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21 / 04 / 2025 | 1500 vues
Eric Peres / Abonné
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Intelligence artificielle: Comment les cadres anticipent les mutations du travail ?

La formation professionnelle continue apparaît désormais comme incontournable aux yeux des cadres français pour s’adapter aux évolutions rapides du monde du travail, notamment face à la généralisation de l'intelligence artificielle (IA). C’est ce que révèle le Baromètre Formation Emploi 2025, mené auprès de 1 621 actifs représentatifs de la population française.

 

Confiance dans l'avenir malgré un contexte d'évolutions accélérées

 

Le contexte professionnel reste marqué par une forte dynamique d'évolution des métiers : 43 % des actifs français jugent que leur métier évolue rapidement, le niveau le plus élevé atteint depuis 2020. Malgré ces mutations, la confiance professionnelle reste majoritaire, à hauteur de 69 %, et particulièrement élevée chez les cadres (81 %). Une grande majorité (85 %) s’attend à ce que son métier continue d’évoluer, même si 70 % anticipent de conserver le même métier à cinq ans, tout en l’exerçant différemment.

 

Changer d'emploi ou se reconvertir, une réflexion fréquente chez les cadres

 

La moitié des actifs envisage aujourd’hui de changer d’emploi, avec 34 % prévoyant ce changement dans les deux prochaines années. Parmi les cadres, ce chiffre grimpe à 59 %. La reconversion professionnelle reste un thème majeur : 47 % des actifs préparent ou envisagent une reconversion. Actuellement, 18 % des actifs sont en reconversion effective, les plus jeunes et les personnes sans emploi étant particulièrement concernés par cette démarche.

 

La formation, une responsabilité personnelle mais un besoin d’accompagnement persistant

 

La responsabilité individuelle demeure prédominante pour 74 % des actifs, même si un quart d'entre eux attend davantage d'implication de la part des pouvoirs publics et des entreprises. Globalement, 69 % des répondants considèrent être suffisamment acteurs de leur formation continue, une proportion encore plus forte parmi les cadres (79 %). Cependant, une demande importante d’accompagnement persiste : 62 % des actifs en reconversion ou envisageant une reconversion expriment ce besoin.

 

Information sur la formation : encore des progrès à accomplir

 

Seuls 53 % des actifs s'estiment correctement informés sur la formation professionnelle continue. Les cadres et les diplômés du supérieur soulignent particulièrement un déficit d’information concernant les lieux d’orientation et les organismes de proximité. Les moteurs de recherche (38 %) et les sites spécialisés (27 %) restent les principaux canaux d’information.

 

L’IA : une opportunité perçue mais une maîtrise perfectible

 

L'intelligence artificielle apparaît comme un enjeu incontournable, connu par 97 % des actifs. Dans le milieu professionnel, 53 % utilisent l’IA régulièrement, notamment les cadres (71 %). Les usages privilégiés concernent principalement la recherche d’information (46 %) et l’aide à la rédaction (43 %). Toutefois, la familiarisation avec ces outils demeure inégale : seuls 64 % des actifs se sentent à l'aise avec les technologies type ChatGPT, et près de 41 % estiment manquer d’informations sur ces technologies.

 

Une demande croissante de formations spécifiques à l’IA

 

L’intégration croissante de l’IA dans les pratiques professionnelles génère un besoin notable de formations adaptées. Parmi les utilisateurs professionnels de l’IA, 72 % expriment le besoin de formations complémentaires, que ce soit pour apprendre à choisir les outils adéquats (52 %), automatiser des tâches répétitives (46 %) ou évaluer la fiabilité des informations générées par l’IA (45 %). Actuellement, seulement 38 % des utilisateurs professionnels de l’IA ont suivi une formation spécifique.

 

Lien vers le baromètre : urlr.me/X3mc5x 

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Reconversion des cadres diplômés des grandes écoles

Diversité des parcours et réalités éloignées des clichés

 

 

Ces dernières années, les trajectoires de reconversion des cadres diplômés des grandes écoles fascinent. Des récits de traders devenus boulangers ou d’ingénieures converties à la naturopathie ont envahi les médias. Mais derrière ces histoires spectaculaires se cache une réalité plus nuancée, que le Centre d’études de l’emploi et du travail (CEET) met en lumière dans une récente publication.

 

Un champ de reconversion plus varié qu’on ne l’imagine

 

La reconversion des cadres est fréquemment associée à des ruptures radicales. Pourtant, l’étude montre que ces transformations s’inscrivent souvent dans des logiques moins spectaculaires qu’il n’y paraît : repositionnement stratégique, quête d’un meilleur équilibre de vie, ou encore recherche d’autonomie. En croisant des données statistiques et une typologie rigoureuse, le CEET identifie quatre grands profils de cadres reconvertis, selon le degré d’éloignement avec leur domaine initial et les motivations à l’œuvre.

 

Quatre grandes figures de reconversion

 

1. Les "cadres d’entreprise", pour qui la reconversion est vécue comme une "opportunité de découverte d’un nouvel univers professionnel" 

 

Ce groupe majoritaire regroupe des ingénieurs et des managers qui, bien qu’ayant changé de fonction ou de secteur, conservent un statut de cadre salarié. Ces reconversions, réalisées principalement dans les premières années de carrière, visent souvent à éviter une impasse professionnelle ou à retrouver de la motivation dans un environnement différent, sans rompre totalement avec leur trajectoire d’origine.

 

2. Les "enseignants et cadres de l’ESS et du secteur public", qui portent l’objectif de "retrouver du sens et un meilleur équilibre vie professionnelle/vie personnelle

 

Le deuxième profil, largement représenté par des femmes, se caractérise par des reconversions vers les secteurs de l’éducation, de l’économie sociale et solidaire ou de la fonction publique. Ces transitions sont souvent accompagnées d’un retour en formation et sont motivées par une volonté de cohérence avec des valeurs personnelles, mais aussi par la recherche d’un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée.

 

3. Les "entrepreneurs", qui cherchent à se "libérer des contraintes" 

 

Ce groupe se distingue par une volonté forte d’indépendance. Les cadres concernés quittent le salariat pour créer leur propre structure dans des domaines variés comme le commerce, le numérique ou l’immobilier. La reconversion ne repose pas nécessairement sur une rupture de compétences, mais plutôt sur un repositionnement entrepreneurial, porté par le désir de reprendre la main sur son activité et ses conditions de travail.

 

4. Les "professionnels du bien-être et de la santé", à la recherche d’une reconversion "pour mieux s’épanouir dans le travail"

 

Dernier profil identifié, celui des cadres qui se reconvertissent vers des métiers du soin, du développement personnel ou de la santé. Ces changements de cap, souvent plus tardifs, s’appuient sur une longue formation et traduisent une recherche de cohérence personnelle. Il s’agit ici de se sentir "à sa place", en exerçant un métier choisi pour sa dimension humaine, parfois en rupture avec le monde de l’entreprise.

 

Des reconversions pas toujours spectaculaires, mais souvent profondes

 

Contrairement aux images véhiculées dans les médias, toutes les reconversions ne sont pas des tournants spectaculaires. Loin d’être des ruptures franches, elles s’apparentent souvent à des déplacements plus ou moins importants dans l’espace professionnel. Certaines maintiennent les codes du monde d’origine (fonction, statut, secteur), d’autres s’en éloignent pour explorer des environnements plus alignés avec les aspirations personnelles.

 

L’étude montre également que la reconversion ne se mesure pas uniquement au changement de métier, mais aussi à la manière dont ce nouveau métier est investi. Le sens donné au travail, la qualité de vie recherchée, les valeurs personnelles ou encore le rapport au collectif sont autant de critères qui structurent ces parcours.

 

Un enjeu de société à mieux accompagner

 

Ces trajectoires interrogent la manière dont les entreprises conçoivent la carrière, la fidélisation et le développement des compétences. Elles rappellent que les cadres, même les plus diplômés, peuvent ressentir une perte de sens, une lassitude ou un besoin de changement. Et que leur reconversion est souvent le résultat d’un cheminement long, mûri, parfois coûteux, mais rarement improvisé.

 

À l’heure où les aspirations professionnelles évoluent et où la flexibilité devient la norme, il est essentiel que les dispositifs d’accompagnement à la reconversion prennent en compte la diversité des motivations, des profils et des temporalités. La reconversion ne devrait pas être perçue comme un échec, mais comme une opportunité de redéfinir son rapport au travail.

 

Lien vers l'étude : https://urlr.me/sca6pw