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25 / 01 / 2019 | 174 vues
Eric Yahia / Membre
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Première réunion de négociation du CSE chez SAP : savoir qui dirige avant de définir les établissements

Suite à la signature d’un « accord de méthode dans le cadre de la négociation relative à la mise en place du comité économique et social », les DRH/DRS de SAP France organisaient ce jeudi 24 janvier 2018 une première réunion de « négociation » sur le « découpage électoral » dans le but d’identifier les « établissements » du futur CSE et les « représentants de proximité ».

Après un court exposé des éléments juridiques cadrant la définition des établissements au sens du CSE, les DRH/DRS se sont adressés aux syndicats en leur demandant comment ils envisageaient ces établissements.

Première à s’exprimer, la CFDT a considéré que la situation actuelle la satisfaisait : aujourd’hui, un seul établissement (au sens du comité d’entreprise) rassemble plus de 1 500 salariés (des commerciaux aux développeurs) mais leur chef direct peut résider aussi bien en France qu’en Australie ! SAP est une entreprise mondialisée génératrice de déplacements professionnels en avion à réaction…

Puis le tour de la CGT est arrivé. La délégation CGT a de nouveau demandé à connaître le schéma précis des prises de décisions chez SAP France : qui décide des budgets, qui décide des emplois et dans quel secteur, qui décide des formations, qui est en réalité responsable de chacune des grandes entités identifiées dans la filiale française : vente, conseil, formation et développement [1] ?

Il semble logique de connaître la structuration des décisions et des responsabilités avant d’envisager de définir les établissements. Cette demande de clarification est permanente lors des négociations dites de « dialogue social » mais elle n’est jamais satisfaite.

Certes, à l’instar de nombreuses organisations et entreprises, où les véritables décideurs ne s’affichent pas, mettant entre eux et le « public » des représentants, des porte-paroles devant les médias ou des petites mains pour signer les documents, SAP suit la même pratique en interne…

Ceux qui prétendent avoir le pouvoir de négocier ne sont pas ceux qui signeront l’acte final d’accord ou de désaccord. D’ailleurs, il n’est pas certain que les signataires de l’accord aient eu quelque pouvoir pour négocier les chiffres quantifiant cet accord. Les montants auront été fixés (tout au plus maximisés) quelque part dans l’administration « corporate ».

Dans ce jeu de dupes, les syndicats « constructifs » font mine d’obtenir de haute lutte ce que les représentants de l’employeur ont bien voulu leur présenter. Tout est une question d’apparences et de « storytelling ». Il faut bien raconter une histoire positive aux salariés !

En résumé, cette première réunion de négociation sur le CSE s’est achevée en laissant les délégués syndicaux réfléchir à ce que les établissements du prochain CSE devraient être, sachant que la direction ne veut qu’un établissement pour tout l’UES. Comme hier (et sans doute autant que demain), ils n’en sauront pas plus sur les décideurs de l’UES SAP France. Mais ils auront été consultés.

À la décharge des DRH/DRS qui représentent « l’employeur » dans ce bla-bla social, il est fort possible qu’elles ne sachent pas véritablement qui décide et de quoi chez SAP [2].

[1]  Dans le jargon d’une entreprise mondialisée comme SAP, on parle plutôt de « market unit », « digital business services », « education et P&I » pour « product and innovation ».
[2] Anecdote sur le conseil d’administration (CA) de SAP France datant de plus de dix ans. J’étais alors le représentant du comité d’entreprise au CA. Lors de la réunion, nous accueillions celui qui allait être le futur DG de SAP France. Dans un court discours de présentation, il a exprimé sa satisfaction d’intégrer une si belle entreprise qu’il avait connue de l’extérieur et qu’il pourrait ainsi mieux connaître de l’intérieur. Le président a alors éclaté d’un rire qui a été suivi de petits rires et de sourires contenus d’une assistance toute dévouée... Et le président d’expliquer qu’il était chez SAP depuis plus de dix ans mais qu’il n’avait toujours pas compris le fonctionnement de cette entreprise. Sincère ou pas, cette remarque me revient souvent à l’esprit quand j’observe nos attitrés dirigeants de la filiale française communiquer tous azimuts et restructurer à tous bouts de champ dès que le vent change de sens. Cela ne facilite pas les comparaisons. C’est peut-être cela l’objectif de ceux qui décident vraiment ?

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"Après l'annonce de ses résultats annuels, en hausse de 5%, SAP(?) dévoile un plan ... de restructuration ? Non ! Un programme de suppression de postes? Oui! Mais qui décide et comment ? Mystère .... https://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-sap-se-restructure-avec-4-400-suppressions-de-postes-dans-le-monde-74157.html