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11 / 09 / 2017 | 3 vues
Didier Cozin / Membre
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Réforme de la formation : le CPF est un leurre éducatif

Les pouvoirs publics doivent abandonner l'illusion du CPF (même « survitaminé et désintermédiatisé ») et de la gratuité en formation.

Contrairement à ce que prétendent des commissions syndicales ad hoc (comme les COPANEF et CNEFOP), la formation est aujourd'hui en France en état de quasi mort clinique.

La déresponsabilisation des employeurs, la création de stages parkings pour les chômeurs et le leurre du compte personnel de formation sont les marqueurs des échecs successifs de l'État et des partenaires sociaux à intégrer la formation et à développer les apprentissages au travail.
  • Sans aucune préparation ni réflexion, l'État a lancé un compteur (conteur ?) de formation qui n'était en rien un dispositif de formation (comme l'était le DIF ou l'est encore le CIF) mais un simple réceptacle de bons sentiments éducatifs à hauteur de 24 heures de formation (dont une seule heure est financée et finançable).
  • L'État a prétendu retirer un intermédiaire en formation en sortant du jeu les employeurs. Il s'apprête désormais à éliminer un second acteur : les OPCA. C'est la fameuse désintermédiation. À la prochaine réforme (en 2024), il pourra encore éliminer le dernier intermédiaire en formation, à savoir les organismes de formation (qui pourraient faire écran entre les connaîssances et les travailleurs).

Le milliard d'heures de DIF en déshérence depuis 2014 sur leurs comptes CPF prouve que les compteurs (comme le CPF, CPA, le CEC, le CET...) stockent les problèmes sociaux sans les résoudre aucunement

Entre 2004 et 2014 (naissance et mort du DIF), les salariés du privé (en CDI principalemment) auront cumulé sur leurs compteurs DIF (devenu CPF) environ 1 milliard dheures de formation (100 heures en moyenne pour 10 millions de salariés en CDI).

Ces heures sont restées en 2015 et en 2016 inutilisées pour 99 % d'entre elles via le CPF. Elles seront perdues (selon les termes de la loi du 5 mars 2014) fin 2020, sans possibilité de les financer, de les organiser ou même de les reporter (à quoi bon reporter une nouvelle fois ce qui ne serait jamais utilisé ?).

Ce milliard d'heures de DIF cumulées pendant dix années par les salariés du privé prouve trois choses :

  • que le stockage d'heures de formation sur des compteurs n'apporte strictement aucune valeur ajoutée à nos modèles éducatifs et sociaux ;
  • que le stockage d'heures de formation est au contraire contre-productif car il procède d'une logique d'épargne aberrante et ridicule en formation (on n'emmagasine pas les compétences comme on épargne ses économies) ;
  • que notre pays s'ingénie depuis des années à accumuler ses problèmes éducatifs dans des leurres sociaux alors qu'il recule dans tous les indicateurs internationaux (compétences des adultes comme des jeunes, compétitivité et attractivité du pays...).

La formation doit sortir de la procrastination et se montrer sincère.

  • Se former, c'est toujours anticiper et se projeter dans l'avenir social et professionnel, il faut donc restaurer la confiance dans le système social.
  • Se former reste un effort autant pour l'entreprise (qui doit organiser la formation de ses travailleurs) que pour les salariés eux-mêmes, qui doivent accepter de se former sur leur temps libre (libéré entre autres par les 35 heures).
  • Se former, ce sera aussi sortir du modèle du tout gratuit qui voudrait que la formation des adultes soit la continuation de l'instruction publique et gratuite (un système totalement gratuit comme celui l'école et devenu insoutenable au-delà de la scolarité obligatoire).

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