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25 / 02 / 2019 | 42 vues
Dejan Terglav / Membre
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Saint-Louis Sucre absorbe 65 % de baisse de production du groupe : 250 emplois directs menacés

Après plusieurs étapes de restructuration, notamment l’arrêt de l’activité de raffinage au site de Marseille, lors d’un CCE extraordinaire du 14 février dernier, Saint-Louis Sucre a annoncé aux représentants du personnel sa mise en application des directives de son actionnaire unique, le groupe allemand Südzucker.

En effet, le 29 janvier dernier, le groupe Südzucker a annoncé sa décision de réduire sa production annuelle de sucre de 700 000 tonnes, au moyen d’un plan de restructuration de son segment sucre. Pour atteindre son objectif, le groupe a annoncé la fermeture de sucreries dans plusieurs pays producteurs. (Allemagne 2, France 2 et Pologne 1).

Sur ces 700 000 de tonnes de baisse de production, Saint-Louis Sucre assumera 450 000 tonnes (65 % de la baisse totale) alors que Saint-Louis ne représente que 20 % de la production de sucre du groupe Südzucker.

Pour satisfaire à cette directive, Saint-Louis Sucre a annoncé l’arrêt des productions de sucre dans les sucreries de Cagny (14) 200 000 tonnes et Eppeville (80) 250 000 tonnes.

À Cagny, 90 salariés en CDI seraient licenciés, ce qui entraînerait la perte de 500 emplois directs et indirects (70 saisonniers, les 100 chauffeurs routiers qui livrent l’usine en betteraves, les chauffeurs qui livrent le sucre aux clients, les salariés des entreprises sous-traitantes, les commerces locaux etc.).

Les salariés en CDI de la sucrerie d’Eppeville verraient leurs contrats de travail transférés à la sucrerie de Roye, distante de 26 km, sans aucune mesure d’accompagnement social alors qu’aucun poste n’est actuellement disponible sur ce site.

Ce transfert n’empêchera pas la perte de 500 emplois directs et indirects (70 saisonniers, les 100 chauffeurs routiers qui livrent l’usine en betteraves, les chauffeurs qui livrent le sucre aux clients, les salariés des entreprise sous-traitantes, les commerces locaux etc.).

La filière agricole, elle, est également touchée de plein fouet. Au total, 3 000 exploitations agricoles devront cesser leurs productions betteravières. Vers quelles cultures pourraient se tourner ces exploitations agricoles sans déstabiliser d’autres filières agricoles ?

En complément de cette baisse de production de sucre, Saint-Louis Sucre a annoncé la quasi-fermeture du site de Marseille qui passerait de 62 CDI à 5 !

Par conséquent, 250 emplois directs sont en jeu, en plus des centaines d’emplois indirects auxquels s’ajoutent un millier d’emplois en balance dans le monde agricole.

Nos revendications 

Depuis 2016, notre organisation syndicale ne cesse de dénoncer la politique d’augmentation des productions de sucre (+25 % à +30 %) menée par les groupes sucriers européens. Ces choix ont entraîné une chute vertigineuse du prix du sucre. Cette course effrénée mène désormais les groupes sucriers dans une impasse financière, qui justifierait désormais des réorganisations industrielles et des suppressions d’emplois.

Rappelons également que, pendant des décennies, les actionnaires ont su s’enrichir sur le dos de la filière du sucre sans pour autant investir et entretenir nos sites de production de façon suffisante, tout en diminuant systématiquement le personnel, d’où des marches dégradées des usines et de nombreux accidents du travail.

Notre organisation syndicale :

  • regrette que le groupe Saint-Louis Sucre et le groupe Südzucker, n’aient pas entendu les nombreuses alertes des représentants du personnel (leurs choix déraisonnés nous mènent aujourd’hui vers un trou noir) ;
  • indique que la stratégie de baisse de production invoquée par Südzucker ne répondra pas la problématique de baisse du prix. En effet, cette production sera à l'évidence produite par les concurrents français et européens ;
  • et constate que cette annonce n’a en réalité que pour objectif de faire remonter le cours de son action…

Les syndicats FO rappellent :

  • que le bilan mondial du sucre est déficitaire de 1,5 million de tonnes sur le dernier exercice et que d’autres choix sont dès lors possibles. Un retour à une production raisonnée, avec un même nombre de sites de production éviterait des centaines de suppressions d’emplois tout en permettant le retour du prix du sucre à une valeur permettant à l’ensemble de la filière de vivre tout en améliorant les conditions de travail ;
  • que d’autres entreprises sucrières sont rentables, alors qu’elles sont soumises aux mêmes contraintes du marché mais que celles-ci ne sont sûrement pas soumises aux ponctions constantes et choix arbitraires de leurs actionnaires.

Nos syndicats de Saint-Louis Sucre travaillent actuellement d’arrache-pied pour trouver des solutions alternatives à ces fermetures annoncées, des contacts sont ainsi pris avec les représentants de la filière agricole et les représentants des régions et de l’État.

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