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20 / 04 / 2011 | 1 vue
Stéphane Lardy / Membre
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L’emploi des jeunes au-delà des chiffres

Depuis quelques mois, toute la société française, les politiques en tête, vient de redécouvrir que la jeunesse existe et qu’elle souffre. Tel le maître-nageur sauveteur fendant les eaux pour sauver un baigneur en détresse, tous nos spécialistes de la pensée rivalisent d’analyses et de solutions toutes plus originales les unes que les autres !

Du tout apprentissage au tout CDD, des contrats aidés à la « nécessaire fluidification du marché du travail », de l’inévitable adéquation du système scolaire aux fameux besoins des entreprises, de multiples rapports fleurissent depuis que le chômage des jeunes s’est brusquement aggravé avec la crise.

Certes, les chiffres de l’emploi ou du chômage des jeunes sont particulièrement inquiétants : 23 % des 15-24 ans sont actuellement sans emploi, mais si personne ne peut prétendre avoir des solutions toutes faites, il est nécessaire de mettre à bas quelques idées préconçues, tordre quelques fantasmes, rétablir quelques vérités.

Oui, les enquêtes « génération » du CEREQ le démontrent, le diplôme protège du chômage : plus un jeune à un diplôme élevé, plus il a de chances de trouver rapidement un emploi en CDI. À l’encontre d’un discours dominant qui voit dans le diplôme un frein à l’emploi, la nécessaire élévation du niveau de qualification de nos jeunes est une impérieuse nécessité et elle passe, le plus souvent, par la réussite scolaire pour tous.

  • Non, l’alternance à l’allemande ne peut se transposer dans notre pays. Tout le système dual allemand est basé sur des grands conglomérats mais aussi des PME de taille importante ayant organisé en interne, donc d’amont en aval, le maintien et la reproduction d’une main-d’œuvre très bien formée avec des salaires négociés conséquents.


Oui, beaucoup d’entreprises françaises utilisent les jeunes comme une variable d’ajustement et cyclique de leur besoin de main-d’œuvre : stage, CDD, intérim, sont trop souvent le parcours obligé de bien des jeunes qui veulent rentrer dans le CDI. Actuellement, 26 % des jeunes de 15 à 24 ans employés sont en CDD alors que seulement 7 % des 25-49 ans le sont.

Alors, pour que la jeunesse française d’aujourd’hui ne soit pas une génération sacrifiée à l’autel de la rentabilité financière et du marché roi, trois conditions premières sont indispensables : refaire de l’Éducation nationale la priorité absolue de toute politique publique, construire au niveau européen des politiques macroéconomiques alternatives qui privilégient la croissance et l’investissement productif ; enfin, et c’est peut-être la plus importante des conditions, faire confiance à la jeunesse et faire comprendre aux entreprises que les jeunes ne sont pas un risque mais une chance.

Après tout et comme le rappelait André Gide : « Si on pouvait recouvrer l’intransigeance de la jeunesse, ce dont on s’indignerait le plus c’est de ce qu’on est devenu ».

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