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28 / 05 / 2021 | 347 vues
Etienne Dhuit / Membre
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Crédit Mutuel Arkéa : il est temps de tourner la page

Un projet d’indépendance avorté, des remous en interne, des augmentations successives et autres primes de départ scandaleuses : l’ex-duo Denis-Le Moal aura tristement marqué la filiale bretonne du Crédit Mutuel de son empreinte.

 

À chaque fois qu’ils s’ouvrent dans la presse, c’est la même chose : ils provoquent l’ire du contempteur, la déclaration du politique et l’oubli des affaires. Les parachutes dorés ont beau ne jamais avoir le vent en poupe, ils volent toujours. Il convient de le redire : la pratique, le silence et l’inaction sont inadmissibles. Récemment, on a gravi un échelon dans l’absurdité de la pratique. Qui vise, pour rappel, à offrir des émoluments à des patrons, grands ou pas, lorsqu’ils quittent un navire, qu’ils aient rempli ou non leurs objectifs. En 2005, il y avait eu Carrefour et les 10 millions d’euros indus versés à son ancien président ; désormais, il y a le Crédit Mutuel Arkéa.

 

5 millions d’euros

 

Proche de la cinquantaine, Ronan Le Moal a passé la moitié de sa vie au sein de la banque bretonne, filiale du groupe mutualiste français (dont douze ans comme directeur général) avant d’en partir suite à un épisode houleux, lui qui avait voulu « offrir » son indépendance à l’établissement, de concert avec son PDG, Jean-Pierre Denis. Ce qui était déjà, pour une banque mutualiste, assez osé. Dans le document financier publié pour le compte de l’année 2020, on apprend désormais que Ronan Le Moal (démissionnaire) a perçu 5 millions d’euros l’an dernier, dont 3,25 millions d’euros « au titre de la cessation de son contrat de travail » et 714 000 euros « au titre de son épargne congés ». Quelqu’un a-t-il parlé de mutualisme ?

 

Ceci, évidemment, en toute méconnaissance du code AFEP-MEDEF, qui gouverne les entreprises cotées et interdit, au passage, à tout dirigeant quittant « à son initiative la société pour exercer de nouvelles fonctions » le versement d’indemnités de départ. Ce qui est en l'occurence ici le cas puisque Ronan Le Moal est parti d’Arkéa de son plein gré, pour aller bâtir un fonds d’investissement (Épopée Gestion) un peu plus loin. Ce n’est pas tout : « l’indemnité de départ ne doit pas excéder [...] deux ans de rémunération », selon le code. Or l’ancien directeur général de la banque bretonne a touché un total de 1,29 million d’euros en 2019. Il est vrai que l’ex-duo de tête chez Arkéa faisait une discipline de son augmentation, année après année…

 

Plus qu’un parachute doré douteux, la généreuse somme versée à Ronan Le Moal lors de son départ de la banque bretonne en 2020 et dont on n'a appris l’existence que tout récemment ressemble plutôt à un énième cadeau empoisonné de Jean-Pierre Denis à ses successeurs, lui qui vient de plier bagage. Clap de fin d’un règne teinté de polémiques en tout genre.

 

Tous les regards (et tous les espoirs) se tournent désormais vers Julien Carmona, récemment nommé au poste de président, et Hélène Bernicot, directrice générale de la banque, qui auront la lourde tâche de remettre le Crédit Mutuel Arkéa sur les rails du mutualisme.

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