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05 / 02 / 2009 | 16 vues
Rodolphe Helderlé / Journaliste
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Prévenir le suicide, c'est possible

Précarité et suicide, c'est le thème retenu de la 13ème journée nationale de prévention du suicide organisée par l’ Union Nationale pour la Prévention du Suicide (UNPS) qui regroupe plus d'une vingtaine d'associations. Des colloques et débats sont organisés aujourd'hui un peu partout en France.

« Après la crise financière puis économique, nous risquons d’être confrontés à une véritable crise sanitaire. Tout porte à croire que la forte remontée du chômage dans notre pays, les difficultés financières que vont connaître de nombreux Françaises et Français, les incertitudes de l’avenir, vont engendrer des difficultés personnelles et psychologiques  majeures, avec une recrudescence des souffrances psychiques, des états dépressifs et des tentations suicidaires », avertit l'UNPS.

L'étude conduite par l'UNPS démontre clairement le lien entre précarité et suicide. Et l'UNPS de proposer la mise en place d’un « dispositif d’écoute et de suivi solidaire » lors des plans sociaux. Un dispositif, à la charge de l’employeur, qui aurait une durée de deux ans minimum.

Les salariés qui donnent des signes de faiblesse psychologique mettent leurs collègues et leur hiérarchie face à un sentiment d'impuissance qu'il faut savoir dépasser. 

  • Retrouvez l'entretien croisé titré  « oser la transgression » entre Emmanuelle Lépine et Jean-Claude Delgenes, directeur général de Technologia, cabinet spécialisé dans la prévention des risques psychosociaux. Après avoir dirigé la cellule de soutien psychologique de la préfecture de police de Paris, Emmanuelle Lépine, est désormais psychologue clinicienne au service d'urgence psychiatrique de l'hôpital Charcot (78) et intervient sur des missions de prévention en entreprise.


Comment un salarié doit-il réagir quand il sent qu'un collègue ne va pas bien ou quand ce dernier vient lui faire part de son malaise ? «Il y a des personnes qui comprennent très bien la détresse de leur collègue, mais qui se sentent très démunies et ne savent pas du tout comment y réagir. La première chose à faire est de ne pas porter seul et de ne pas accepter un secret trop lourd. Il faut voir avec la personne si elle a parlé avec quelqu’un de son entourage familial ou amical, s’il est possible qu’elle le fasse ou alors qu’elle rencontre son médecin généraliste. Si il n’y a aucune possibilité à l’extérieur de l’entreprise, il faut se tourner vers des relais à l’intérieur (médecin du travail, assistant social, hiérarchie, partenaires sociaux…). En faisant cela, on a souvent le sentiment de trahir la personne qui s’est confiée, en réalité il faut oser transgresser, on prend alors vraiment en compte la souffrance ce qui est très rassurant et structurant », explique Emmanuelle Lépine.

N'est-il pas surprenant que des directions formalisent des chartes qui rappellent que les salariés doivent se montrer attentifs les uns avec les autres ?  C'est le cas de la « Total Attitude » du groupe pétrolier éponyme qui invite les salariés à développer notamment la solidarité et l'écoute dans leur comportement. Une codification des rapports humains dans l’entreprise qui ne favorise pas forcément la responsabilisation et la capacité d’action.

« Une direction ne peut décréter que les salariés se montrent attentifs les uns envers les autres. C'est faire peser une trop lourde responsabilité sur eux. On peut y voir même un transfert de responsabilité car c'est à la direction qu'il appartient de créer les conditions d'un cadre de travail collectif avec une bonne cohésion qui favorise naturellement les entraides. C’est à la direction qu’il appartient de mettre en place une prévention des risques primaire c'est-à-dire au niveau de l’organisation du travail », estime Jean-Claude Delgenes, auteur dans ces colonnes de « Un suicide survient dans votre entreprise ! Que faire ? ».

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