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17 / 12 / 2025 | 14 vues
Jacky Lesueur / Abonné
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Croissance résiliente sous tension

Ombretta Signori, Directrice de la Recherche Macroéconomique et Stratégie chez OFI INVEST AM, livre ses réflexions...et dessine , en l'état, les perspectives pour  2026 

 

Aux États-Unis, la polarisation se renforce au niveau politique, sociétal et économique. La demande intérieure repose sur la consommation privée des plus riches, le quintile supérieur représentant 40 % de la consommation totale, qui bénéficie également de l’effet de richesse lié à la hausse des marchés actions (un cercle vicieux). À cela s’ajoutent les investissements technologiques qui représentent près de 5 % du PIB.


Les dépenses des ménages à faibles et moyens revenus dépendent pour leur part crucialement de la tenue du marché du travail, qui est figé depuis un an, avec peu d’embauches et peu de licenciements.

 

Si la baisse de l’immigration a réduit le nombre minimal d’emplois à créer chaque mois pour éviter une hausse du chômage, des facteurs liés à la demande ont également pesé et le taux de chômage s’approche de 4,5 %, son plus haut niveau depuis quatre ans.

 

Le bilan des risques demeure ainsi baissier pour l’emploi. Toutefois, en 2026, la croissance américaine moyenne devrait rester proche du potentiel grâce aux baisses d’impôts, aux incitations aux investissements de la loi budgétaire, à la politique monétaire plus accommodante et à une incertitude commerciale moins élevée, bien que toujours présente.


Les tarifs douaniers étaient le principal risque pour l’inflation américaine cette année. Selon nos estimations, environ 40 à 50 % des droits de douane ont été répercutés sur les prix finaux, moins qu’en 2018 vu le contexte de demande moins dynamique.

 

Sous l’hypothèse qu’il n’y aura pas d’effet de second tour et que l’inflation du logement peut encore se modérer, l’inflation totale devrait refluer progressivement en 2026.


Compte tenu du contexte, la Réserve fédérale américaine - qui a déjà interrompu la réduction de son bilan - devrait encore assouplir sa politique monétaire. L’inflation est d’ailleurs un sujet de préoccupations pour l’électorat américain. Consciente de cet enjeu pour les élections de mi-mandat, l’administration Trump doit pondérer les bénéfices des recettes fiscales liées aux tarifs douaniers et leur coût potentiel en termes d’inflation.


2026 sera également marqué d’événements potentiellement impactants : la probable visite d’État de Donald Trump en Chine, la nomination d’un nouveau président de la Réserve fédérale américaine(1), et le lancement de la campagne présidentielle française pour 2027.


Malgré l’instabilité politique et les incertitudes commerciales, la croissance française a bien résisté en 2025.

 

Toutefois, ce sont la péninsule ibérique et les petites économies qui ont soutenu la dynamique de la zone Euro. Pour ces pays, le contexte devrait rester favorable, en attendant que l’Allemagne reparte avec les investissements du fonds spécial pour les infrastructures et des dépenses de défense. L’assouplissement des conditions financières, combiné à la baisse de la TVA et aux subventions sur les prix de l’énergie pour les industries à forte consommation énergétique, devraient soutenir la demande interne.
 

L’efficacité du plan allemand, c’est l’enjeu majeur pour la zone Euro, avec des risques liés à des retards ou à une allocation inefficiente des ressources .


L’impulsion devrait être néanmoins suffisante pour que la zone Euro affiche une croissance légèrement au-dessus de 1 %. La consommation devrait rester modérée mais positive, tandis que les investissements européens devraient se redresser progressivement au fil de l’année si l’incertitude commerciale se dissipe.

 

L’inflation ne devrait plus poser de problème : nous la prévoyons en moyenne sous les 2 % en 2026, avec un risque baissier. Si une déviation sous les 2 % était jugée durable par la BCE, la politique monétaire pourrait être ajustée en conséquence. En effet, la décision du Conseil européen de reporter à 2028 la mise en place du système ETS 2(2) devrait retrancher 0,2 à 0,3 point d’inflation des prévisions de la BCE en 2027.


(1) Voir notre analyse « L’indépendance de la Fed en questions ».
(2) Le système ETS 2 (pour « Emissions Trading System 2 ») est le nouveau marché carbone européen, un mécanisme de plafonnement et d’échange de quotas visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre dans des secteurs qui n’étaient pas couverts par le système ETS 1.

 

 

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