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06 / 02 / 2015 | 12 vues
DELPHINE JULIE / Membre
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Le 5ème prix du meilleur ouvrage sur le monde du travail du Toit Citoyen

Le Toit Citoyen, club des élus de CE, a récompensé :
  • catégorie « ouvrage écrit par un salarié » :
    • Le salaire de la vie, de Ghislaine Tormos avec Francine Raymond, éditions Don Quichotte, janvier 2014 ;
  • catégorie « ouvrage écrit par un expert » :
    • Un quart de moins, de Rachel Silvera, éditions La Découverte, mars 2014.                                                                                             

À l’occasion de SalonsCE Paris, le salon national des élus de CE et des représentants du personnel (CNIT de la Défense, 3, 4 et 5 février 2015), Jean Auroux, ancien ministre du Travail et président des jurys a remis le prix du meilleur ouvrage sur le monde du travail à Ghislaine Tormos et Rachel Silvera.  L’événement est soutenu principalement par trois partenaires historiques : le groupe Alpha, le magazine Social CE et les SalonsCE.

« Cette année encore, j’ai découvert avec beaucoup d’intérêt différentes études du monde du travail qui sont emblématiques de ce qui se passe dans les entreprises. Il est intéressant de voir les parallèles entre les livres des experts et les témoignages que nous avons pu lire notamment autour de la place des femmes dans le monde du travail », explique Jean Auroux.

Patrick Gobert, président du Toit Citoyen, complète : « Depuis 5 ans, c’est un plaisir de réunir à la fois des experts et des représentants de salariés pour débattre et échanger sur des ouvrages représentatifs du monde du travail d’aujourd’hui. Cette année pour la première fois nous remettons le prix à des femmes ». 

Pourquoi un prix du meilleur ouvrage sur le monde du travail ?

Le Toit Citoyen a été créé en 2005 pour faciliter l’accès aux informations pour les représentants des salariés et leur proposer un espace de partage, de mutualisation de moyens, de débats et de rencontres (les « matinées citoyennes »). Les livres sur le monde du travail, de plus en plus nombreux, enrichissent la réflexion de ses acteurs. C’est pourquoi le Toit Citoyen a lancé en 2011, un prix annuel qui récompense le meilleur ouvrage sur le monde du travail.

Ce prix récompense deux types d’ouvrage.

  • Le meilleur ouvrage écrit par un salarié ou un représentant des salariés, il est sélectionné par un jury composé de 7 membres du Toit Citoyen. Ils sont secrétaires, trésoriers, élus ou délégués syndicaux. Leur choix tient compte du réalisme du témoignage, de l’apport de connaissances sur le monde du travail et de solutions pour surmonter les difficultés rencontrées par les salariés.

Le jury : Sodexo CCE, Philippe Besson ; IB Cegos, Sylvie Gobin ; Sodexo Services Avantages et Récompenses, Patrick Guilbault ; Monier (anciennement Lafarge Couverture), Anne-Marie Basque ; Aster, Jean-Michel Socrier ; EDF SA  direction des services partagés, Charles Gouillard ; CE Google, Vincent Audiger.

 

  • Le meilleur ouvrage écrit par un expert (sociologue, psychologue, médecin du travail, un journaliste ou une personnalité politique) récompense un livre qui analyse les mutations et propose un regard prospectif sur le monde du travail.

Le jury : Ciruela Barreto, rédactrice en chef du magazine Social CE ; Antoine Bevort, sociologue du travail et professeur au Conservatoire National des Arts et Métiers ; Philippe Duport, journaliste, animateur de la chronique « C’est mon boulot » sur France Info ; Pierre Ferracci, président du groupe Alpha et président du Conseil national éducation et économie ; Olivier Khatchikian, avocat en droit du travail ; Marie Pezé, psychanalyste, fondatrice de la première consultation sur la souffrance au travail ; Bernard Vivier, directeur de l’Institut Supérieur du Travail.

2015 : deux ouvrages écrits par des femmes


Meilleur ouvrage écrit par un salarié : Le salaire de la vie de Ghislaine Tormos avec Francine Raymond, éditions Don Quichotte, janvier 2014.

« Le travail, notre seule richesse, coûterait trop cher. Ils n’ont que ça à la bouche. J’en ai assez bavé, je ne supporte plus de voir nos emplois supprimés par milliers. Je veux que la France conserve ses usines et son industrie, je refuse que mes enfants soient obligés de quitter leur pays pour trouver du travail. Si on ne réagit pas, dans dix ans, on est morts ». Ainsi parle Gigi du ferrage, ouvrière à l’usine automobile PSA d’Aulnay-sous-Bois.

12 juillet 2012. Philippe Varin, président du directoire de PSA, premier constructeur automobile français, annonçait la fermeture du site d’Aulnay. Après leur avoir promis que le site resterait ouvert et que la priorité était de préserver leurs emplois, les ouvriers d’Aulnay ont été priés d’aller voir ailleurs. Une entreprise qui ferme, c’est presque une banalité par les temps qui courent : dans ce cas, ce sont 3 000 emplois supprimés, 3 000 vies bousculées et quelques images au journal de 20h00, chassées par une nouvelle actualité.

Un emploi industriel, c’est comme un arbre après la tempête, vite déraciné mais difficile à faire repousser. Certains ouvriers seront reclassés dans le groupe, d’autres devront partir à la recherche d’un (improbable) nouveau CDI. Ghislaine Tormos, elle, a décidé de se battre avec courage. Avant ce jour de juillet, elle n’avait encore jamais fait grève. Depuis, Gigi est devenue l’un des symboles de la lutte des ouvriers de PSA.

La crise grandissant, les voitures se vendent moins, les profits de PSA ne sont plus ce qu’ils étaient et supprimer des emplois devient la seule réponse à la crise. « On me dit que je coûte trop cher mais pour moi depuis des années, c’est la vie qui est trop chère ». Gigi n’accepte pas que son travail, sa seule richesse, soit devenu le mal-aimé de notre économie, que l’on parle de son coût comme d’une charge pesante et jamais de sa valeur fondamentale. Elle n’accepte pas davantage que les socialistes n’aient pas tenu les promesses faites aux ouvriers d’Aulnay lors de la campagne présidentielle. Elle ne se résout pas à cette fatalité de laisser sans broncher fermer nos usines les unes après les autres.

Face aux implacables logiques financières, la voix de l’ouvrière de PSA ne pèse pas bien lourd. Or, elle mérite qu’on l’écoute.

Meilleur ouvrage écrit par un expert : Un quart en moins de Rachel Silvera, éditions La Découverte, mars 2014.

Malgré les lois, discours et chartes, le salaire des femmes reste inférieur d’un quart à celui des hommes. Portant un nouveau regard sur cet écart, Rachel Silvera montre qu’il est possible de gagner sur ce front. Elle rappelle l’histoire du « salaire d’appoint ». Au XIXème siècle, on considérait qu’il n’était pas vital pour les femmes de travailler ; elles pouvaient compter sur « Monsieur Gagne-pain ». Un modèle qui pèse encore au XXIème siècle. Néanmoins, ces dernières années, des femmes (pas toujours syndiquées ou féministes) ont prouvé qu’elles étaient victimes de discrimination salariale et ont gagné leurs procès, obtenant parfois des rappels de carrière conséquents.

Rachel Silvera leur donne largement la parole, offrant des témoignages aussi divers qu’édifiants. Elle propose enfin deux nouveaux leviers d’action. Parce qu’elles ont eu des enfants, sont passées à temps partiel ou parce qu’elles sont femmes, Maria, Flora et d’autres n’ont eu aucune augmentation de salaire (ou très peu) au cours de leur carrière. Les juges ont reconnu qu’il s’agissait de discrimination. La loi proclame : « À travail de valeur égale, salaire égal ». Un principe essentiel car les femmes sont concentrées dans certains secteurs et emplois reposant sur des qualités présumées innées. Les textes permettent désormais de comparer les postes à partir de critères tels que les connaissances requises, l’expérience, les responsabilités etc. Le travail d’une assistante de direction ne vaut-il pas alors celui d’un technicien ? Encore faut-il que l’État, les partenaires sociaux et les salariés se mobilisent. Ce livre, à jour de la jurisprudence la plus récente, leur donne de nouveaux moyens d’en finir avec des inégalités d’un autre âge.
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