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17 / 11 / 2010 | 7 vues
Agora Des Ce / Membre
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Des comités d’entreprise qui conjuguent redistribution responsable et actions sociales

Même s’ils perçoivent les difficultés rencontrées par certains salariés de l’établissement, plutôt que des critères sociaux, dont l’objectif principal est la recherche d’équité, les élus de comité d'entreprise privilégient dans 40,2 % des cas des critères d’ancienneté. Seuls 18,7 % disent appliquer des critères sociaux. Plus de huit élus sur dix privilégient les actions qui touchent le plus grand nombre. Mais la perception de leur rôle en tant que représentants du personnel est différente. En effet, la redistribution du pouvoir d’achat ne représente que 8,7 % du rôle qu’ils estiment être le leur. Les élus disent considérer que leur rôle consiste prioritairement en un rôle d’émancipation des salariés (39 %) et en un rôle de cohésion (27,3 %). C’est le principal enseignement de l’enquête conduite auprès de représentants du personnel de 539 comités d’entreprise du réseau inter-CE Cezam, un réseau de 29 associations présentes dans plus de 40 villes, qui propose à plus de 6 000 CE et structures similaires une offre sociale et culturelle, ancrée sur les territoires où le prix n’est pas la seule variable.

Concilier la perception de son rôle avec ses actions

« Les élus de beaucoup comités d’entreprise sont devenus de très bons gestionnaires. C’est très bien, certains d’entre eux sont allés trop loin », Catherine Bouillard, réseau inter-CE Cezam. Pour permettre aux élus de concilier la perception de leur rôle avec les actions qu’ils mettent en place, le groupe Chèque Déjeuner, le Crédit Coopératif et la Macif, qui étaient partenaires de cette enquête, ont fait le choix de lancer la première agora des CE qui se tiendra le 16 novembre à Avignon. L’approche se veut territoriale et orientée sur les échanges de pratiques inter-CE en lien avec les acteurs de l’économie sociale. Comment faire en sorte que les comités d'entreprise acquièrent un réflexe de responsabilité sociale sur le volet redistribution au travers des voyages, des spectacles et des aides directes ? « Les élus de beaucoup comités d’entreprise sont devenus de très bons gestionnaires. C’est très bien, certains d’entre eux sont allés trop loin. Leur objectif premier est de tirer les prix des fournisseurs vers le bas sans se préoccuper de l’impact social que cela peut avoir dans ces sociétés. On en arrive au paradoxe où des comités d’entreprise qui revendiquent l’amélioration des conditions de travail des salariés qu’ils représentent participent en parallèle à la précarité des salariés des fournisseurs que l’on retrouve dans leur offre culturelle. J’ai déjà vu des appels d’offres de 30 pages, lancés par des comités d'entreprise », déclare Catherine Bouillard, coordinatrice du réseau inter-CE Cezam.

Une logique de co-construction de l'offre avec les salariés

Il convient donc de sortir des dogmes de la gestion et de redonner du sens à l’action culturelle. Pour Guillaume Legaut, délégué général du Ceges (conseil des entreprises, employeurs et groupements de l’économie sociale), « on sent qu’il y a du côté des comités d’entreprise une remise en cause d’une approche strictement consumériste. Pour donner du sens à leur action, les élus des comités d’entreprise ont l’occasion d’associer les salariés à la construction d’une offre qui ne repose pas exclusivement sur des critères économiques. Il faut réfléchir ensemble pour intégrer des critères de plus-values sociales et de gouvernance collective. Les mutuelles, les associations, les coopératives, les acteurs de l’économie sociale et solidaire sont dans cette logique de co-construction. C’est l'un des principes de base de l’économie sociale ».

  • Mais les actions d’un comité d’entreprise ne se limitent pas à assurer de la redistribution. Sauf que beaucoup d’élus estiment assurer des actions sociales au travers d’une redistribution qui bénéficie au plus grand nombre. Dans les faits, à peine la moitié des CE ayant répondu à l’enquête Cezam mènent des actions en faveur des salariés en difficulté. Le champ des actions sociales que les CE peuvent initier est large et amplement sous-exploité : prévention de la santé, alimentation, logement, covoiturage, conciliation vie professionnelle/vie personnelle... « Nous allons créer les conditions pour que nos adhérents puissent partager leurs bonnes pratiques, qui ne coûtent pas forcément cher, en matière d’actions sociales », déclare Catherine Bouillard. L’occasion d’optimiser le temps des élus qui est précieux, alors que 70 % d’entre eux ne peuvent se permettre de prendre la totalité de leur 20 heures de délégation. Une priorité au métier qui relève un problème de reconnaissance du rôle essentiel du mandat.

Vecteur de diffusion

Les acteurs de l’économie sociale sont largement présents, tant en matière de redistribution que sur le registre des actions sociales des comités d’entreprise, mais les salariés bénéficiaires sont loin d’être au fait de la spécificité de leur positionnement. Pour Michel Faure, président de la Cress (Chambre Régionale de l’Économie Sociale et Solidaire) PACA, « le comité d’entreprise doit être un vecteur de diffusion auprès des salariés bénéficiaires de ce que représente l’économie sociale. C’est l’occasion par exemple de faire connaître le mode de fonctionnement des coopératives qui ouvrent des opportunités en matière de reprise ou de successions d’entreprise ». À noter que pour le moment, aucun comité d’entreprise n’est membre du conseil d’administration de la Cress PACA ; ses statuts le permettent pourtant depuis un peu plus d’un an.

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