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07 / 10 / 2008 | 8 vues
Bernard Devy / Membre
Articles : 16
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De nouvelles taxes sur les complémentaires santé

Dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2009, le gouvernement a confirmé l’instauration d’une taxe sur le chiffre d’affaires des institutions de prévoyance, des mutuelles et des assurances privées dans le cadre des complémentaires santé, pour un montant d’un milliard d’euro au courant de l’année 2009.  

Le gouvernement justifie cette nouvelle taxe en s’appuyant sur un rapport parlementaire qui dénoncerait des frais de gestion pour les complémentaires santé aux alentours de 25 %. Affirmation totalement erronée pour les institutions de prévoyance dont les frais de gestion oscillent entre 5 et 8 %.

 

Cette mesure, censée contribuer au « redressement » des comptes de l’assurance maladie,  nous paraît particulièrement injuste pour les institutions de prévoyance et les mutuelles, qui sont à but non lucratif. De ce fait, les excédents contribuent à alimenter les fonds propres pour faire face aux aléas, ou à abonder le fond d’action sociale destinés aux plus démunis.

 

Comme l’a souligné le CTIP (centre technique des institutions de prévoyance), cette « taxe affecterait gravement les comptes des instituions de prévoyance au risque d’augmenter le coût de l’accès aux soins et de détourner de nombreux assurés de la complémentaire santé. »

 

Ne prenons pas le risque que l’employeur se désengage de ces contrats collectifs pour laisser la responsabilité à chacun de s’assurer individuellement à des coûts bien plus élevés.

De plus, n’oublions pas que les institutions de prévoyance sont amenées à assurer et à gérer des contrats collectifs de branches professionnelles et d’entreprises.  Si cette taxe devait voir le jour, elle aurait inévitablement des répercussions sur les cotisations des entreprises et des salariés. Les contrats collectifs sont négociés par les partenaires sociaux et gérés par eux. Ce sont avant tout des garanties qui valorisent la solidarité en ne procédant à aucune sélection selon l’âge ou l’état de santé des adhérents. Ne prenons pas le risque que l’employeur se désengage de ces contrats collectifs pour laisser la responsabilité à chacun de s’assurer individuellement à des coûts bien plus élevés.  

 

Taxer les instituions de prévoyance sur leur chiffre d’affaire relève également du paradoxe pour plusieurs raisons.

 

Tout d’abord, les Groupes de protection sociale ont accumulé des réserves, pour répondre aux exigences européennes en matière de marge de solvabilité (Solvency I et II) et ainsi couvrir leurs engagements et consolider les fonds propres nécessaires à leur développement. Et on leur reprocherait aujourd’hui d’être trop « riches » et de devoir ainsi contribuer au redressement de l’Assurance Maladie, aux risques de les fragiliser et de ne plus être en capacité de répondre aux exigences des autorités de tutelles.

 

Le second paradoxe réside dans le fait que nous observons depuis quelques années à un transfert de charge de l’Assurance Maladie vers les complémentaires santé, décidé par tous les gouvernements. Bien évidemment ce désengagement contribue à  augmenter leur chiffre d’affaires que le gouvernement voudrait taxer. Opération plutôt habile, mais au détriment des assurés.

 

Enfin, n’oublions pas que le chiffre d’affaire des complémentaires est constitué par des cotisations sociales, donc du salaire différé. Ce sont donc nos cotisations qui viendraient à être taxées.

 

Il ne faut donc pas tout confondre et pratiquer l’amalgame entre institutions de prévoyance et assurances. Les garanties collectives offertes aux salariés par les groupes de protection sociale sont indispensables pour une couverture santé de qualité, sans sélection et à des tarifs qu’aucune couverture individuelle ne peux concurrencer. Les institutions de prévoyance sont justement une alternative à l’individualisation prônée par les compagnies d’assurance. Le désengagement de la Sécurité sociale, voulue par le gouvernement, a favorisé le développement des complémentaires santé. Cette nouvelle taxe participera donc sensiblement à l’accroissement du coût des soins pour les salariés.   

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Il est judicieux d'apporter un complément d'information à cet article.

Si il est vrai que cette majoration de la taxe de CMU n'est pas la bienvenue, et qu'il s'agit d'une certaine façon d'utiliser un réceptacle existent pour obtenir une nouvelle contribution, il n'en demeure pas moins que cet article mérite d'être éclairé.

Tout d'abord, qu'en est il des frais de gestion actuellement proposés par les Institutions de Prévoyance, mais aussi les Mutuelles et autres compagnies d'Assurance en matière de Frais de Soins de Santé.

Vous vous permettez d'affirmer que ces derniers oscillent entre 5 et 8%. Cependant nous sommes bien loin de la réalité du marché. Si certaines Mutuelles (relevant du code la Mutualité) pratiquent des frais de gestion à hauteur de 7%, les Institutions que vous citez, pratiquent des frais de gestion proches des 13% sur l'ensemble de leurs contrats. Ces derniers sont légèrement minorés si l'entreprise est d'une taille significative.

Il est d'autant plus important de tenir compte de la taille de l'entreprise, et les PME / PMI et TPE sont le plus souvent soumises à des frais de gestion compris entre 15% et 20%.

Enfin, il est utile de préciser que le fondement de la taxe CMU repose sur une taxation du chiffre d'affaire hors taxe des Mutuelles, Institutions de prévoyance et compagnies d'assurance en matière de Frais de Soins de santé. Cela sous entend clairement que cette taxe ne devait pas être répercutée sur l'adhérent, le client ou tout autre dénomination.

Dans le décret d'application instaurant la taxe CMU, il est précisé que si les organismes précités souhaitaient appliquer une majoration de la prime d'assurance du contrat afin de répercuter cette taxe aux adhérents, la nouvelle assiette de cotisation utilisée pour son recouvrement serait donc la prime ainsi majorée. Le gagnant de ce petit arrangement étant donc l'état.

Ne cherchez pas dans cette réponse une quelconque défense de cette loi "Bachelot", je ne suis simplement qu'un puriste qui souhaite enfin obtenir de la clarté.

Par contre, il est évident qu'un combat doit être mené pour lutter contre le démentiellement de notre "Assurance maladie".

A ce jour, il existe une taxe sur le chiffre d'affaire des industries pharmaceutiques. Le PLFSS 2009 prévoit son maintien à 1%. N’est-il pas nécessaire de s'en offusquer ?

En terme de consommation médicale, le poste "pharmacie" pèse quasiment autant que le poste "Optique" et le poste "Dentaire". Pourquoi ne pouvons nous pas imposer un service des médicaments à la prescription, est il nécessaire de subir les conditionnements imposés par cette industrie ?

Comment pouvons-nous expliquer que des grandes marques d'hypermarché se réunissent autour d'une centrale d'achat, lorsque nos hôpitaux réalisent en leurs noms propres des achats de matériels plus qu'onéreux ?

Pour conclure, cette majoration de la taxe de CMU est totalement inadmissible, nous devrions aujourd'hui disposer d'autres solutions palliatives pour maintenir tant l'équilibre de notre régime de base que celui des organismes complémentaire