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26 / 01 / 2022 | 351 vues
Patrice Clos / Abonné
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La pénurie de chauffeurs dans le transport routier de voyageurs est orchestrée par les organisation patronales

Alors que plusieurs régions lancent des campagnes de recrutement pour le secteur du transport routier des voyageurs (TRV) et investissent des fonds publics pour aider ces entreprises de TRV, certaines précisent que les augmentations de salaires pour le secteur du TRV peuvent faire l’objet d’un cofinancement « région et entreprise de TRV ». Qu’un président de région précise : « Peu attractif en termes de rémunération et avec un rythme de travail atypique, le métier de chauffeur de car n’attire clairement pas les candidats ».

 

La pénurie de salariés dans le secteur du TRV a fait couler beaucoup d’encre ces derniers mois (il en manquerait 16 000 au niveau national). Mais cette pénurie orchestrée, planifiée, organisée et arrangée par les organisations patronales depuis des années et évidemment aidée et accompagnée par ceux qui se reconnaîtront, semble sans réelle solution.

 

Globalement, il appartient aux dirigeants des entreprises du TRV et de l'autorité organisatrice de la mobilité (AOM) de sortir d’une logique de course au moins-disant social et de revoir leurs politiques économiques et sociales afin d’offrir une meilleure rémunération aux salariés ainsi que de meilleures conditions de travail, vecteurs essentiels pour attirer davantage de candidats. De plus, une rémunération valorisée et un bien-être au travail pourraient être des atouts d'attractivité des métiers du TRV et permettre une meilleure fidélisation des salariés.

 

Aujourd’hui, dans la grande majorité des entreprises de TRV, la rémunération des salariés est calculée selon les grilles des salaires de la convention collective. Ce qui place les plafonds de rémunération très bas et les entreprises de TRV ne souhaitent aucunement dépasser les minima. Cette organisation et ce système de gestion des entreprises et des AOM est un frein considérable au recrutement car, au demeurant, la rémunération est faible compte tenu des amplitudes, des responsabilités et des conditions de travail.


Notre fédération :

  • affirme que l’unique objectif des entreprises de TRV et des organisations patronales (FNTV et l’OTRE) est de générer des bénéfices massifs, au détriment des salariés et des contribuables ;
  • et condamne fermement l’attitude désinvolte et l’inertie des organisations patronales, des entreprises de TRV et des AOM menant à la diminution du pouvoir d’achat et à l’appauvrissement croissant des salariés du TRV.

 

Si rien ne bouge rapidement, notre organisation appellera à une forte mobilisation des salariés du TRV.

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A moins d’un retournement improbable, impensable, les NAO 2022 devraient se terminer lundi 31 janvier par la signature de certaines organisations syndicales et patronales.

Nous pouvons, nous, à la FNTL FO/UNCP, faire une analyse et tirer un premier bilan de cette NAO TRM 2022.

En pleine pénurie de recrutement de conducteurs routiers, mais pas que, puisqu’il manque aussi des agents de quai, des exploitants, des cadres…

Bref, le transport routier n’attire plus les salariés en général.

 

De nos principales revendications initiales qui sont : une hausse de salaire à +10%, le 13ème mois conventionnel, la carence maladie, la pérennité du CFA… que reste-t-il ?

 

Le 13ème mois : balayé. Le CFA : plus tard. La carence maladie de 5 jours à 3 jours : devient la carence hospitalisation pour salariés et enfants. Sur les salaires, la mise en application au lendemain du 1er jour du mois suivant la signature de +5% sur les taux conventionnels (et non sur le SMIC) et le +1% au mois de mai, ne font jamais +6% mais à peine +2%. De plus, sachant que 40% des entreprises du transport sont adhérentes à une organisation patronale, que 10% des entreprises n’ont aucun salarié, 50% des salariés devront attendre l’extension des accords pour pouvoir en bénéficier. Et cela peut durer jusqu’à 1 an de décalage, nous venons d’en vivre l’expérience avec le dernier accord salarial sur le transport routier voyageur.

 

Alors, quand certaines organisations syndicales crient « au loup » dans les médias radio, télé, presse écrite en disant « halte à la smicardisation des salariés des transports » mais que cela fait 10, 15 ans qu’elles signent ces accords et qu’elles s’apprêtent encore à en faire de même cette année. Cela nous laisse plus que perplexe, nous, à la FNTL FO/UNCP.

 

Certains qui prônent l’intersyndicale permanente comprendront mieux pourquoi nous à FO/UNCP « nous préférons être seuls que mal accompagnés sur certains sujets ».

 

Et puis est arrivée de la partie patronale, la revendication du délai de préavis pour les conducteurs : de 7 jours à 1 mois. Si pour la CGT et FO il n’en est pas question, pour la CFTC et la CFDT cela peut se concevoir mais à 14 jours avec, pour argument, harmoniser avec le Transport Routier Voyageur.

Et quand FO ou la CGT disent « mais en TRV ils ont l’ancienneté jusqu’à 30 ans et le 13ème mois conventionnel » : pas de réponse !

Deux autres accords sont arrivés sur la table. 1 sur la santé, l’autre sur la prévoyance (incapacité). Même si cela améliore les choses pour les salariés, on aurait pu croire, dans la façon dont cela a été présenté, que c’était un cadeau de la partie patronale. Et bien non ! Puisque les améliorations sur la santé et la prévoyance seront en partie payées par une hausse des cotisations, coté salarial aussi !

 

En conclusion, nous savons que l’inflation atteindra environ +4% à la fin du 1er semestre. Que les prix de l’alimentaire s’envolent. Que les prix de l’énergie explosent et que si les patrons du transport routier disent que pour eux aussi, ils mentent aux salariés, car ils ont la clause « Bunker » qu’ils peuvent répercuter sur leurs clients. Sils ne le font pas c’est qu’ils ne veulent pas perdre leurs clients et donc faire payer « le juste prix du transport ». Mais de cela, les salariés ne sont en rien responsables.

 

Pour la FNTL FO/UNCP l’urgence ce sont les salaires et le 13ème mois.

Le passage du délai de préavis de 7 jours à 1 mois, même 14 jours est un recul majeur.

La carence hospitalisation, même si c’est un très petit pas, ne touchera presque pas les salariés.

Les accords santé et prévoyance sont une amélioration mais pas un cadeau, car payés aussi par la hausse des cotisations.

Au final, le constat est accablant et affligeant pour les salariés du Transport Routier Marchandises, les NAO 2022 leur couteront plus qu’elles ne leur apporteront.

La Fédération Nationale des Transports et de la Logistique FO/UNCP ne signera aucun de ces 4 accords.