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02 / 04 / 2010 | 2 vues
Michel Berry / Abonné
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La vraie révolution numérique

Depuis des années, on nous prédit la révolution numérique, et nous y sommes.

Mais de quoi s’agit-il ? Ce n’est pas simplement un foisonnement d’appareils nouveaux aux performances et à l’esthétique qui font rêver, mais une révolution profonde des rapports sociaux, qui touche tous les secteurs : la vie sociale, les associations, les loisirs, la ville, l’école et l’entreprise qui paraît cependant à la traîne, pour une fois. On ne sait pas si cette révolution créera le monde nouveau et harmonieux que les prophètes nous ont fait miroiter, mais une certitude inattendue émerge de l’observation : nous y allons gaiement et dans une relative douceur. Les « révolutionnaires » sont en effet souvent des gens ordinaires qui s’engagent sans leaders, sans slogans, ni implications irréversibles.

C’est une révolution d’un genre nouveau, en somme, dont traite le dernier numéro de la Gazette de la Société et des Techniques, à partir de réflexions menées par christophe Deshayes et moi-même..

En tout cas, annoncer une révolution, c’est-à-dire la substitution d’un monde à un autre, nouveau, différent, d'un point de vue uniquement technologique est très insuffisant.
« Pourquoi et comment le monde devient-il numérique ? » : « Sur le plan social, le passage au monde numérique est une véritable révolution au sens figuré : il met tout sens dessus dessous. Des industries entières sont en voie de disparition, comme celle du disque, de la photographie traditionnelle ou de la téléphonie commutée, remplacées par de nouvelles, aux contours encore indéterminés. (…) La communication électronique (…) abolit les contraintes. Mais comme elle bouleverse beaucoup de modes de comportements, la révolution numérique pose des problèmes d'acceptation allant de l'enthousiasme démesuré au rejet brutal, en passant par l'immobilisme. La situation n'est pas tellement différente de celle de la construction des réseaux de chemin de fer, qui, elle aussi, a été très rapide, bouleversant la géographie et les communications, non sans secousses sociales majeures ».


Un moteur essentiel, et inattendu, de cette révolution est l’émergence, dans toutes les activités humaines, d’une puissante logique de réseaux de collaboration et d’entraide. C'est la thèse défendue et illustrée par Les vrais révolutionnaires du numérique, ouvrage tirant parti de travaux de Documental, société qui a pour objectif de détecter, dans la littérature sur les TIC, les signaux faibles qui peuvent aider à leur bon usage, et de l'École de Paris du management qui a consacré plusieurs séances à la révolution numérique. Un site web prolonge ces informations et réflexions : www.revolutionnairesdunumerique.com.

La mystérieuse révolution du collaboratif mérite d'être abordée, en étant conscient du fait que toutes les organisations ne sont pas égales face au numérique.

Si la technologie libère le potentiel préexistant, elle ne crée pas les conditions du succès. Les technologies des réseaux (notamment sociaux) démultiplient l’efficacité des organisations en réseaux, pas celle des organisations bureaucratiques.

Une question se pose alors : ne faudrait-il pas investir davantage dans l’innovation organisationnelle plutôt que seulement dans l’innovation technologique ?

La question « numérique et lien social » est également d'importance, tout comme celle des « services de proximité... à distance ».

Mais si la révolution du numérique bouscule l'ordre établi, elle n'en possède aucun des attributs classiques : aucune violence de masse perpétrée, aucune idéologie apparente, nul penseur emblématique à sa tête, une cohorte improbable et hétérogène d’acteurs issus de la société civile (on l'aura compris : les vrais révolutionnaires du numérique…) conscients des enjeux de leur action, mais ne nourrissant aucun espoir déraisonné, le tout s’opérant dans une ambiance plutôt ludique.

Bref, cette révolution-là est une révolution joyeuse. Et elle, contrairement aux autres, ne mange pas ses enfants. Une première dans l’Histoire !

Finalement, peu importe que les institutions soient bloquées puisqu’il ne semble plus nécessaire de transformer les institutions pour réussir à changer le quotidien des gens ordinaires.

La révolution numérique aura bien lieu : d’ailleurs, elle est déjà à l’oeuvre ! Mais la comprenons-nous vraiment ?

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