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30 / 09 / 2022 | 75 vues
Alain Arnaud / Abonné
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Contribuer à modifier les règles d’un système économique dépassé devenu nocif, telle est la raison d’être du CIRIEC

Depuis quelques temps, nombre d’entreprises et d’organisations de l’Économie Sociale et Solidaire s’interrogent sur leur raison d’être. Conséquence de la loi Pacte, prise de conscience ou effet de mode ? Toujours est-il que c’est tant mieux, car il s’agit d’un exercice salutaire, d’autant plus nécessaire que notre société est entrée en mutation profonde et doit faire face aux grands défis du 21ème siècle, économique, social, écologique, dans un contexte géopolitique en dégradation.

 

Quoi de plus juste et de plus sain en effet, ne serait-ce que pour honorer la mémoire de leurs fondateurs, qu’elles veuillent se rappeler pourquoi elles ont été créées, pour quelle vocation, et comment elles envisagent de s’adapter aux grandes mutations, notamment en contribuant à l’intérêt général et aux communs de la société au moment où tout le monde doit se mobiliser en leur faveur. C’est donc une démarche positive, à la condition bien sûr qu’elles démontrent la réalité de leurs engagements et que ce ne soit pas à des fins de communication commerciale ou politique.

 

Le CIRIEC n’entend pas échapper à cet exercice, comme du reste il ne l’a jamais fait jusqu’ici. Toute son histoire, riche et originale, vient d’être publiée au travers des deux ouvrages, politique et scientifique, présentés à l’occasion du 33ème congrès international tenu à València en Espagne en juin dernier, et auxquels j’invite à se référer utilement : « Le CIRIEC 1947-2022 » et « L'économie d'intérêt collectif : 75 ans de recherches scientifiques » (1) . Selon cette histoire, le CIRIEC est fondamentalement une organisation internationale à vocation scientifique, dont le fondateur, le professeur Edgard Milhaud, souhaitait qu’elle s’intéresse aux modèles économiques qui favorisent l’intérêt collectif, seuls à permettre la stabilité du monde et la Paix, après des années de conflits mondiaux.

 

L’idée était de conjuguer le travail académique de chercheurs universitaires avec les réflexions de terrain de dirigeants d’organisations coopératives et mutualistes, d’entreprises nationales, d’organisations syndicales, ou encore de collectivités publiques. Il s’agissait non seulement de mener des recherches d’économie appliquée, mais aussi d’informer largement pour contribuer à nourrir une démocratie économique et sociale, dans une volonté d’émancipation des populations de toutes les exploitations et servitudes générées par le capitalisme industriel dominant.

 

Est-on aujourd’hui si loin des préoccupations et enjeux de l’époque ?

 

Même si le contexte est bien différent, il suffit de voir l’évolution de l’état du monde, la montée des inégalités et de la pauvreté, les appels pressants et sans discernement à la sobriété voire à la décroissance afin d’endiguer les dégâts sociaux et environnementaux produits par une économie mondiale débridée, pour se convaincre que finalement les mêmes causes produisent les mêmes effets. Naguère il y eut la révolution industrielle, les guerres et les épidémies. Aujourd’hui il y a la révolution numérique, les guerres sont à nouveau à nos portes, les pandémies s’installent, et en plus le climat se dérègle.

 

Cela justifie donc amplement que chaque acteur, individu ou organisation, s’interroge sur son rôle dans ce monde en grand changement, et s’adapte en conséquence, autant que possible en jouant collectif. Mais cela justifie aussi d’amplifier les réflexions, les témoignages de terrain et les recherches scientifiques pour éclairer les différents acteurs et les populations, à un moment où l’économie orthodoxe continue de répandre sa doxa sur la politique économique comme si rien ne se passait.

 

C’est bien la raison pour laquelle le CIRIEC a été créé, et la section française du CIRIEC s’engage plus que jamais à poursuivre dans cette voie. Il veut conforter ce rôle, qu’avaient voulu ses fondateurs, de point de rencontre d’universitaires, de dirigeants, de praticiens, d’élus politiques, désireux de promouvoir une économie fondée sur la sauvegarde de l’intérêt général et la réalisation d’une véritable démocratie économique et sociale.

 

C’est pourquoi nous appelons les chercheurs, les dirigeants d’organisations publiques et de l’ESS, les structures intermédiaires, toutes celles et ceux qui partagent nos convictions à participer à nos travaux, tout comme nous souhaitons participer aux leurs, et à conjuguer nos réflexions et nos expériences parce que l’heure est à la mobilisation générale.

 

À l’heure de la mondialisation, le CIRIEC-France bénéficie du vaste réseau scientifique du CIRIEC-International, de sa plateforme participative de connaissance multilingue « AGORA » et d’un support de publications référencé au niveau mondial, les « Annales de l’économie publique, sociale et coopérative ».

 

Cela constitue un atout considérable pour la réflexion commune, le partage des idées et le plaidoyer en faveur d’une économie plus sociale et solidaire, qui satisfasse les objectifs de développement durable et surtout qui soit garante de la paix. Contribuer à modifier les règles d’un système économique dépassé devenu nocif, telle est la raison d’être du CIRIEC

 

(1) L’économie d'intérêt collectif : 75 ans de recherches scientifiques / B. Thiry & P. Bance (dir.) - 2022 • CIRIEC International (uliege.be)

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