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17 / 03 / 2021 | 257 vues
Rodolphe Helderlé / Journaliste
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Murs Ouverts

Retour d’expérience satirique des relations entre salariés et élus au siège de la CGT

Dans Au royaume de la CGT, le journaliste Jean-Bernard Gervais chronique son expérience professionnelle de salarié au service communication de l'appareil confédéral CGT de 2016 à 2018 sur un mode satirique. La rédaction de cet ouvrage n’était pas préméditée à l’embauche. C’est la désillusion qui a nourri la motivation de l’auteur qui a préféré démissionner au bout de deux ans.
 

Entretien avec un auteur qui n’a certes pas mené un travail d’enquête mais dont l’histoire soulève des questions qui concernent, plus ou moins, toutes les organisations du travail au sein desquelles salariés et élus sont amenés à travailler ensemble : syndicats, CSE, associations, partis politiques…

 

  • Porosité des relations entre salariés et élus
     

À la lecture de l’ouvrage, les relations entretenues entre élus et salariés sont poreuses, sans filtre, au sein de l’appareil confédéral. Depuis le congrès de 2016, chaque service de la confédération est chapeauté par un élu. Les interférences avec les salariés sont nombreuses. « Certains élus ont tendance à ne plus faire la différence entre la logique du combat syndical où tous les coups sont permis et les relations qu’ils entretiennent avec les salariés du syndicat, quitte à en oublier le code du travail », considère Jean-Bernard Gervais. Dans les luttes d’influence entre les élus, certains salariés ne manquent pas d’être instrumentalisés. La porosité des relations entre salariés et élus est d’autant plus grande qu’une partie des recrutements de salariés ne repose pas sur les compétences attendues mais davantage sur leur niveau de relation avec les élus.
 

Si l’auteur explique que si une frange des « politiques » de la confédération est bien consciente de la nécessité de professionnaliser le recrutement des salariés, il n’en reste pas moins que la DRH n’est pas en position de force face au secrétariat général qui valide ou non toutes les entrées. Ce « bureau politique » orchestre également toute la politique des détachements qui se tend résolument à l’approche des congrès.
 

  • Décalages entre les discours et la réalité
     

Il y a d’autant moins de tampons entre les salariés et les élus politiques au sein de l’appareil que la notion de hiérarchie est effacée. Du moins en apparence. Les responsables des services sont ainsi des animateurs. Selon Jean-Bernard Gervais, « il y a une hypocrisie égalitariste et une réalité hiérarchique qui est en fait très verticale ».
 

L’ouvrage dépeint une ambiance de travail morose dans un siège qui ressemble plus à une « grosse administration » où l’on peut s’ennuyer ferme. De quoi contraster avec les attentes des salariés dans un contexte bouillonnant. Les positions confédérales (sur les 32 heures par semaine, par exemple) ne résonneraient d’ailleurs que modérément parmi les militants dans les entreprises.