Participatif
ACCÈS PUBLIC
11 / 12 / 2025 | 9 vues
Jacky Lesueur / Abonné
Articles : 2125
Inscrit(e) le 04 / 03 / 2008

Comptes publics : en finir avec le n’importe quoi (qu’il en coûte)

Alors que le débat budgétaire, en l’absence de majorité, s’enlise au Parlement, et que les déficits publics s’annoncent toujours aussi importants, la France risque de perdre le contrôle de son endettement. Quel scénario pour éviter une correction brutale ?

 

Aucune des propositions actuelles, qu’elles portent sur les dépenses ou sur les recettes, n’a pris la mesure des ordres de grandeur nécessaires pour stabiliser notre dette.

 

 

Guillaume Hannezo Professeur associé à l’Ecole Normale Supérieure, ancien conseiller économique de François Mitterrand proposent dans leur note pour Terra Nova  une stratégie sur plusieurs années pour les comptes publics : un assainissement durable et juste suppose un large partage de l’effort.

 

 

Pour eux, la conclusion : pendant que rien ne se passe, « everybody knows », et l’épargne monte... le rétablissement de la confiance est de loin le plus important.

 

Car que se passe-t-il pendant que les partis politiques jouent au « blame game » pour convaincre leur clientèle que la solution du déficit se trouvera « chez les autres » (chez les immigrés, dira le RN ; chez les fonctionnaires, pour la droite classique ; chez les flemmards, pour le centre droit ; chez les très riches et les entreprises, pour la gauche) ?

 

Pendant que telle ou telle catégorie est tour à tour mise au ban, de sorte que plus personne n’a plus la moindre idée de l’environnement règlementaire et fiscal dans lequel il devra travailler dans les prochaines années ?

 

Pendant que les parlementaires utilisent la discussion budgétaire pour prendre des postures sur X et Tiktok ?

 

Pendant qu’ils inventent en séance des impôts nouveaux sans étude préalable juridique ni opérationnelle, ou augmentent les impôts existants sur des segmentations artificielles que l’optimisation va immédiatement contourner ?

 

Pendant qu’on arrive au point ubuesque où l’addition des amendements votés par des majorités différentes produit un volet « recettes » de la loi de finances que ne vote qu’un seul député, dans son quart d’heure warholien ?

 

Pendant qu’un consensus unanime admet que ces amendements ont rendu le budget insincère ?

 

Pendant enfin qu’on réfléchit à ce que tout cela se solde ou bien par un « shut down au ralenti », s’il faut voter une loi spéciale sur les services votés, ou bien par la remise en cause d’une tradition multiséculaire de consentement des représentants à l’impôt, qui remonte à la Magna carta ou aux États généraux, dans le cas où on recourrait à des ordonnances pour passer le budget dans sa version initiale ?

.../...

 

Ce qui se passe pendant ce temps-là, c’est que les entreprises ralentissent leurs investissements et les ménages leur consommation.

 

 

A l’évidence, ceci n’est pas l’indicateur d’une détresse financière des ménages, mais d’une détresse morale. La vérité est donc que les Français attendent d’être taxés, que ce soit par une hausse des impôts ou une baisse des dépenses publiques dont ils profitent. I Pour les auteurs de cette note, la France n’a donc plus besoin d’un plan de rigueur pour que sa conjoncture se dégrade.  A l’inverse, on peut espérer, si le sujet n’est pas pris trop tard, que le jour où un gouvernant tracera une voie crédible de rétablissement, complète dans la durée et justement et intelligemment répartie, ces anticipations se renverseront, de sorte que le retour de la confiance, qui joue sur des masses énormes, compensera, au moins en grande partie, l’effet de l’ajustement.


Mais il faudra que d’ici là, quelqu’un prenne le risque de dire la vérité.

 

Lire la note « Comptes publics : en finir avec le n’importe quoi (qu’il en coûte) »

Pas encore de commentaires