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27 / 08 / 2015 | 11 vues
David Mahe / Membre
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Comment faire pour animer et rendre plus efficace les espaces de discussion dans l'entreprise ?

Pour être efficaces, les « espaces de discussion », préconisés par l’accord national de 2013 sur la qualité de vie au travail, doivent se centrer sur une fonction très précise : responsabiliser. Voici pourquoi, et comment…

S’exprimer sur le travail ? La grande majorité des salariés et managers s’accorde à dire que c’est important et que c’est déjà largement possible… Selon le sondage Harris Interactive de mars 2015 (1), 70 % des salariés ont déjà le sentiment de pouvoir s’exprimer facilement sur leur travail. Selon cette enquête, les occasions ne manquent pas : temps d’échange informels avec les collègues et le responsable, entretiens annuels, réunions d’équipe etc.

Pourtant, l’accord national interprofessionnel du 19 juin 2013 sur la qualité de vie au travail (QVT) préconise la mise en place d’une pratique nouvelle dans les entreprises : les « espaces de discussion ». Cette proposition est présentée comme un moyen concret et efficace pour améliorer la QVT.

Commencer par faire fonctionner ce qui existe

Alors pourquoi une structure formelle de plus ? Précisons d’abord que ces espaces de discussion ne doivent surtout pas être conçus pour compenser les lacunes des outils existants. Des problèmes d’organisation ? Les réunions d’équipe sont faites pour les traiter. Des dysfonctionnements à remonter à la direction ? Les responsables et les représentants du personnel sont là pour ça.

C’est un point de méthode important : avant d’introduire une nouvelle pratique, commençons par faire fonctionner celles qui existent déjà. N’oublions pas que la complication organisationnelle, cette tendance naturelle à la superposition d’instances, de comités, d’outils et de circuits de décision, est aujourd’hui le premier facteur d’intensification du travail (2).

Ceci étant dit, les espaces de discussion peuvent remplir une fonction fondamentale, et non couverte par les dispositifs en place. Pour Hervé Lanouzière, directeur général de l’ANACT, les espaces de discussion doivent produire un « dialogue professionnel », complémentaire du dialogue social (3).

  • Quelle différence avec le dialogue social ?

Le dialogue professionnel est un lieu d’enrichissement mutuel entre personnes exerçant le même métier. L’enjeu principal n’est pas de remonter des problèmes ou des dysfonctionnements, mais d’enrichir les pratiques et de favoriser l’initiative par le partage.

Libérer l’ingéniosité et l’initiative


Nous pensons que les espaces de discussion doivent remplir une fonction très spécifique : instituer un cadre dans lequel des professionnels mettent en commun leur expertise et leur ingéniosité, pour imaginer de nouvelles solutions et de nouvelles pratiques de travail. Il s’agit d’offrir un espace où l’on partage entre confrères, c’est-à-dire entre détenteurs d’une expertise dans un même domaine, qui ont à cœur de faire un travail encore meilleur et qui leur ressemble.

Par conséquent, dans un espace de discussion, on passe l’essentiel du temps d’échange sur des problèmes qui peuvent être résolus à notre niveau et sur des décisions qui peuvent être prises à notre initiative. Dans un tel cadre, la présence du responsable est souhaitable mais en tant que confrère également. Un contributeur comme les autres…

Des gains en termes de bien-être et d’efficacité

À condition que les participants aient pu exprimer leurs frustrations par ailleurs (via les outils existants), les bénéfices des espaces de discussion ainsi définis sont importants.

Le premier bénéfice est opérationnel. Il s’agit de donner vie au principe de subsidiarité, en faisant en sorte que les professionnels s’autorisent à faire preuve d’initiative pour traiter les problèmes ou pour saisir les opportunités. Les gains d’efficacité peuvent être considérables. Pour reprendre la formule de Jean Kaspar (4), il s’agit de « libérer la parole pour libérer l’intelligence ». En mettant en place ces espaces de discussion, mieux vaut avoir envie d’être surpris par les initiatives qui en ressortent.

Le second bénéfice s’exprime sur le terrain du bien-être au travail : en créant des espaces de créativité et de responsabilisation, on redonne confiance à chacun dans ses capacités d’action. On libère l’audace, l’initiative, et surtout le bonheur associé à ces deux attitudes. Pour reprendre le sentiment d’un participant, « s’autoriser à penser par soi-même, que c’est bon ! »

@JeromeTougne

(1) « Les espaces de discussion au travail », Harris Interactive, enquête réalisée du 23 mars au 1er avril 2015.
(2) Yves Morieux et Peter Tollman, 2014. « Smart Simplicity : six règles pour gérer la complexité sans devenir compliqué ». Éditions Les Belles Lettres.
(3) « Travail et Changement » n° 358, janvier-mars 2015, publication du réseau ANACT-ARACT.
(4) Jean Kaspar, compte-rendu de la conférence du 19 septembre 2013, Planet’Médiation.

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