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04 / 03 / 2011 | 1 vue
A Messaoud / Membre
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Où va la Société Nationale Immobilère ?

Quand une centaine de mal-logés manifèste devant le siège de la Société Nationale Immobilière, premier bailleur social en France, la direction de la filiale de la Caisse des Dépôts et Consignations n'a qu'une réponse : faire entourer son siège par d'importants renforts de police (vidéo ici).

La SNI est l'opérateur public numéro 1 du logement social, l'outil à travers lequel une politique permettant le relogement de tous peut ou non s'exercer.

Au moment où le nombre de demandeurs de logement social atteint des plafonds record, au plus haut niveau de la SNI, pourtant, le président du directoire ne propose rien  de moins que la vente de 10 % du parc HLM. Au moment où, de fait, les locataires de logement social sont quasiment les seuls à échapper à la précarité du logement, André Yché, le président du directoire de la SNI, remet en cause dans des notes de travail transmises à Benoist Apparu, cette stabilité protectrice, et s'attaque au principe du « bail à vie » pour les habitants des HLM.

Son raisonnement est simple : le secteur HLM serait beaucoup plus efficace s'il adoptait le fonctionnement du secteur privé. Mais plus efficace pour qui ? Pas pour la majorité de la population, qui subit aujourd'hui le fonctionnement du marché privé du logement.

Les personnes aux revenus modestes et moyens ne peuvent plus louer, à cause de la spéculation immobilière qui fait monter les loyers, suscite des congés pour vente, permet aux propriétaires de proposer des baux de plus en plus précaires à ceux qui n'ont pas le choix, à cause de la pénurie de logement social.

Elles ne peuvent pas non plus devenir propriétaires : l'accession « sociale » à la propriété est avant tout un endettement massif et 75 000 ménages ont récemment dû revendre leurs biens à perte, faute de pouvoir honorer les traites. Selon un article des Échos, aujourd'hui, avec la même somme d'argent, une personne ne peut acheter qu'un bien deux fois plus petit qu'il y a dix ans.

Voilà le résultat obtenu par le secteur privé en matière de logements : on ne voit pas où est le modèle qu'il faudrait suivre pour le logement social....

Certes, les propositions d'André Yche, qu'il résume dans un livre récent, n'ont rien d'original : la vente des HLM, la réduction maximale du nombre de logements sociaux, tout cela est aussi prôné par l'Union Nationale des Propriétaires Immobiliers. Mais André Yche est le président du premier bailleur social français, et ses « propositions » à Benoist Apparu sont assorties d'une offre de services : que la SNI devienne la société qui appliquera ces mesures. De fait, la SNI, ces dernières années a entamé cette mutation, en achetant des logements dans les beaux quartiers, notamment à Boulogne, pas pour en faire des logements HLM dans une ville qui en manque, mais des appartements prestigieux revendus aux prix du marché privé.

  • La SNI est également opératrice pour l'État en ce qui concerne certains parcs immobiliers publics, notamment les bâtiments de La Défense du quartier Ballard, qui seront désaffectés entre 2012 et 2014. Et André Yche, lorsqu'il propose la vente de ces bâtiments au privé, évoque une éventuelle transformation en logements sociaux comme un « risque économique ».

Demandeurs de logement sociaux, nous n'avons pas la même notion du « risque économique » : le risque que nous voyons pour notre part, c'est celui de la destruction du logement social, et de voir s'évanouir la seule solution à nos problèmes de mal-logement.

Mal logés en lutte, nous sommes venus dire à la direction de la SNI, que nous ne laisserons pas faire.

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