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09 / 10 / 2008
Thierry Amouroux / Membre
Articles : 48
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Les infirmières ne veulent pas d'une licence professionnelle !

Commandé par 4 Ministres le 13 septembre 2007, le rapport LMD (Licence, Master et Doctorat) devait être rendu en janvier 2008. Repoussé de mois en mois, il était annoncé finalement pour le 22 septembre dernier (communiqué du Ministère daté du 24.07.08). Finalement, il a été officiellement remis aux Ministres le 7 octobre.

Le rapport LMD de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et de Inspection générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche, « Evaluation de l'impact du dispostitif LMD sur les formations et le statut des professions paramédicales » recommande généreusement une « licence professionnelle » !

L’arrêté du 23 avril 2002 relatif aux études universitaires conduisant au grade de licence mentionne deux diplômes :

  • la licence, régie par l’arrêté du 9 avril 1997 modifié, qui se substitue à l’ancien diplôme d’études universitaires générales - D.E.U.G - en deux ans suivi de la licence en un an et se prépare en six semestres ;
  • la licence professionnelle , régie par l’arrêté du 17 novembre 1999, ouverte notamment aux étudiants ayant obtenu un B.T.S. ou un D.U.T., qui se prépare en deux semestres.

Donc la mission propose aux infirmières de faire deux ans en IFSI (Institut de Formation en soins infirmiers), puis de faire une troisième année, qui elle, serait validée par l’université. 

Les propos de la mission sont plus « politiquement correct » dans l’écriture, mais la condescendance et le mépris envers notre profession de "caractère opérationnel" (bonnes exécutantes mais pas capables de réfléchir par elles-mêmes) transpirent dans ce «florilège» d’extraits du rapport :

  • paragraphe 90 page 33 - Enfin, en ce qui concerne les infirmiers, ce sont moins les actes pratiqués eux-mêmes qui vont évoluer hormis peut-être la prise en charge des maladies chroniques avec le développement des fonctions d’éducation et de prévention- que les conditions et le contexte dans lesquels ils vont être réalisés. Le respect des contraintes et exigences en matière de sécurité et de qualité des soins, le développement des réseaux et la nécessité de penser plus globalement les prises en charge, l’évolution des techniques en matière de traitement de la douleur ou de chirurgie ambulatoire, la place de l’informatique dans la gestion des dossiers, l’évolution des modes de management privilégiant des marges d’autonomie... Tous ces éléments devraient conduire à revoir leur formation initiale pour leur permettre de prendre plus de recul par rapport à leur pratique et de mieux appréhender la logique globale dans laquelle elle s’insère.
  • paragraphe 122 page 39 - des doutes quant à la capacité des infirmiers tels qu’ils sont actuellement recrutés et formés à prendre des responsabilités de cadres. 
  • paragraphe 146 page 42 - on peut s’interroger sur la signification et la portée qui seraient celles de la seule reconnaissance de niveau déconnectée du contenu des enseignements suivis et envisagés.
  • paragraphe 147 page 42 - une équivalence de grade, fondée sur la seule durée des études,négligeant les écarts nés de la nature des formations, ne manquerait pas d’être contestée par une communauté universitaire attentive, à juste titre, au niveau des diplômes, et courrait ainsi le risque d’être rapidement perçue comme une licence « au rabais ».
  • paragraphe 185 page 47 - écarter toute formule qui ferait courir le risque d’une formation élitiste ou trop abstraite, dérive qui détournerait cette formation d’une de ses vocations : la promotion professionnelle. Le maintien de la promotion interne est fondamental. Dans le même esprit, le dispositif retenu devrait faire toute sa place à la VAE. La formation continue est l’une des formules d’accès qu’il convient de préserver, impliquant de concilier les règles d’entrée et de déroulement des formations universitaires avec le parcours qualifiant de la VAE. Dans ce cadre le principe de validation de l’expérience professionnelle pour l’acquisition de « crédits » ou ECTS doit être reconnu.
  • paragraphe 200 page 49 - Il n’est en effet pas contestable que la profession d’infirmier possède, pour une large part des attributions qui lui sont actuellement conférées, un caractère opérationnel.
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