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24 / 12 / 2012 | 2 vues
Stéphanie Forge / Membre
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La SCOP, un modèle qui inspire un avenir collectif

« C’est trop souvent pour illustrer des situations très difficiles, au moment des mises en liquidation judiciaire, que l’on parle des SCOP », a d’emblée regretté Frédéric Grivot, vice-président de la CGPME, qui intervenait le 13 décembre dernier à la table ronde organisée à l’initiative de la CFE-CGC et du groupe Chèque Déjeuner pour s’interroger sur le modèle que représentait le coopératif et le participatif pour relancer la croissance.

Dans les murs des tribunaux

Non, la SCOP n’est pas le dernier recours comme cela a par exemple été le cas avec Seafrance. Si le modèle participatif et coopératif ne constitue pas la solution miracle et n’est pas reproductible dans toutes les entreprises, « il serait tout de même pertinent que les juges des tribunaux de commerce prennent en considération les projets de reprises en SCOP avant la dernière échéance », estime Patrick Lenancker, président de la confédération générale des SCOP.

  • À noter que le 14 décembre dernier, Benoît Hamon, Ministre délégué en charge de l’Économie sociale et solidaire, réunissait les juges des tribunaux de commerce et des commissaires au redressement productif pour une sensibilisation aux coopératives. Le besoin est là.

Le dossier de la SET (smart equipment technology), une PME de haute technologie, placée en liquidation judiciaire, en apporte la preuve. Alors que les salariés avaient bouclé un tour de table d’un montant total de 6,2 millions d’euros avec des investisseurs privés et publics pour une reprise en coopérative, le tribunal de commerce a pourtant privilégié l’offre de reprise de K&S, une société suisse cotée à la bourse de New-York. Les repreneurs ne proposaient d’injecter que 2 millions d’euros, tout en faisant miroiter une prime de départ aux salariés. Le ministère est monté au créneau et le jugement a finalement été retoqué en faveur du projet porté par les salariés. Contrairement aux idées médiatiquement reçues, seules 12 % des SCOP voient le jour à la barre des tribunaux de commerce.

Transmission hors des murs des tribunaux

« Les délégués syndicaux ne doivent pas êtres vus comme une force d’opposition par les dirigeants des PME mais au contraire comme une force de proposition » - Carole Couvert, CFE-CGC

En revanche, 18 % se créent dans le cadre d’une transmission hors des murs des tribunaux. Il y a là matière à beaucoup de développement. « Des entreprises meurent chaque année en bonne santé, faute de repreneur. Cela se traduit par la suppression d’au moins 150 000 emplois », explique Jean-Philippe Poulnot, administrateur du groupe Chèque Déjeuner. C’est parce qu’ils ont la tête dans le guidon, jusqu’au bout, que beaucoup de patrons de PME ne parviennent pas à céder leur entreprises dans de bonnes conditions. « Les délégués syndicaux ne doivent pas êtres vus comme une force d’opposition par les dirigeants des PME mais au contraire comme une force de proposition. C’est justement l’occasion de prendre du recul par rapport au quotidien pour déterminer des stratégies davantage partagés », assure Carole Couvert, secrétaire générale de la CFE-CGC, qui considère que dépasser le seuil des 49 salariés ne se traduit pas par une « guerre sociale ». « Ce n’est effectivement pas dans la culture des patrons des PME familiales d’ouvrir la porte au dialogue social, surtout lors des périodes difficiles », concède Frédéric Grivot qui admet que la transmission en SCOP est un levier d’autant plus intéressant que les canaux de ventes traditionnels sont défaillants.

  • La future loi sur l’économoie sociale et solidaire prévue pour le premier semestre 2013 devrait permettre de faciliter les reprises et les transformations en SCOP, notamment par un droit préférentiel en termes d’information préalable et par une montée progressive (entre 5 et 10 ans) des salariés au capital, jusqu’à atteindre la majorité.

De quoi multiplier le nombre de SCOP. En 2011, 93 % des quelques 400 salariés du cabinet Syndex (qui accompagne les représentants des salariés dans l'analyse des comptes) ont voté pour un passage en SCOP. « Le cabinet cultivait un fonctionnement participatif depuis sa création en 1969 mais le passage en SCOP est l’occasion de donner plus de cohérence à la gouvernance. Notre initiative est suivie de près par les autres cabinets d’expertise comptable. L’un vient de franchir le pas », rapporte Jean-Paul Raillard, directeur général du cabinet.

Qualité de vie au travail

De concert, tous les intervenants n’ont pas manqué de préciser que les SCOP « n’étaient pas un monde de bisounours ». La hiérarchie est bien là, elle sanctionne quand nécessaire mais globalement voilà des entreprises où il fait plutôt bon vivre. « Une récente étude de l’APEC révélait l’intérêt des jeunes diplômés pour les structures de l’économie sociale malgré des niveaux de salaires inférieurs. C’est bien le signe d’une adhésion à une culture d’entreprise où les emplois sont durables, non délocalisables et avec une exigence de qualité. Il ne faut pas oublier que le stress et les risques psychosociaux représentent 3 % du PIB », rappelle Carole Couvert.

La vision stratégique partagée constitue l’un des points forts des SCOP. Tous formés à lire bilans et comptes de résultats, les salariés du groupe Chèque déjeuner sont ainsi parfaitement au fait du plan stratégique à 5 ans et de ses exigences. Les profits comme les efforts sont partagés. « Avec une valorisation du groupe à hauteur d’un milliard d’euros, cela ferait longtemps que nous aurions perdu notre indépendance si nous n’étions pas une SCOP », lance Jacques Landriot, le président du groupe dont seule la structure de tête (25 % de l’effectif) a le statut de SCOP. Pour permettre aux coopératives de se renforcer en grandissant, le projet de loi sur l’économie sociale devrait justement définir un statut de groupe coopératif avec filiales coopératives à la clef.

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