / opérateur d'éoliennes allemand et les ouvriers du livre metteurs en page chez Ouest France.

 

Chez Enercon (700 salariés en France), l'accord de GEPP triennal 2021-2023 intègre donc le diagnostic conduit par Syndex sur les enjeux qui se posaient sur les emplois de la partie installation dans  un contexte de baisse d'activité et de menace d'un PSE. Une passerelle entre les emplois menacés dans l'installation vers ceux de la maintenance est identifiée. "Les salariés qui installent les éoliennes sont issus du bâtiment. S'ils n’ont pas de compétences en électromécanique, ce sont eux qui tirent tous les câbles. Nous avons levé la barrière mentale qu'ils avaient pour se projeter sur les métiers de la maintenance", explique Karim Nedjar, négociateur CFDT de cet accord et désormais secrétaire métallurgie des Hauts de France. Sur la centaine de techniciens d'installation, quatre ont pour le moment franchi le pas de se former alors que 25 % s'étaient déclarés prêts à une mobilité professionnelle. Pas de quoi éviter un PSE mais il faut préciser que le siège allemand a entre-temps réorienté sa stratégie en mutualisant les ressources humaines de l'activité installation au-delà des pays de rattachement dans un groupe présents dans quasiment toute la zone Europe . "Malgré cette stratégie de mobilité inter pays, l'accord n'est pas perdu et il va d'ailleurs être reconduit. Nous avons démontré que la passerelle était possible et c'est une porte qui reste ouverte à ceux qui souhaitent évoluer sans qu'il y ait pour autant la menace d'un PSE", ajoute Karim Nedjar.

 

En 2010, chez Ouest France, c'était une GPEC ou un PSE pour les 80 ouvriers monteurs en page. Ce sera la voie plus responsable de la GPEC avec une direction qui a considérablement investi (1,9 millions d’euros) pour financer une formation de 18 à 24 mois pour faire passer entre 2010 et 2014 les ouvriers de monteurs à secrétaire de rédaction avec le statut de journaliste. Au coût direct des formations s'ajoute celui des CDD qu'il a fallu recruter pour remplacer les CDI. "La nouvelle direction n'est plus sur cette ligne alors qu'il y aurait besoin d'une GEPP pour les 45 ouvriers du livre en poste sur la partie fabrication car les volumes imprimés ne cessent de baisser", souligne Franck Guillot qui était secrétaire du CSE tout au long de l'accord qui s'est appliquée en priorité aux monteurs.. Et celui- ci de préciser, "la direction ne mesure pas les gisements de compétences que développent leurs salariés. A la fabrication, certains ont de solides compétences en informatique ou multimédia par exemple”.

Prévention de l'usure professionnelle

Pour Carole Taudière, consultante chez Syndex, "à l’heure du recul de 2 ans de l’âge de départ à la retraite, il est désormais plus que jamais indispensable d’intégrer l’enjeu de la prévention de l’usure professionnelle, tant physique que psychologique, dans les accords de GEPP".  Chez Enercon, la GEPP est ainsi un levier pour éviter l'usure car le taux des inaptitudes est important sur les métiers de l'installation qui conjuguent plusieurs sources de pénibilité.


Dans les secteurs de la santé et du médico-social, la prévention de l'usure professionnelle est aussi un vrai sujet. "Tant dans le public que dans le privé, la gestion prévisionnelle des métiers et des compétences répond aux besoins exclusifs des directions dans une stricte logique de pilotage de la masse salariale. L'intérêt des agents n'est pas pris en compte. La liberté de pouvoir évoluer vers d'autres métiers moins usants est un leurre car il y a pénurie de personnel. Seule la voie diplômante est un gage de sécurisation des parcours or la priorité va à l'approche par les compétences et aux certifications", considère Anissa Amini, aide soignante et secrétaire générale adjointe de la Fédération SUD Santé Sociaux.


La prévention de l’usure professionnelle commence en effet par reconnaître les capacités d'évolution des salariés qui occupent les postes les plus exposés. "Cette reconnaissance doit se faire avant que l'usure devienne irrémédiable", conclut Carole Taudière.