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23 / 11 / 2015 | 4 vues
Didier Cozin / Membre
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Le DIF dans la fonction publique, une bulle formation à 20 milliards d'euros (1ère partie)

Si le MEDEF (allié pour l'occasion à la CFDT) a eu la peau du droit individuel à la formation (DIF) des salariés du privé, c'est d'abord parce qu'il s'agissait d'une bombe à retardement financière, sociale et éducative (dix ans de capitalisation d'heures de formation sans volonté de mise en œuvre).

Cette bombe avait beau avoir été créée par les partenaires sociaux eux-mêmes en 2003 (et via la réforme de mai 2004), ces derniers se sont fait un plaisir de retirer le dispositif alors qu'il lui aurait manqué une dizaine d'années supplémentaires pour changer la formation en France.

En février 2014, la contre-réforme de la formation a donc enterré le DIF en un invraisemblable compte personnel de formation.

Mais le DIF n'est pas mort, il reste actif pour tous les salariés du public et une sacrée épine dans le pied de toutes les administrations.

Ces 6 millions de personnes ont accumulé près 600 millions d'heures de formation pour un coût total estimé à plus de 20 milliards.

En octobre dernier, le marronnier administratif qu'est la jaune budgétaire est paru. Comme tous les ans, cet épais document, annexe du projet de loi budgétaire, nous offre en matière de formation des fonctionnaires quelques informations utiles.

Le DIF des fonctionnaires de l'État (P 114 et 115 de la jaune budgétaire 2016)

« Le DIF est entré en application le 1er janvier 2008 ».

Le DIF a donc huit ans et le mécanisme cumulant (comme pour le privé) 20 heures de formation par an, ce sont bien 600 à 700 millions d'heures de formation qui ont été accumulées par les fonctionnaires depuis cette date.

En 2008, la Cour des Comptes estimait le coût d'une heure de DIF (dans le privé) à 42 euros par heure (rémunération comprise). Si l'on reprend cette (ancienne) estimation, c'est donc une vingtaine de milliards d'euros de droit à la formation que l'État doit à ses agents (soit plus du double de la dépense annuelle des administrations dans ce domaine).

Moins d'un DIF pour 1 000 salariés, c'est le ratio dans la fonction publique.

Les chiffres de réalisation du DIF dans les différents ministères sont assez aberrants, citons-en quelques uns (p. 115 de la jaune budgétaire).

  • En 2013, 9 610 personnes ont utilisé leur DIF dans l'ensemble des ministères (hors enseignants), totalisant 26 488 journées de formation.
  • Le ministère de l'Économie est le « champion » du DIF avec 2 554 personnes.
  • Le ministre de l'Intérieur suit avec 2 134 personnes (mais aucun chiffre pour les années précédentes).
  • À l'Éducation nationale (le plus gros ministère avec plus d'un million de fonctionnaires), le seul chiffre communiqué est 247 DIF (pour l'administration centrale).
    Pour le plus gros des effectifs (les professeurs), notre estimation est de 1 000 DIF dans l'année, soit un DIF pour 1 000 agents du ministère de l'Éducation nationale.

Pourquoi ces chiffres ? Comment expliquer un tel fiasco ?

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