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27 / 09 / 2013 | 46 vues
NOELLYNE BERNARD / Membre
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Être acteur (auteur) de son parcours professionnel

Des histoires collectives, dominantes, écrasantes informent notre représentation du monde économique.

  • Le chômage est plus élevé que jamais et beaucoup d’individus sont sans travail, il est très difficile de trouver un emploi.
  • Usines et entreprises ferment, les unes après les autres, y compris celles qui versent des dividendes à leurs actionnaires.
  • L’entreprise ne peut plus garantir l’emploi
  • Il faut partager le travail et être compétent.
  • Il faut aménager le temps de travail, le réduire et l’augmenter.
  • Il faut se reconvertir, être mobile, changer, s’adapter, être flexible…


Comment ne pas conforter et soutenir ces histoires dominantes qui contribuent à plonger les salariés dans un futur sombre, candidats au coaching, au bilan de compétences, en recherche d’emploi ou porteur de projet ou autres que je rencontre ? La relation de chacun avec ces histoires l’empêche d’envisager librement et aisément la suite de son parcours professionnel. 

  • Le devenir professionnel de chacun appartiendrait à l’entreprise, à la croissance, à la société, aux politiques…

Histoires alternatives

Comment les accompagner à dénicher des histoires alternatives suffisamment fortes ?

Comment, de façon pragmatique, pourrait-on contribuer à relier les espoirs et les rêves de ces candidats dans ce monde si inquiétant ?              

Il existerait une histoire, dans laquelle, il serait possible et simple, pour chacun,  de changer, d’avoir une activité professionnelle, un emploi (salarié ou pas), indépendamment de sa formation, de son âge, de ses expériences, de ses aptitudes, de son métier, de l’endroit où il habite, de son sexe, de son origine etc. de sorte à réaliser, de manière durable, le potentiel que chacun a en lui, cette histoire alternative aurait comme nom l’employabilité. Cela permettrait à l’individu de s’éloigner du contexte dominant, de se procurer un espace pour prendre en compte ses idées et ses convictions propres, son identité à travers ce que pourrait être son parcours de travail…

  • Comment les individus peuvent–ils devenir acteurs (auteurs) de leurs parcours professionnel ? Comment peuvent-ils regarder la question de leur devenir professionnel en se détachant du contexte politico-socio-juridico-économique ?


Quels changements observe-t-on à l’issue de la conversation narrative ? Quels sont les effets sur la question « être auteur de son parcours professionnel » ?

La plupart du temps, le coaché/client se connecte avec une possibilité de réorienter le regard qu’il porte sur son parcours ; ceci est l’effet classique d’un entretien narratif mais spécifiquement sur ces questions de mobilité, d’agilité et de compétences.

Ce nouveau regard qu’il porte sur lui-même va le soutenir et l’aider, en se détachant des histoires dominantes, à se projeter dans le futur, à accepter une situation… Il va sentir qu’une liberté existe pour lui. Il ne s’agit pas d’une simple forme de connaissance de lui-même d’apparence réaliste, il ne s’agit pas non plus simplement de donner du sens pour lui-même (encore que cette nouvelle histoire sur lui-même pourrait le soutenir et l’aider dans un moment compliqué à vivre), mais bien de lui permettre d’être acteur dans le contexte soit de son entreprise, soit d’une autre entreprise, soit d’une recherche d’emploi, soit d’un tout autre projet professionnel.

Il ne s’agit évidemment pas de remplacer une histoire dominante dysfonctionnelle pour l’individu par une autre dominante plus fonctionnelle. La question est de savoir si la nouvelle vision du parcours professionnel sera « utilisable » dans la sphère sociale extérieure à ce contexte de l’entretien : l’entreprise, les entreprises, les organismes de formations, Pôle Emploi, la famille, les enfants…

Bien sûr, il s’agit de relation, de la relation que l’individu entretien avec sa vision de son parcours et c’est bien sur cette vision, restituée par le questionnaire suisse, que l’entretien démarre. Libérés de l’influence des idées qui font vivre les histoires dominantes, ces conversations, modifient le point de vue de chacun à l’égard de son emploi et de sa façon de s’y sentir, d’en chercher un autre ou d’en créer un. À l’issue d’un entretien, je ne manque pas l’occasion de visualiser comment ce point de vue a évolué. Comment l’histoire d’employabilité s’est glissée peu à peu comme une alternative ?

Attention cette histoire peut faire peur, elle annonce des individus « libres » et donc pour les entreprise :

  • accepter d’avoir des salariés acteurs, autonomes, voire libres ;
  • co-élaborer des parcours professionnels, s’engager sur la mobilité, les formations ;
  • participer et être co-responsable (garantir ?) l’employabilité des salariés ;
  • accompagner réellement des plans de départs volontaires...

De nombreuses histoires à déconstruire, encore et des projets nouveaux à accompagner, à construire par les entreprises elles-mêmes et par les individus.

Mais les histoires dominantes sont là, elles veillent au grain. « Pas à l’ordre du jour », « pas de budget », « pas de temps », « trop individuel », « pas assez spécifique », « plus tard » et en même temps, le nombre de chômeurs et des plans de départs volontaires atteint des records.

L’idée n’est pas de livrer une nouvelle vérité, ni d’établir de nouvelles fondations pour penser ces questions mais plutôt un nouveau moyen d’enrichir nos façons d’accompagner des individus et les pratiques des entreprises, un point de vue, une perspective, une façon d’échanger, de parler de l’employabilité.

Employable ne fait pas écho à jetable, substituable, mutable, déformable, corvéable, exploitable mais à durable, équitable, honorable, valorisable, respectable. C’est précisément pour cela que cette question m’intéresse et que j’essaye d’avancer.

 
« Je ne suis parvenu à aucune conclusion, n’ai érigé aucune frontière pour entrer ou pour sortir, pour séparer l’intérieur de l’extérieur : je n’ai pas dessiné de limite : comme les multiples activités du sable changent la forme des dunes pour leur donner une nouvelle forme demain, ainsi je veux participer, accepter la pensée en devenir, ne définir ni commencement, ni fin, n’établir aucun rempart » - A.R Ammons Carson' sniet (La Crique de Carson).

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