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22 / 03 / 2011 | 20 vues
Michel Berry / Abonné
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La création, de l'alchimie au management

La création n’est pas uniquement l’activité romantique, fait de talents singuliers, que le terme évoque souvent.

Elle implique une dimension managériale qui joue un rôle non négligeable dans son épanouissement : gérer la création, c’est mettre en place les conditions de la créativité. Cela suppose une réflexion à la fois sur les processus, sur la gestion des talents et sur la structure organisationnelle de l’ensemble de l’entreprise dans laquelle elle prend place.

À une époque où les industries de la création (mode, cinéma, architecture…) apparaissent comme stratégiques pour les économies occidentales, l’observation de leur fonctionnement montre aussi qu’elles peuvent être sources d’inspiration ou de réflexion pour toutes les entreprises en quête d’innovation.

  • Tels sont les points abordés par l'étude menée par Thomas Paris, chargé de recherches au CNRS (GREG HEC) et reprise dans son numéro de mars, par La Gazette de la Société et des Techniques, publication des Annales de l'École des Mines de Paris.


Depuis quelques années, des secteurs dans lesquels elle est ou a été en pointe semblent être devenus stratégiques pour les économies occidentales. L’engouement que l’on observe aujourd’hui autour des industries de la création remonte à la publication en 1998 d’un rapport du Ministère britannique de la Culture. Définissant ces industries comme « celles qui trouvent leur origine dans la créativité, la compétence et le talent individuels, et qui ont un potentiel pour créer de la richesse et des emplois à travers la génération et l’exploitation de la propriété intellectuelle » (ce qui inclut la publicité, le cinéma et la vidéo, l’architecture, la musique, les arts et antiquités, le spectacle vivant, les jeux vidéo, l’édition, l’artisanat, le logiciel, le design, la télévision, la radio et la mode), il a montré que l’agrégation de ces secteurs contribuait à 6 % de la valeur ajoutée brute (GVA) du Royaume-Uni. Depuis, plusieurs études ont été conduites à travers le monde pour estimer le poids de ces secteurs.

Les chiffres mis en avant dans une etude de la Commission européenne soulignent aussi l’importance des industries de la création pour l’Union européenne : 654 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2003 (contre 271 milliards pour l’industrie automobile et 541 milliards pour les technologies de l’information et de la communication), 2,6 % du PIB en 2003 (plus que l’immobilier ou l’agroalimentaire), une croissance de 19,7 % entre 1999 et 2003, soit 12,3 % de plus que la croissance générale de l’économie, 5,8 millions d’emplois en 2004, soit 3,1 % de l’emploi global de l’Europe des 25, 1,85 % de croissance de l’emploi entre 2002 et 2004, contre une décroissance de l’emploi total sur la même période.

Dans le contexte actuel de concurrence accrue des pays à bas coûts et de recherche de stratégies de sortie de crise, les secteurs concernés présentent plusieurs caractéristiques intéressantes. Tout d’abord, ils sont à haute valeur ajoutée et porteurs de croissance. Qui plus est, au-delà de leur dynamisme propre, la vitalité de ces secteurs permettrait de contribuer à un environnement créatif qui aurait des repercussions sur l’innovation dans d’autres secteurs : c’est l’un des éléments de la théorie des territoires ou métropoles créatifs. Ils sont vecteurs d’image, permettant ainsi d’accroître l’attractivité d’un territoire pour les « talents » (ceux que Richard Florida appelle la classe créative) et pour les entreprises.

  • Enfin, ces secteurs peuvent servir d’exemple ou de source d’inspiration pour les entreprises, de plus en plus nombreuses, pour lesquelles la créativité et l’innovation constituent des enjeux, leur offrant des reponses aux problématiques de management des talents, de gestion du risque, d’innovation répétée ou radicale...
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